Accueil > Industrie > H4D placée en liquidation judiciaire H4D placée en liquidation judiciaire Malgré sa présence précoce sur le marché des cabines de télémédecine et la qualité reconnue de ses outils, la société H4D a été, le 26 septembre dernier, placée en liquidation judiciaire. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ses difficultés financières, selon le Dr Pierre Simon, ancien président-fondateur de la Société Française de Télémédecine et cofondateur du think tank “Santé Numérique et Télésanté”. Par Romain Bonfillon. Publié le 04 octobre 2024 à 17h18 - Mis à jour le 04 octobre 2024 à 17h28 Ressources La société H4D, la première à avoir proposé, dès 2008, des cabines de télémédecine, a été placée en liquidation judiciaire le 26 septembre dernier, par décision du Tribunal de commerce de Paris. En cessation de paiement depuis le 25 juin, la société avait été placée en redressement judiciaire le 21 juillet dernier. Depuis le 26 septembre, les 150 télécabines H4D réparties sur le territoire (la société ciblait les collectivités territoriales et les grandes entreprises) ont cessé de fonctionner. Une dette de près de 10 M€, malgré les financements Selon le site Pappers, H4D a réalisé en 2023 un CA de 2,52 M€ et généré des pertes de 8,8 M€. Sa dette financière s’élevait à 9,96 M€. La société H4D avait successivement levé 6,7 M€ en 2016, 12 M€ en 2018 et 15M€ en 2020, auprès notamment de Bpifrance et LBO France. Selon Hélène Charrondière, présidente de Health Analytica, H4D avait tenté de lancer un nouvel appel de fonds en 2023, sans succès. Les hypothèses de l’échec Dr Pierre Simon, ancien président-fondateur de la Société Française de Télémédecine et cofondateur du think tank “Santé Numérique et Télésanté” Pour le Dr Pierre Simon, ancien président-fondateur de la Société Française de Télémédecine et cofondateur du think tank “Santé Numérique et Télésanté”, plusieurs hypothèses peuvent expliquer cet échec. “Après la période Covid, on constate une nette réduction du chiffre d’affaires de la société. Or, les cabines de télémédecine sont potentiellement des lieux de contamination, et il ne faut pas sous-estimer les craintes qu’elles ont pu générer chez les patients. D’autre part, il y a un effet de concurrence. H4D disposait de 150 cabines, là où d’autres sociétés du secteur (citons Tessan, Medadom ou MaQuestionMédicale en ont plusieurs milliers). Nous pouvons aussi nous interroger sur la bonne utilisation de cette cabine de télémédecine, qui est un bijou technologique et était surnommée dans notre écosystème “la Rolls Royce de la télécabine”. Ces machines nécessitent une maintenance et un accompagnement particulier pour être bien utilisées. On peut d’ailleurs s’interroger sur le choix fait de les avoir déployées auprès de collectivités (comme le Conseil départemental de l’Ain, ndlr) et dans des lieux où l’utilisateur se retrouve seul face à la machine. Or, la fonction de ces cabines est de pallier aux déserts médicaux. Elles exigent tout de même d’être à l’aise avec les outils numériques, ce qui est peu adapté aux populations âgées. Les concurrents de H4D ont, eux, fait le choix d’implanter leurs machines en pharmacie, là où des professionnels peuvent assister le patient. Enfin, le nouveau cadre réglementaire qui s’impose aux sociétés de consultation a peut-être créé des difficultés à la société H4D. Dans l’hypothèse où elle n’aurait pas eu l’agrément, les actes ne sont tout simplement plus remboursés par l’Assurance maladie. De mon point de vue, la téléconsultation doit, si elle veut réussir, s’organiser en équipes de soins, qui rassemblent les médecins, les infirmières, les pharmaciens, dans une approche hybride. Les organisations territoriales de télémédecine (OTM) bien implantées dans l’Est de la France, montrent que cela fonctionne. L’approche plus solitaire, qui semble avoir été celle de la société H4D, n’est selon moi plus adaptée aux nouvelles pratiques de la télémédecine”. Romain Bonfillon LicenciementLiquidation judiciaireTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind