Raphaël Tamponnet (La Poste, Silver économie) : “Nous devons faire la démonstration des économies générées en investissant dans la prévention”

Quels sont les objectifs de La Poste dans le domaine de la Silver économie ?

Notre business unit a été créée en septembre 2015 sous l’impulsion de notre président Philippe Wahl. L’objectif est de faire de La Poste un acteur engagé au service des populations et d’apporter des réponses concrètes aux enjeux de longévité humaine. Notre équipe est constituée d’une vingtaine de personnes. Notre volant d’affaires représente actuellement 150 millions d’euros annuels. Nous avons une stratégie de croissance externe et organique. Nous travaillons autour de trois fondamentaux de l’adaptation de la société au vieillissement : la prévention et l’accompagnement, les activités du quotidien et les activités de santé.

Vous avez procédé à plusieurs acquisitions. Quelles seront les prochaines opérations ?

Depuis 3 ans, nous avons procédé à plusieurs acquisitions importantes, pour des montants confidentiels. Nous consolidons nos acquisitions autour de quatre enjeux sociétaux que nous adressons : la fracture numérique, l’effritement du lien social, le besoin de services à domicile et la santé. Depuis l’acquisition de Tikeasy mi-2016, nous avons diffusé plusieurs dizaines de milliers de tablettes numériques à usage réservé aux seniors. Sur l’effritement du lien social, nous avons mis au point Veiller sur mes parents qui combine une technologie de téléassistance et l’humain avec la visite à domicile du facteur. Depuis son lancement en mai 2017, nous avons vendu plusieurs milliers de contrats dans toute la France. Pour les besoins de services à domicile, fin 2016, nous avons acquis Axeo Services. Avec Asten Santé, en 2017, nous avons mis un pied dans la prestation de santé à domicile.

Quels sont les enjeux en termes de business model ?

Quand on parle de silver économie, il s’agit surtout de prévention. Aujourd’hui, les Français n’ont pas pour culture d’investir massivement dans la prévention. Nous devons faire la démonstration des économies générées en investissant dans la prévention qui évite ou retarde les hospitalisations non programmées par exemple. Je crois dans un modèle hybride avec un financement partagé entre la collectivité, le privé et un reste à charge pour les utilisateurs. Nous sommes en discussion avec le monde des mutuelles pour Mes médicaments chez moi (voir étude de cas), et les caisses de retraites et les collectivités territoriales pour l’accompagnement à domicile.