Accueil > Financement et politiques publiques > Panorama France HealthTech : la filière reste dynamique malgré un contexte économique compliqué Panorama France HealthTech : la filière reste dynamique malgré un contexte économique compliqué France Biotech a présenté le 12 février 2025 son panorama annuel du secteur de la healthtech en France. Si structurellement la filière affiche une bonne santé, avec une capacité d’innovation importante, son talon d’Achille reste le financement privé, d’autant plus visible dans la période actuelle, marquée par les incertitudes. Par Romain Bonfillon. Publié le 12 février 2025 à 18h15 - Mis à jour le 21 février 2025 à 15h36 Ressources Selon les chiffres dévoilés le 12 février par France Biotech, la filière de la healthtech affiche un bon dynamisme, en témoigne la hausse des dépenses de R&D du secteur (1,4 milliard d’euros en 2023, soit une hausse de 10 % par rapport à 2022) et l’augmentation de son chiffre d’affaires (1,7 milliard d’euros en 2023, soit +21 % par rapport à 2022). Pour Frédéric Girard, président de France Biotech, “les chiffres sont rassurants” même si la croissance entre 2023 et 2024 des montants levés est en grande partie due reste à une seule opération : le refinancement de la biotech cotée Sartrorius qui a levé 1, 2 Md€ en février 2024. Le financement, un bilan contrasté et un sujet de préoccupation pour les entrepreneurs Cedric Garcia, associé chez EY coordinateur de la commission Corporate finance pour France Biotech relève qu’en 2024, “le financement global de la healthtech est comparable à 2018”. Après une explosion en 2020 et 2021, puis une chute en 2022 et 2023, l’année 2024 a en effet été marquée par un retour significatif de la croissance, si l’on considère les montants levés, au travers du capital-risque et des introductions en bourse. Cette croissance est assez homogène entre l’Europe et les États-Unis (+58% au global) même si les causes qui l’expliquent sont différentes. Le capital-risque se porte très bien aux Etats-Unis (25 Mds € en 2024, le record de 2021 a été battu, avec une augmentation du nombre d’opérations de 10% mais surtout une augmentation en valeur de 58% : le ticket moyen est ainsi passé de 36 M$ à 53 M$) et une croissance modérée des IPOs. En Europe (le groupe étudié par EY comprend 7 pays : l’Allemagne, la Belgique, la France, les Pays-Bas le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse) la hausse des financements de la healthtech (+26% entre 2023 et 2024 pour atteindre 12,2 Mds €) est principalement portée par le capital-risque (il y a eu seulement 10 introductions en bourse en 2024, pour une valeur cumulée de moins de 200 M€). À noter que la situation est très contrastée au sein de l’Europe avec des pays qui arrivent à beaucoup financer, comme l’Angleterre, la Suisse et l’Allemagne et des pays en retrait, notamment la Belgique et la France. Ainsi, même si la France a levé 2,6 Mds € en 2024, (+50% par rapport à 2023) son financement en capital-risque est en baisse de 8%, alors que ces financements sont en hausse de 60% en Europe. “Il y a un décrochage très significatif de la France, qui n’est d’ailleurs pas spécifique au secteur de la santé”, précise Cédric Garcia. Pour l’essentiel, le financement de la healthtech s’est donc fait grâce au refinancement des sociétés cotées, puisqu’il n’y a pas eu d’opération d’introduction en bourse en France en 2024. La faiblesse des montants levés au travers du capital-risque en France s’explique en grande partie par le contexte politique particulier de ces derniers mois. “Le contexte politique et économique n’est pas serein”, reconnaît Frédéric Girard, mettant en exergue le chiffre de 68% des entreprises qui se disent directement affectées par ce contexte (+8 points par rapport à 2023). À noter que le financement reste la première préoccupation des entrepreneurs, avec 50 % des sociétés anticipant des difficultés de refinancement, une crainte particulièrement présente chez les biotech (63 %). “L’augmentation des prix des prestataires, des matières premières, et la baisse des budgets des clients constituent également des freins au développement selon les entreprises”, note le rapport de France Biotech. Avec des conséquences sur le niveau de trésorerie des entreprises : en fin d’année 2024, 39 % des sociétés de la healthtech faisaient encore face à des problèmes de trésorerie, un niveau équivalent à celui de l’année précédente. L’emploi dans la filière healthtech : une reprise en vue Si 68 % des entreprises de la healthtech ont recruté en 2024 (-7 points par rapport à 2023), elles ont également été plus nombreuses à procéder à des licenciements (14 % contre 11 % en 2023) ou à reporter leurs recrutements. En 2025, 83% des entreprises comptent recruter. Selon France Biotech, les perspectives pour 2025 restent cependant positives avec 2 000 recrutements prévus, majoritairement pour les fonctions de R&D, de production et de commercialisation. “En medtech, 50 % des produits sont déjà commercialisés ou en cours d’enregistrement, mais les nouvelles exigences du règlement européen MDR ralentissent leur progression”, note également l’organisation professionnelle. La healthtech française en quelques chiffres 2700 entreprises, en biotechnologies, dispositifs médicaux (medtech) et santé numérique/IA. 75 600 emplois en France. 77 % des entreprises du secteur ont recruté en 2024, principalement dans les fonctions réglementaires ou en R&D. Chiffre d’affaires d’1,7 milliard d’euros en 2023 (+21 % par rapport à 2022). Nombre de défaillances d’entreprises enregistrées en 2024 (44 sur 88 créées en 2024), contre 39 l’année précédente. Romain Bonfillon EtudeHealthTechLevée de fondsMarchéOrganisations professionnelles Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind