HIMSS 2022 : les tendances et les innovations à retenir

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Plus de 1000 exposants ont participé à l’édition 2022 du congrès HIMSS, qui se déroulait cette année à Orlando, du 14 au 18 mars. mind Health faisait, avec 40 acteurs français du monde de la santé numérique, partie du voyage organisé par le Catel, incubateur de communautés e-santé. L’occasion de saisir les nouvelles tendances du secteur et de partir en quête, avec les experts de cette délégation, des solutions réellement innovantes.
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Orienté B2B, le congrès de la Healthcare Information and Management Systems Society (HIMSS) concentre une foule de solutions pour générer, structurer et valoriser la donnée au sein des établissements de santé. En 2019 (la dernière édition en présentiel du congrès, les éditions suivantes ayant été annulées pour des raisons sanitaires), les discours des exposants tournaient autour du cloud public, présenté comme le Graal pour la gestion et l’hébergement de la donnée de santé. Les usages de ce cloud se sont, en trois ans à peine, à ce point répandus que les nouvelles propositions de valeur en la matière n’ont, dans l’ensemble, pas capté l’attention des experts de la délégation française du Catel.

Vers un modèle de soins hybride

Cette année aura été marquée par le « virtual care » (ce terme général englobe les diverses façons dont les prestataires de soins interagissent à distance avec leurs patients). Aussi, Cyrille Politi, conseiller transition numérique de la FHF et délégué régional adjoint de la FHF Bourgogne Franche-Comté, note-t-il « l’évolution des organisations de santé vers des modes hybrides, en présentiel et en distanciel ». Cette nouvelle édition confirme également pour lui « l’orientation du modèle américain vers la responsabilité populationnelle » et, entre autres tendances, « la moindre présence des start-up, mais avec plus d’offres matures de traitement de la donnée de santé. Qu’elles soient issues d’éditeurs historiques ou de rapprochements/acquisitions, elles permettent différents choix d’urbanisation des SI ». Aussi, observe-t-il, « un développement assumé des offres applicatives dans le cloud public. Une évolution à suivre de près ».

Comme a pu l’observer Enguerrand Habran, directeur du Fonds FHF Recherche & Innovation, les mini-labs ont fait leur apparition sur le salon. Basés sur la microfluidique, la transduction du signal et le numérique, ces laboratoires miniatures permettent d’analyser à domicile un grand nombre de données biologiques à partir d’une seule goutte de sang. Le Covid-19 aura offert aux acteurs du secteur, impactés ces dernières années par l’affaire Theranos (du nom de la société valorisée 9 milliards de dollars pour une technologie inexistante) un parfait cas d’usage. À noter enfin que les stands des start-up françaises présentes sur le salon auront attiré un grand nombre de visiteurs, visiblement sensibles à la présentation de cas d’usage plutôt qu’au discours récurrent sur des solutions prétendument révolutionnaires.

Quatre innovations à la loupe

Cybersécurité : une solution pour corriger les brèches des IoT

Globalement mal protégés, les IoT (objets connectés) sont des portes d’entrée idéales pour le vol de données. Cynerio est un logiciel qui permet de cartographier tout un parc IoT, de vérifier les flux de données de ces appareils et d’identifier les éventuelles brèches. Jusque-là, rien de révolutionnaire. Mais « les solutions existantes ne font que mentionner un problème et nous laissent nous débrouiller avec. Cynerio est le seul à ma connaissance à dire comment régler ce problème », note Frédéric Avalet, directeur des achats et des partenariats au GERS Innovation e-Santé Sud (ieSS). « Grâce à une IA, le logiciel peut réparer automatiquement la brèche, l’isoler, couper le flux de données et appliquer le bon patch. Des équipes peuvent également intervenir si la faille n’est pas encore connue », explique-t-il.

Modéliser en 3D et en temps réel un organe

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Fujifilm Healthcare, qui a racheté en mars 2021 Hitachi Diagnostic Imaging pour 1,3 milliard d’euros, présentait au salon HIMSS la dernière version de son logiciel d’imagerie Synapse 3D. Marine Accolas, Account manager chez Coreye Healthcare, a pu assister à leur démonstration de modélisation 3D. « Avec un ensemble de plans d’imagerie, ils sont capables de reconstruire totalement un organe et d’en faire tout le mapping, c’est-à-dire d’analyser tous les segments de l’organe, sa vascularisation, une éventuelle tumeur, ce qui permet de faire de la chirurgie de pointe. La précision du rendu final et la performance (la reconstruction 3D prend une dizaine de secondes, ndlr) est vraiment frappante ». « L’intérêt de cette solution quasi-instantanée, ajoute Enguerrand Habran, est de pouvoir prendre en compte le recalage élastique de l’organe, sa déformation, lors d’une opération, par exemple en chirurgie digestive quand l’abdomen a été ouvert.  C’est là que des solutions non-instantanées (comme celle de la société française Visible Patient) ont leur limite, car leur modélisation prend du temps et nécessite l’intervention humaine ». D’autres solutions françaises sont intéressantes, comme celles de la start-up montpelliéraine Intrasense (qui a annoncé en mai dernier une augmentation de son capital pour investir l’oncologie, ndlr) ou du groupe Guerbet… mais leur puissance n’égale pas encore celle de Synapse 3D, conclut-il. À noter que l’un des freins au déploiement de cette solution, encore peu présente en France, est son coût (environ 40 000 € par licence).

Capter ses constantes physiologiques grâce à son smartphone

Connaître son taux de saturation en oxygène, son rythme cardiaque, sa tension et son niveau de stress à partir de la seule fonction vidéo de son smartphone… c’est la promesse de la start-up américaine veyetals. L’envoyé spécial de mind Health au congrès HIMSS s’est prêté à l’exercice. Une trentaine de secondes furent nécessaires pour… afficher un message d’erreur (un visiteur étant passé en arrière-plan pendant cet intervalle). En matière d’intelligence artificielle appliquée aux objets connectés, cette solution demeure pourtant une belle promesse technologique, d’autant que, comme le confie Enguerrand Habran, « la solution la plus avancée en la matière est celle de la start-up française i-Virtual (qui a levé 2,5 M d’euros en mars 2021, ndlr) car elle a déjà pu valider 4 de ses 6 capteurs au travers d’une étude clinique menée sur 1000 patients ». Sa technologie se base sur la « photopléthysmographie » à distance qui mesure le taux d’absorption de la lumière par le sang qui circule sous le visage. A partir de ce taux, l’IA déduit des constantes physiologiques comme la pression sanguine, le pouls, la fréquence respiratoire ou la saturation en oxygène du sang. À noter qu’une autre start-up française, Quantiq, qui a levé l’an dernier 1 million d’euros pour faire de son outil un dispositif médical, exploite cette même technologie.

Connecter le bloc opératoire grâce au video management

CareSyntax propose une solution de video management dont l’objectif est d’enrichir les données du bloc opératoire en le connectant aux traditionnels outils de mesure utilisés pendant une opération. La solution filme le chirurgien (et son équipe) en train d’opérer, synchronise la vidéo et le son avec toutes les machines connectées sur le patient. Les mesures (l’hémodynamique, la respiration, le rythme cardiaque, etc)  sont taguées. « Cette solution présente un triple intérêt, analyse Enguerrand Habran. Elle permet de mieux comprendre les raisons d’un échec opératoire, elle peut être très utile pour former des étudiants, elle va aussi permettre, à partir de toutes les statistiques qu’elle va générer sur un type d’opération, de bâtir des protocoles et des standards de qualité. » À noter que CareSyntax a annoncé en avril dernier une levée de fonds de 100 millions de dollars (une extension de 30 millions de dollars de cette série C a été opérée en septembre dernier). « Ce qui est très intéressant, conclut Enguerrand Habran, est que Sham, qui assure 20% des lits en Europe, a investi dans cette solution. Quand le principal assureur européen du risque médical investit dans une solution pour réduire les risques, c’est qu’il y croit vraiment… » La solution CareSyntax est déjà présente en France, à l’AP-HP et aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg.

Northwell Health : focus sur le pilotage par la donnée

Autre tendance marquante du congrès HIMSS : le data-driven hospital (hôpital piloté par la donnée) qui est aujourd’hui une réalité aux Etats-Unis. Que ce soit au travers de solutions Cerner, InterSystems, Philips, GE ou Siemens, les « command-center » permettent aujourd’hui de récupérer des données biologiques ou les résultats d’examens radiologiques, de piloter des chariots d’imagerie, de géolocaliser et gérer un réseau d’ambulances en fonction des zones les plus susceptibles d’y avoir recours, d’intégrer automatiquement toutes les données recueillies dans le dossier patient, de gérer en même temps la facturation, etc. C’est très concrètement ce que propose le Northwell Health, à l’échelle d’un réseau qui traite chaque année 2 millions de patients (sur un bassin de population de 11 millions d’habitants) et qui est aujourd’hui le premier employeur privé de l’État de New York (70 000 employés). Les 40 membres de la délégation du Catel ont pu, par groupes distincts, visiter à Manhattan et à Long Island trois centres de pilotage de ce réseau de soins de santé new-yorkais, qui regroupe 23 hôpitaux et près de 800 établissements de soins ambulatoires. A Manhattan, où mind Health s’est rendu, était présentée l’activité de télésanté (la gestion du parc de 75 ambulances et les réponses aux urgences sont gérées à partir de Long Island). L’atmosphère, particulièrement calme et feutrée (de la moquette au sol et un grand open space avec des postes de travail désertés, le télétravail ayant été rendu obligatoire à cause du Covid) est saisissante. C’est à partir de ces bureaux que les médecins et infirmiers peuvent suivre les patients volontaires, intégrés dans les programmes de télésanté de Northwell. « Ce programme, explique Patrick McCarthy, vice-président du service de télésanté de Northwell Health, existe depuis 2014. Il a connu une explosion de son activité en 2020, avec la crise sanitaire du Covid. L’ensemble de nos effectifs, était mobilisé (le réseau compte 4 500 médecins salariés, 14 200 médecins affiliés et 18 500 infirmières, ndlr) mais le rythme est heureusement presque revenu à la normale ». Dans l’un des 4 bureaux fermés de l’étage, une infirmière surveille les constantes de ses patients et peut à tout moment, face à ses 8 écrans, passer en mode vidéo, pour s’entretenir directement avec eux ou pour contacter ses collègues, si une alarme se déclenche.

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