Accueil > Financement et politiques publiques > Les start-up françaises de la e-santé ont levé 102 millions d’euros au premier trimestre 2025 Les start-up françaises de la e-santé ont levé 102 millions d’euros au premier trimestre 2025 Dix start-up françaises de la e-santé ont levé des fonds au cours du trimestre écoulé, pour un montant total de 102 millions d'euros. mind Health en détaille la dynamique dans son baromètre. Nous avons également interrogé Bioptimus et Robeauté, les entreprises ayant réalisé les levées les plus importantes, afin qu’elles évoquent leurs objectifs. Par Coralie Baumard et Rudy Degardin. Publié le 15 avril 2025 à 23h01 - Mis à jour le 07 juillet 2025 à 10h41 Ressources Avec 39,5 millions d’euros levés en janvier auprès, notamment, de Cathay Innovation et Sofinnova, Bioptimus compte pour 39 % du total des fonds levés par les start-up françaises de la e-santé au premier trimestre 2025. Après tout juste un an d’existence, la start-up dédiée aux modèles de fondation en biologie souhaite avec cette levée faire notamment “évoluer sa plateforme d’IA multimodale”. Avec ces deux tours, Bioptimus totalise 71,5 millions d’euros levés. Robeauté (développement de microrobots pour la neurochirurgie) et Reev (assistance robotique à la mobilité) complètent le podium, avec respectivement 27 et 8,8 millions d’euros levés. [Data] La liste des levées de fonds des start-up de l’e-santé Bioptimus, une nouvelle levée pour développer une IA multiéchelle et multimodale Pour David Cahané, cofondateur et directeur général de Bioptimus, la réussite de ce second tour de table résulte des actions entreprises par la start-up durant sa première année d’existence. “Nous avons sorti un premier modèle en juillet, il est devenu l’un des modèles de référence en IA pour l’histologie. Nous avons également réussi à structurer une équipe d’une quinzaine de personnes venant des meilleurs laboratoires européens, indique-t-il à mind Health. Ces premiers jalons, combinés à notre vision, nous ont permis de maintenir la confiance de nos investisseurs historiques et d’en convaincre de nouveaux, assurant ainsi la réussite de ce deuxième tour de table.” Andera Partners et Hitachi, notamment, font partie des nouveaux investisseurs du tour mené par Cathay Innovation. L’entreprise a sorti en mars son premier modèle commercial, H-optimus-1, une version améliorée de H-optimus-0, son modèle sorti en open source en juillet dernier. “Si H-optimus-0 a été entraîné sur près de 600 000 données patients, H-optimus-1 l’a été sur le double. Il offre également des performances à l’état de l’art sur de nombreuses tâches associées à la recherche ou au diagnostic sur les images histologiques”, détaille David Cahané. Après ces premiers développements centrés sur l’histologie, Bioptimus cherche à faire évoluer ses modèles. “Notre mission est désormais de développer une IA multiéchelle et multimodale. Elle sera capable d’intégrer tout le contexte biologique d’un patient, à un niveau microscopique avec son profil moléculaire, génomique, transcriptomique, protéomique, par exemple, ainsi qu’au niveau macroscopique avec les données cliniques du patient dans leur ensemble. En pratique, cela signifie des investissements afin d’avoir accès à des données de plus en plus diversifiées en termes de provenance géographique, de modalités et de pathologies.” L’entreprise a déjà noué des partenariats avec des laboratoires ainsi que des centres américains et européens. Ces partenariats sont confidentiels. Afin “de ne pas créer un modèle centré sur la biologie européenne ou américaine”, elle a aussi entamé des discussions avec des acteurs présents en Afrique, en Inde ou en Océanie. Les partenariats constituent un axe fort de la stratégie de la start-up. “Nous discutons avec énormément de futurs partenaires potentiels, intéressés pour nous aider à façonner le modèle ou l’utiliser. Nous allons donc flécher nos investissements en 2025-2026 sur le développement de notre IA biologique multimodale et les partenariats permettant de le nourrir”, souligne le directeur général de Bioptimus. La start-up cible des partenaires sur l’ensemble de la chaîne de valeur : des hôpitaux, des entreprises de séquençage générant des données biologiques ou d’imagerie, des plateformes de données, des entreprises pharmaceutiques ou spécialisées sur le diagnostic ainsi que des biotech. Grâce à cette levée, la société souhaite également renforcer rapidement ses équipes tant sur le volet recherche que sur ceux de la gestion des partenariats et de l’acquisition des données. L’équipe est aujourd’hui composée d’une vingtaine de personnes. Robeauté : lever grâce aux fonds deeptech Pour les entreprises medtech, il est plus difficile de lever des fonds comme en témoigne Joana Cartocci, cofondatrice et COO de Robeauté, d’autant plus que les conditions se sont durcies en raison du contexte géopolitique. “Avant la guerre en Ukraine, on pouvait envisager de lever en s’appuyant sur des données animales. Le système économique a changé, d’un jour à l’autre, le nouveau jalon est devenu les essais chez l’homme, analyse-t-elle. Le niveau de risque sur lequel les VC acceptaient de s’engager, même en amorçage, s’est décalé. Il est devenu beaucoup plus complexe de lever pour les entreprises, en particulier celles ayant un développement long et intégrant du hardware.” Après avoir réussi à lever 4,5 millions d’euros auprès de business angels, l’entreprise a décidé en 2024 de se lancer dans une levée de fonds. Le processus a été concomitant à l’obtention d’un investissement stratégique de 1 million d’euros de Brainlab. “Cet investissement vient appuyer un objectif de codéveloppement de logiciels. Dans les blocs opératoires des établissements prestigieux américains et européens, Brainlab est l’expert incontesté de l’imagerie et de la planification chirurgicale appliquées au cerveau. Cette collaboration, nous permet de rajouter la brique visualisation, segmentation et planification chirurgicale à notre solution. Grâce à notre microrobot capable de se mouvoir en 3D, ils peuvent imaginer des trajectoires courbes et les intégrer à leurs logiciels, ce qui est impossible à faire aujourd’hui avec les outils neurochirurgicaux disponibles au bloc”, explique Joana Cartocci. En parallèle, accompagnée par la banque d’investissement Brian, Garnier & Co, Robeauté commence à échanger avec d’autres investisseurs. “Nous avons rencontré des VC deeptech, qui avaient déjà investi en santé. C’est une catégorie de VC assez particulière capable de s’engager sur le long terme et de faire des paris un peu fous comme investir dans la fusion nucléaire (Plural, qui a mené le tour avec 10 millions d’euros, a investi dans la start-up allemande Proxima Fusion, ndlr). Aujourd’hui 1,5 milliard de personnes sont atteintes de maladies neurologiques et ce chiffre ne va faire qu’augmenter. Nous créons une nouvelle manière d’interagir avec le cerveau, nous définissons une nouvelle catégorie d’outils. Nous avons réussi à réunir des investisseurs capables de comprendre cette approche et de soutenir l’innovation”, souligne la cofondatrice et COO de Robeauté. L’entreprise, qui visait 20 millions d’euros, a finalement clôturé un tour de 27 millions qui va lui permettre de lancer son étude clinique d’ici la fin de l’année 2026 ou le début de l’année 2027. En mars, Robeauté a également été sélectionnée par l’European Council Innovation pour rejoindre son Accelerator. “Cela nous permet de nous projeter sur une étude multicentrique impliquant des centres aux États-Unis et en Europe. Nous avons reçu 2,5 millions d’aide de l’EIC et ce dernier s’engagera sur notre futur tour de table avec 5 millions d’euros en equity”, précise Joana Cartocci. Robeauté envisage de mener son prochain tour de financement aux États-Unis, raison pour laquelle la participation lors de ce tour de Kindred Ventures, une société d’investissement en capital-risque basée à San Francisco, était si importante. “C’est la première fois que nous intégrons des investisseurs américains, nous tenions à les impliquer car ils connaissent très bien l’écosystème. Il nous semblait intéressant d’avoir des alliés sur le sol américain dès ce tour”, indique Joana Cartocci. La start-up, qui compte aujourd’hui 25 personnes, souhaite recruter cinq personnes d’ici la fin de l’année. Elle vise une commercialisation de ses microrobots en 2029 ou 2030 et espère mener en parallèle l’approbation de la FDA et l’obtention du marquage CE. Un nombre de levées divisé par deux par rapport à 2024 Au total, dix entreprises du secteur ont levé des fonds au cours des trois mois écoulés, pour un total de 101,9 millions d’euros, soit 16 % des montants levés en 2024. Au premier trimestre 2024, 21 start-up avaient levé 220 millions d’euros. Lors de notre bilan 2024 des levées de fonds, les investisseurs avaient fait part de leur optimisme tout en soulignant l’importance des conséquences de l’instabilité politique. Les nouvelles mesures annoncées par l’administration Trump vont probablement amener les investisseurs ainsi que les entreprises à faire évoluer leur stratégie. 175 millions d’euros levés par les biotech au premier trimestre 2025 Douze biotech ont levé des fonds au premier trimestre 2025, pour un montant total de 175 millions d’euros. La société cotée Medincell, qui développe des médicaments injectables à action prolongée, est celle qui a levé le plus, avec 42,9 millions d’euros obtenus auprès, notamment, d’Adage Capital Partners et Invus. Sur la deuxième marche du podium, Coave Therapeutics a clôturé en janvier une série A de 32 millions d’euros, intégrant également une participation d’Invus. La biotech, spécialisée dans les médicaments génétiques, a attiré l’attention de Novo Holdings A/S, la société d’investissement du laboratoire danois, qui a mené le tour de table aux côtés de Bpifrance. Le financement permettra à Coave de faire progresser sa plateforme propriétaire ALIGATER (Advanced Vectors-Ligand Conjugates), une technologie conçue pour surmonter les obstacles liés à la délivrance de charges génétiques aux tissus extrahépatiques. EG 427, spécialisée en médecine génomique de précision appliquée aux maladies chroniques neurologiques, clôt le trio de tête avec une série B de 27 millions d’euros, menée conjointement par Andera Partners et Bpifrance. Ce tour de table doit permettre de soutenir les progrès de l’étude clinique en cours du premier programme de la biotech ciblant les dysfonctions de la vessie, telles que la vessie neurogène. Suivez les levées de fonds des start-up françaises de la e-santé sur mind Health : Dans notre espace Data : Année par année, les principales levées de fonds Analyse : Les start-up françaises de la e-santé ont levé 654,3 M€ en 2024 Méthodologie Notre baromètre annuel des levées de fonds par les start-up de la e-santé ne prend en compte que les opérations qui ont été annoncées publiquement. Depuis 2018, outre les levées de fonds de sociétés non cotées, nous avons également pris en compte les augmentations de capital des sociétés cotées en bourse (Pixel Vision par exemple), ainsi que les levées de fonds à l’occasion des IPO. Limites Il n’est pas toujours possible de distinguer précisément la part levée en equity de celle levée en dette. Certaines start-up et certains fonds d’investissement peuvent avoir changé de nom au cours de leur histoire, ce qui complique le suivi de leurs opérations. Toutes les levées de fonds ne sont pas communiquées publiquement, pas plus que l’identité de tous les participants à un tour de table. La frontière entre ‘start-up’ et entreprise mature est parfois difficile à tracer précisément, de même que la frontière des sociétés actives dans la santé digitale, auxquelles nous nous sommes efforcés de restreindre notre périmètre. Si des levées de fonds ont échappé à notre vigilance, ou si vous pensez avoir repéré une erreur, n’hésitez pas à nous le signaler : datalab@mind.eu.com Coralie Baumard et Rudy Degardin chirurgieia générativeIndicateurIntelligence ArtificielleRobotiquestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind