Accueil > Financement et politiques publiques > Okeiro lève 10 M€ pour se déployer aux États-Unis Okeiro lève 10 M€ pour se déployer aux États-Unis Okeiro, anciennement Predict4health, a annoncé le 10 avril une levée de fonds de 10 millions d’euros. La start-up, créée en 2023, a développé une plateforme d’aide à la décision clinique pour prévenir les défaillances d’organes. Elle propose également ses services aux laboratoires pharmaceutiques dans le cadre de leurs études cliniques. Pierrick Arnal, PDG et cofondateur d'Okeiro, a détaillé à mind Health les ambitions de l’entreprise en matière de R&D et d’implantation. Par Coralie Baumard. Publié le 10 avril 2025 à 17h52 - Mis à jour le 15 avril 2025 à 14h03 Ressources Okeiro, anciennement Predict4health, a annoncé le 10 avril une levée de fonds de 10 millions d’euros. Ce tour de financement a été mené par Alven, Red River West et Forepont Capital Partners. La technologie d’Okeiro s’appuie sur les travaux du Paris Transplant Group (Inserm, Université Paris Cité, APHP), dirigé par le professeur Alexandre Loupy, également cofondateur de la société. Ces travaux menés sur une dizaine d’années ont permis le développement d’IBox, un algorithme d’intelligence artificielle permettant d’anticiper les complications après une greffe de rein et de prédire le rejet de la greffe. Lors de sa phase de validation clinique, l’algorithme a été confronté à plus de 34 000 cas de patients transplantés. L’entreprise a conservé des liens forts avec l’Institut, elle a signé avec Inserm Transfert un accord de licence lui permettant d’utiliser les données, ayant permis la qualification de l’algorithme, pour entraîner ses modèles. L’Inserm est également actionnaire minoritaire d’Okeiro. Un outil d’aide à la décision pour suivre les patients transplantés Okeiro,créée en 2023, a développé une plateforme dans laquelle est intégrée iBox. Cette plateforme, disposant d’un marquage CE MDR de classe IIa, est remboursée sur la ligne générique de la télésurveillance pour l’insuffisance rénale et l’insuffisance cardiaque. La solution cible les patients à un stade avancé de la maladie (stade 4 ou 5), suivis dans des centres hospitaliers. Pierrick Arnal, PDG et cofondateur d’Okeiro. “Notre plateforme permet aux médecins d’avoir une vision d’ensemble des différents paramètres cliniques, biologiques de leurs patients, que ceux-ci soient transplantés ou en attente de greffe, afin d’avoir un suivi de bonne qualité. iBox est un outil d’aide à la décision pour le médecin qui lui permet également de déterminer le bon dosage concernant les immunodépresseurs. L’objectif est de réduire les hospitalisations et les durées d’hospitalisation, quand cette dernière est nécessaire. L’idée est de passer d’un soin épisodique à un soin en continu grâce au monitorage du patient ”, indique Pierrick Arnal, PDG et cofondateur d’Okeiro. Les greffes rénales représentent la part la plus importante des transplantations d’organes, selon l’Agence de la biomédecine, 3757 greffes ont été réalisées sur des patients français en 2024. Selon l’OMS, environ 674 millions de personnes vivent avec une maladie rénalechronique, soit 9 % de la population mondiale. Pour l’Organisation, la transplantation rénale est la thérapie de remplacement rénale à privilégier. La solution est aujourd’hui déployée dans 10 centres en France ainsi que dans 16 centres en Europe (dont 5 centres au Royaume-Uni, 3 en Allemagne, 2 en Espagne, 1 en Autriche et un Israël) dans le cadre d’une étude clinique randomisée prospective menée sur 507 patients durant 18 mois. “L’étude va prendre fin prochainement. Les premiers résultats sont positifs, indique le PDG d’Okeiro. Elle compare un bras correspondant au soin courant à un bras où le médecin utilise notre plateforme pour monitorer ses patients. Dans ce cas, son diagnostic est plus adapté à la situation et il anticipe mieux les événements. Quand il décide de faire une biopsie, celle-ci est réalisée au bon moment. Dans trois cas sur quatre, un changement thérapeutique va être mis en place après cette biopsie. C’est le critère principal d’évaluation de l’étude et il présente un bon indicateur qu’un problème a été détecté, dans le soin courant, seule une biopsie sur quatre entraîne un changement thérapeutique.” L’entreprise mise sur cet essai clinique pour obtenir un obtenir une inscription sur la LATM et des tarifs de remboursement plus élevés en démontrant des impacts sur les comorbidités et, potentiellement, sur la mortalité. “Nous avons également intégré de nouveaux biomarqueurs dans la plateforme, comme la biopsie liquide. Nous venons doser l’ADN circulant du donneur dans le sang du receveur. Plus il y a de cellules, plus le greffon