Accueil > Industrie > Stratégie > Amgen diversifie les cas d’usage des LLMs et des outils d’IA générative Amgen diversifie les cas d’usage des LLMs et des outils d’IA générative Amgen est l'un des premiers laboratoires pharmaceutiques à collaborer avec OpenAI et à adopter Microsoft Copilot. Le groupe déploie progressivement ses outils d'IA générative et de LLM (grands modèles linguistiques) du niveau global au niveau local, explorant ainsi des cas d'usage concrets. Éclairage avec Marie Morice, directrice Innovation chez Amgen France. Par Clarisse Treilles. Publié le 09 septembre 2025 à 23h09 - Mis à jour le 09 septembre 2025 à 15h11 Ressources Amgen se classe au 9ème rang cette année du tableau de CBInsights sur le niveau de maturité des laboratoires pharmaceutiques dans l’intelligence artificielle (Pharma AI readiness index). Dans la course à l’IA, le laboratoire déploie une stratégie pragmatique, qui transite du niveau mondial vers le local. “Les cas d’usage de l’IA générative et des LLMs sont nombreux et s’enrichissent rapidement” témoigne à mind Health Marie Morice, directrice Innovation chez Amgen France. “Les transformations liées à l’intelligence artificielle se font déjà sentir à tous les niveaux de l’entreprise. Pour nos dirigeants au niveau mondial, c’est une véritable révolution. Et localement, nous voyons aussi les pratiques quotidiennes évoluer rapidement. J’ai la conviction que nous n’en sommes encore qu’aux prémices.” 6 collaborateurs sur 10 utilisent une licence Copilot Amgen met à disposition de ses collaborateurs des outils d’IA validés et sélectionnés par la direction monde. Le groupe a très tôt adopté Microsoft Copilot. “Depuis plus d’un an, près de 60 % de nos collaborateurs disposent de licences Copilot, déployées progressivement. L’objectif est clair : donner aux équipes un accès rapide et à grande échelle à l’IA générative, afin de renforcer leur efficacité et d’identifier des usages concrets à forte valeur ajoutée” explique Marie Morice. “Avec Microsoft Copilot, nous avons d’abord couvert des usages quotidiens intégrés à la suite Office : trier et hiérarchiser les e-mails, prioriser les tâches, ou encore résumer un rapport de plusieurs dizaines de pages en quelques points clés. C’est un véritable copilote de productivité”, détaille-t-elle. L’ère des agents d’IA Amgen est également l’un des premiers laboratoires à avoir signé un partenariat avec OpenAI. Le groupe explore aujourd’hui des cas d’usages “plus avancés”, souligne Marie Morice, notamment grâce à la version 5 de ChatGPT et à l’essor des agents d’IA, qui interviennent pour affiner les résultats. “Comme nous utilisons des licences ChatGPT, l’outil est nourri d’informations confidentielles, et peut faire des liens avec d’autres outils comme SharePoint ou Outlook, pour aller un cran plus loin dans les requêtes. Cela peut aussi être puissant quand on est sur du brainstorming, car l’outil peut aller trouver des informations à partir de nombreuses sources d’informations”, indique Marie Morice. Le cas d’usage sur lequel Amgen mise en particulier dans la pharma concerne la revue documentaire. “Dans un contexte où nous devons systématiquement réaliser une revue médico-légale et réglementaire de nos documents, l’IA joue le rôle de “premier filtre” à partir de règles et critères à respecter. L’idée est de gagner du temps et d’éviter les allers-retours sur un même document. Ce sont des pistes que nous explorons et dont les premiers résultats sont plutôt encourageants”, explique Marie Morice. Des essais cliniques boostés au machine learning Le recrutement des patients est un défi majeur pour les promoteurs d’études cliniques. Amgen ne fait pas exception. “Aujourd’hui, il est difficile d’estimer en temps utile le potentiel de patients éligibles dans les établissements et c’est un travail souvent très long, qui se fait à une échelle réduite du territoire. En oncologie notamment, 90% des essais cliniques sont réalisés dans 10% des centres en France”, souligne Marie Morice. Le groupe pharmaceutique a lancé le projet AIIPIK (Artificial Intelligence to Improve Patient Inclusion and Knowledge) avec la start-up OSPI afin de “comprendre l’intérêt et la faisabilité d’utiliser l’intelligence artificielle pour accélérer la phase de pré-screening de patients dans les essais cliniques et ainsi augmenter le nombre de patients participants”, indique la directrice innovation d’Amgen France. Cette expérimentation visait à identifier des patients correspondant aux critères d’éligibilité d’une étude clinique en oncologie thoracique sponsorisée par Amgen, en comparant l’algorithme i4H d’OSPI, déployé au CHU de Toulouse, aux résultats classiques obtenus par les équipes de recherche clinique. Les résultats de l’algorithme ont permis d’identifier “un nombre plus élevé de patients éligibles” constate Marie Morice. Malgré des résultats prometteurs, “le plug and play n’est pas encore une réalité”, souligne-t-elle. Il faut encore en passer par de nombreuses autorisations au préalable, ce qui a valu aux porteurs du projet d’attendre 2 ans avant que les premiers résultats voient le jour. Pour la suite, des questions se posent encore : “Aujourd’hui, nos difficultés ne sont pas tant d’ordre technologique mais plutôt administratif. Néanmoins, nous continuons les discussions car nous voyons un intérêt fort, notamment pour les essais cliniques” note Marie Morice. Amgen a également entamé une collaboration avec la start-up Klineo, cette fois pour faire connaître les essais cliniques auprès des professionnels de santé et des patients. “Grâce à un algorithme d’IA de “matching”, cet outil facilite la mise en relation entre patients et essais pertinents, améliorant ainsi la visibilité et l’accessibilité de la recherche clinique” détaille Marie Morice. Comment l’IA remodèle la stratégie RH à l’échelle du groupe ? La stratégie RH d’Amgen s’est elle aussi vue impactée par l’émergence de l’IA dans tous les services. Cela s’est traduit par trois axes. “D’abord, nous avons fait le choix d’intégrer pleinement l’IA dans nos métiers, notamment dans les domaines médical et réglementaire, où sa valeur ajoutée est immédiate. C’est le sens de la création d’ATMOS (Amgen Technology and Medical Organisation Strategy), une organisation qui place l’innovation et l’IA au cœur de la pharma, plutôt que de les isoler dans une équipe séparée” déclare Marie Morice. Pour piloter cette ambition, Amgen a recruté en août 2024 un Senior Vice President AI & Data, Sean Bruich, qui impulse cette dynamique à l’échelle mondiale, avec un impact direct jusque dans les filiales. Amgen a également annoncé en août 2024 un fort investissement en Inde, à Hyderabad, pour créer un centre de technologie, en recrutant des experts en IA et en data science. La logique : “faire en sorte que les centres régionaux se spécialisent sur un cœur d’activité précis. Ce centre sera à disposition des filiales d’Amgen dans le monde” note Marie Morice. Enfin, Amgen met en place une stratégie “top-down”, consistant à travailler “dans un cadre global avec méthode et cohérence”, précise Marie Morice. “Tout évolue vite. C’est excitant pour les équipes de se saisir de l’IA, mais il est aussi important de canaliser cette énergie. Les filiales déploient les outils mis à disposition, tout en ayant la possibilité de remonter leurs besoins spécifiques. Cela permet d’éviter les doublons tout en restant à l’écoute du terrain pour ouvrir de nouvelles pistes lorsque cela s’avère nécessaire.” Clarisse Treilles Intelligence ArtificielleLaboratoiresPartenariatStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind