Accueil > Parcours de soins > Services aux patients > Comment Wefight s’appuie sur les industriels et les associations de patients pour ses chatbots Comment Wefight s’appuie sur les industriels et les associations de patients pour ses chatbots Créée en 2017, Wefight développe des chatbots pour accompagner les patients atteints de cancer ou de maladies chroniques. La société s'appuie sur les associations de patients et les laboratoires pharmaceutiques pour proposer ces outils en libre accès aux patients. Elle décline ses chatbots nommés Vik pour différentes pathologies et s'attaque depuis 2020 à l'international. mind Health fait le point sur le développement de Wefight et ses perspectives. Par Aurélie Dureuil. Publié le 07 décembre 2020 à 11h02 - Mis à jour le 05 janvier 2021 à 18h47 Ressources La genèse “Donner le pouvoir au patient sur sa maladie, lui donner les clés pour qu’il sache gérer sa maladie et quoi faire face à une problématique”, telle est l’ambition de Benoît Brouard, CEO et cofondateur de Wefight. Son intérêt pour les sujets autour de l’éducation thérapeutique combiné à sa volonté d’entreprendre l’a amené à réfléchir à une solution pour l’information des patients, “pour leur fournir un accès très facile à de l’information vulgarisée”, détaille le dirigeant. Il s’intéresse alors à la technologie des chatbots. Après la création d’une version POC (Proof of concept) début 2017, la rencontre de Benoît Brouard, avec une expérience du secteur de la santé, avec Pierre Nectoux, CTO et cofondateur de Wefight, au profil plus technique a permis la création de la société en février 2017. Wefight développe des chatbots Vik pour répondre aux questions des patients. Benoît Brouard révèle l’origine du nom du chatbot : “Nous voulions un nom asexué, qui ne fasse pas référence à un humain ou un animal et qui soit compréhensible en anglais. Vik fait référence à victoires ou victories”. Les fondateurs, les dirigeants et les effectifs Après des études de pharmacie, Benoît Brouard a exercé à l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) pendant quatre ans (2010 à 2014). En 2012, il crée Appphone autour du développement d’applications mobiles en santé. “J’ai toujours été passionné par le numérique et son impact sur la santé. Ma thèse de pharmacie portait sur : comment le numérique peut impacter les patients atteints de maladies chroniques et les patients atteints de cancer”, confie-t-il. En 2014, il intègre Withings en tant que chef de produits, “avec un rôle assez transversal qui m’a permis de travailler avec toutes les équipes de l’entreprise”, se remémore Benoît Brouard. Au bout de deux ans, il quitte la société avec l’idée de créer son entreprise autour de la thématique de l’éducation thérapeutique. À la recherche d’un associé avec un profil technique, il rencontre alors Pierre Nectoux, diplômé de Centrale Paris et avec une expérience de consultant en cybersécurité chez Wavestone en France entre 2015 et 2016 puis chez ServiceNow à San Diego. “Pierre était en dernière année à Centrale dans la filière entrepreneur. Les six derniers mois de l’année, les étudiants doivent créer une entreprise ou rejoindre une entreprise en tant qu’associé”, témoigne Benoît Brouard. Aujourd’hui, la société compte une équipe de 30 personnes, basées entre Paris et Montpellier. “Les équipes R&D et produits sont installées au sein de l’incubateur Cap Omega de Montpellier et les équipes marketing et commercial sont au sein de l’incubateur de l’ICM à Station F (iPEPS, ndlr)”, détaille le CEO. La technologie Wefight développe des “compagnons virtuels pour les patients atteints de cancers et maladies chroniques”, définit Julien Moussalli, responsable Business development. Il précise que l’interface conversationnelle est “alimentée par une intelligence artificielle capable de répondre à l’ensemble des questions des patients en temps réel”. Ces chatbots sont disponibles sur Messenger, l’AppStore et GooglePlay. Benoît Brouard distingue deux aspects technologiques. D’abord la plateforme développée par Wefight et qui permet ensuite de décliner les chatbot en fonction des maladies. “Nos développeurs et datascientist travaillent sur cette plateforme qui est un socle commun”, indique-t-il. Avant d’ajouter : “Elle permet à nos chefs de produits scientifiques de créer des Vik sans passer l’équipe de développement”. Un autre enjeu technologique concerne la compréhension du langage. Wefight développe des algorithmes pour “permettre à Vik d’extraire un sens aux questions posées en champ libre par les patients”, détaille le CEO. Il précise qu’une version d’algorithme est développée par Vik et par langue. En termes de compliance, le dirigeant indique que “l’ensemble des données est stocké sur des serveurs certifiés Hébergement de données de santé, en France pour la version européenne et au Canada pour la version canadienne”, auprès de Microsoft Azure. À la question des réglementations qui s’appliquent, Benoît Brouard cite le règlement général sur la protection des données (RGPD) et l’hébergement des données de santé. Les chatbots Vik n’étant pas dispositif médical. “Nous faisons extrêmement attention aux contenus et conseils que Vik donne. Nous ne sommes pas une thérapie digitale, ni un dispositif médical. Vik ne va pas faire de recommandations ni interpréter les données. Vik délivre de l’information sans jugement”, précise-t-il. Pour le développement de chaque Vik, la société s’appuie sur des associations de patients pour identifier les besoins. Elle travaille ensuite avec des médecins experts afin de déterminer “les principales thématiques que Vik doit aborder”. Ensuite les chefs de produits de Wefight rédigent les réponses qui seront fournies par le chatbot. Benoît Brouard souligne qu’ “il faut environ 6 mois pour lancer une première version de Vik. On entre ensuite dans un travail d’amélioration”. Les étapes de son développement Après avoir intégré le programme d’open résidence de La Paillasse en septembre 2016, un premier POC du chatbot est réalisé en janvier 2017. En mars 2017, la rencontre avec Laure Gueroult-Accolas, fondatrice et directrice générale de l’association Patients en réseau, oriente les développements vers l’oncologie. “Nous avons développé une version de Vik dans le cancer du sein qui malheureusement touche beaucoup de femmes. De nouvelles thérapies arrivent, certains cancers deviennent chroniques avec des besoins sur le long terme”, indique Benoît Brouard. La première version de Vik est lancée pour Octobre Rose en 2017. La société développe ensuite des partenariats avec des associations de patients et des laboratoires pharmaceutiques pour accompagner le lancement de nouveaux Vik, comme Vik Asthme avec AstraZeneca. Le CEO identifie une deuxième étape importante avec la levée de fonds en 2019 qui a permis de “passer à une étape au-dessus et faire grandir l’équipe”. 2020 constitue une nouvelle étape avec “le lancement de plusieurs Vik à l’international, tout en étant confinés”, signale Benoît Brouard. Il cite de lancement de Vik Asthme en France, Allemagne, Italie, Espagne et Canada et Vik Dermatite atopique en France et en Allemagne. Il indique en novembre 2020 avoir dépassé les 250 000 utilisateurs. La société travaille actuellement sur de nouvelles versions de Vik notamment en hématologie. En octobre 2020, Wefight a également lancé Vik PROM (patient reported outcome measurements) qui a “vocation de collecter des informations dans le cadre des essais cliniques”, précise Benoît Brouard. La société a par ailleurs signé à l’été 2020 un partenariat avec l’AP-HP pour une étude multicentrique d’un an pour laquelle le recrutement des patients a démarré en octobre. Les différents vik (avec les partenaires industriels et associations) Vik Sein – Pfizer – association Patients en Réseau – octobre 2017Vik Asthme – AstraZeneca – Association Asthme et Allergies – France, Allemagne, Italie, Espagne et CanadaVik Migraine – Novartis – 2019Vik Sexo – 2019Vik Dépression – Janssen – partenariat avec le Pr Fossati (Pitié Salpêtrière – AP-HP) – septembre 2019Vik Dermatite atopique – Sanofi – France et AllemagneVik Ovaire – GSK – Association Imagyn – 2020Vik Myélome Multiple – AF3M – Janssen – septembre 2020Vik Poumon – AstraZeneca – Association Patients en RéseauxVik PROM – Collaboration avec l’AP-HP – octobre 2020Vik Prostate – Astellas – lancement prévu fin 2020 Le business model “La solution est proposée gratuitement et est ouverte à tous (patients, aidants, professionnels de santé…). Il n’y a pas besoin de passer par un médecin”, indique Benoît Brouard. La société travaille avec les associations de patients partenaires pour faire connaître chaque solution. “Idéalement nous avons un partenariat avec une association de patients par Vik. Cela nous permet de faire des focus groupe pour comprendre les besoins des patients, les inquiétudes rencontrées pendant leur maladie et intégrer tout ce savoir dans Vik”, détaille le CEO. Il précise que les associations de patients sont impliquées ensuite dans la communication. Pour le financement de chaque déclinaison de Vik, Wefight s’appuie sur l’industrie pharmaceutique. La société propose “une licence pour mettre une version de Vik sur le marché avec une exclusivité communication”, confie le dirigeant de Wefight qui précise : “Le Vik va parler de toutes les molécules liées à la pathologie. Nous ne faisons pas de solution compagnon à un traitement”. La propriété intellectuelle Le technologie de chatbot repose sur des algorithmes, notamment de compréhension du langage, pour lesquels il n’y a “pas vraiment de brevet”, confirme Benoît Brouard. Avant d’ajouter : “c’est du savoir-faire”. Pour la plateforme, le dirigeant indique que les développements se font en continu, “en fonction de nos besoins, de ceux de nos clients, de ceux des patients”. Les financements Depuis sa création, la start-up a bénéficié des soutiens de l’ICM puis de Cap Omega pour leurs dispositifs d’incubation. La société a également été soutenue par EIT Health, notamment en faisant partie des 15 start-up du programme Bridgeheald Europe 2020. Wefight a réalisé une première levée de fonds en juillet 2019. D’un montant de 1,8 M€, ce tour de table a été mené auprès Investir&+ et des réseaux Angels Santé, BADGE et MELIES Business Angels. “Nous avons identifié Wefight en 2018 quand nous commençions à nous intéresser au secteur de la santé et à des projets qui soignent de manière lus humaine, font de l’accompagnement… Ce qui nous a séduit, c’est que l’outil est accessible au plus grand nombre. Il est ludique, simple d’utilisation et il apporte de vraies réponses aux patients.”, se remémore Mari Kameyama, Impact VC d’Investir&+. Elle précise que le fonds à impact a investi 500 000 euros au tour de table de 2019 et fournit un accompagnement grâce à une membre de son réseau, médecin de formation et ayant exercé dans l’industrie pharmaceutique. La star-up prépare actuellement une deuxième levée de fonds, pour “soutenir et accélérer notre développement à l’international”, confie Benoît Brouard. L’opération pourrait être bouclée début 2021. Wefight ne communique pas son chiffre d’affaires. Les partenaires Sur son site Internet, Wefight liste un certain nombre de partenaires du côté des industriels du médicaments : AstraZeneca, Astellas, GSK, Novartis, Pfizer, Janssen et Sanofi. Des partenariats dédiés au financement de ses chatbots. Wefight a par ailleurs signé début 2020 un partenariat avec Clinerion, qui intervient pour accélérer le recrutement des patients dans les essais cliniques. La start-up française intègre ainsi le réseau de l’entreprise suisse et propose aux utilisateurs de Vik d’obtenir des informations sur les essais cliniques. Le marché Avec ses chatbots, Wefight se positionne sur le marché de l’accompagnement patient. Au niveau international, les études de marché tablent sur une croissance annuelle moyenne de 14,5 % entre 2019 et 2026 pour Research And Markets et de plus de 26 % entre 2019 et 2029 pour BIS Research. Ces cabinets estiment ainsi que le marché des chatbots en santé pourrait atteindre respectivement plus de 345 M$ en 2026 et près de 500 M$ en 2029. Pour BIS Research dans son étude publiée en septembre 2019, cette croissance repose sur “une meilleure pénétration du marché des appareils intelligents et l’amélioration de la connectivité Internet, le besoin d’optimisation des coûts et d’amélioration de l’expérience client ainsi que les progrès de la NLP et de la reconnaissance vocale”. Les deux principales applications devraient être “l’administration des soins et le triage”, comprenant des applications de planification et de rappel de rendez-vous pour le premier point et la réponse aux questions des patients pour le second. Des tendances confirmées par l’étude de Research And Markets publiée en février 2020. FICHE D’IDENTITÉ (Décembre 2020) Création : février 2017Dirigeants : Benoît Brouard, CEO et cofondateur et Pierre Nectoux, CTO et cofondateurLevées de fonds : 1,8 M€Effectifs : 30 personnesProduits : chatbots VikChiffre d’affaires : NCLocalisation : Montpellier et ParisSIREN : 827 791 880Capital social : 14 572 euros Aurélie Dureuil chatbotObservanceoncologieParcours de soinsstart-upStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Mettre en place un chatbot en sept points Nabila Gadiri-Bernard (AstraZeneca) : "Nous avons lancé cette année des projets clés, transverses à toute l’équipe et à toute l’entreprise" Novartis installera son 2e Biome en France Wefight boucle un premier tour de table à 1,8 M€ WeFight intègre le réseau Clinerion pour proposer des informations sur les essais cliniques Alexis Génin (Institut du cerveau) : “Nous inaugurerons notre troisième site d’incubation en novembre” Sur les 15 start-up retenues par EIT Health pour se développer en Europe, 8 françaises dont 4 sur la e-santé 235 industriels signent la charte ministérielle "Engagé pour la e-santé"