va se dégrader et larguer des cellules dans le sang. C’est un indicateur du fait que le greffon s’abîme”, détaille Pierrick Arnal. La société implémente également de nouveaux modules afin que les informations disponibles pour le médecin s’accompagnent de recommandations thérapeutiques et médicamenteuses. Des services dédiés à l’industrie pharmaceutique Okeiro dédie également une partie de son activité aux laboratoires pharmaceutiques. Les revenus sont aujourd’hui égaux sur les deux activités. L’an dernier, l’entreprise a réalisé 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. En décembre 2022, l’entreprise a obtenu de l’Agence européenne des médicaments la qualification de biomarqueur de substitution (surrogate endpoint) pour son algorithme. En novembre 2024, elle a obtenu celle de la FDA. Cette qualification permet à Okeiro d’aider les laboratoires à réduire le temps de validation de leurs nouveaux médicaments, notamment les immunosuppresseurs. “Aujourd’hui,lorsque l’on fait une étude sur des patients transplantés, la durée de suivi va s’échelonner de cinq à huit ans, le temps que le patient perde son greffon ou décède. Ces deux critères de jugement sont les plus demandés par les autorités. Cette durée maximale ne laissait pas assez de temps aux laboratoires pour exploiter le brevet et entraînait donc un manque d’innovation, explique Pierrick Arnal.” Si l’étude clinique sur les patients transplantés a toujours lieu, Okeiro permet à l’entreprise pharmaceutique d’obtenir une prédiction facilitant le lancement de sa thérapie. “Un an après la greffe, grâce aux données biologiques, aux paramètres immunologiques et histologiques de la biopsie, nous pouvons prédire avec notre algorithme la probabilité de survie du greffon à cinq ans. Cette donnée est utilisée par le laboratoire pour obtenir une approbation conditionnelle de son traitement par le régulateur et, ainsi, pouvoir le distribuer avant que l’étude ne prenne fin”, indique le PDG d’Okeiro. La start-up propose également aux acteurs de l’industrie de les aider à améliorer le design de l’étude et à sélectionner les bons traitements pour les bons patients. “Grâce aux données rétrospectives dont nous disposons, nous pouvons établir des probabilités de succès. Nous créons également des jumeaux numériques de patients pour comparer l’efficacité du médicament sur différents critères : la fonction rénale, la survie du greffon ou des paramètres cliniques et biologiques”, précise le PDG d’Okeiro. L’entreprise a, notamment, signé des partenariats avec Chiesi et BMS. Un lancement sur le marché américain La levée de fonds va permettre à l’entreprise de financer sa R&D. Si Okeiro possède aujourd’hui un modèle de prédiction dédié au rein, la startup entend en développer de nouveaux sur d’autres organes comme le foie, le cœur, le poumon. Ce tour de table va également lui permettre d’accélérer son déploiement. “Nous visons une implantation dans 30 centres d’ici la fin de l’année. L’objectif est d’accroître l’activité sur la partie transplantation, mais aussi sur la maladie rénale chronique avancée. Nous travaillons avec des centres de dialyse privés et publics sur cette partie et notre but est d’étendre encore l’accessibilité de la solution à ces différents partenaires en France”, annonce Pierrick Arnal. Okeiro compte également miser sur les centres ayant participé à son étude clinique pour se développer en Europe. “Nous sommes présents dans de grands centres comme Oxford, le King’s College ou la Charité à Berlin. Nous espérons les convertir d’ici la fin de l’année, reste une difficulté : le fait qu’en Europe, le remboursement est géré pays par pays’, souligne le PDG d’Okeiro. Autre marché ciblé : les États-Unis. “Nous visons un déploiement à partir du troisième trimestre 2025. Notre algorithme est déjà qualifié par la FDA et nous travaillons sur la clearance de la plateforme logicielle d’ici la fin de l’année”, indique Pierrick Arnal. L’entreprise a cependant choisi d’attaquer le marché en créant une structure dédiée aux soins. Un moyen de se prémunir des éventuels retards pour obtenir une approbation de la FDA après les coupes budgétaires et les licenciements annoncés. ”Nous avons choisi de nous lancer en proposant un service médical et infirmier qui s’appuiera sur nos outils technologiques et permettra de suivre les patients de centres partenaires. Cela nous permet d’obtenir un remboursement basé sur les bénéfices que nous apportons. Nous prévoyons de réaliser 30 recrutements en 2026 aux États-Unis”, conclut Pierrick Arnal. Coralie Baumard AlgorithmesFonds d'investissementIntelligence ArtificielleLevée de fondsTélésurveillanceusa Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind