Accueil > Financement et politiques publiques > La feuille de route 2023-2027 du numérique en santé est lancée La feuille de route 2023-2027 du numérique en santé est lancée Ce mercredi 17 mai marquait le lancement officiel de la deuxième feuille de route du numérique en santé. Déclinée en quatre axes prioritaires et 65 objectifs, cette feuille de route vise à faire entrer le numérique en santé dans les usages. Voici les principaux éléments à retenir. Par Romain Bonfillon. Publié le 17 mai 2023 à 15h33 - Mis à jour le 18 juillet 2023 à 17h38 Ressources Au terme de plusieurs mois de concertations (une version martyre de la feuille de route avait été présentée le 14 décembre dernier) et plus de 300 contributions, la feuille de route qui détaille en 65 objectifs les actions publiques qui seront mises en œuvre pour promouvoir le numérique en santé dans les cinq prochaines années a enfin été présentée. Cap sur les usages Alors que la première feuille de route du numérique de la santé (2019-2022) était dédiée à la construction de la maison du numérique et à ses services socles, cette deuxième feuille de route (2023-2027) est résolument tournée vers la promotion des usages de ces services. C’est précisément dans cet esprit que la DNS a engagé ces derniers mois un “Tour de France du numérique en santé”, rencontrant les acteurs de l’écosystème dans 18 villes (dont 4 en Outre-mer). Si Annie Prévot, directrice de l’Agence du numérique en santé (ANS) se félicite du succès de Mon espace santé, rappelant que plus de 10 millions de documents sont envoyés chaque mois sur la plateforme d’État, l’objectif reste bien d’intensifier encore ces usages. Quatre axes, 18 priorités Définissant les priorités de cette nouvelle feuille de route, les deux délégués ministériels au numérique en santé, Hela Ghariani et Raphaël Beaufret, ont insisté sur les principes “éthiques, de souveraineté et de durabilité” qui les ont guidés. Sur cet aspect “durabilité”, Hela Ghariani précise qu’une attention particulière sera portée à l’impact écologique des logiciels. Rappelons que le service de calcul de l’empreinte environnementale proposé par le Ministère de la Santé à destination des éditeurs d’applications web et mobiles est nécessaire au référencement dans Mon Espace Santé. Détaillant les 4 axes de cette feuille de route, Raphaël Beaufret a rappelé qu’il s’agissait “avant tout d’axes centrés sur la santé”, le numérique n’étant qu’un moyen de parvenir à ces 4 objectifs, qui sont : la prévention, notamment au travers du carnet de santé numérique de l’enfant et de la formation de 10 000 médiateurs numériques, qui pourront, par exemple, expliquer les bonnes pratiques en matière de téléconsultation ; la prise en charge, il s’agit de “redonner du temps aux professionnels”, en simplifiant notamment l’ergonomie des logiciels (qui doivent pouvoir être unifiés derrière un seul portail – Mon espace santé – et donc devenir tous interopérables afin que le médecin n’ait pas à naviguer au travers d’une multitude d’interfaces – messagerie, résultats biologiques, dossiers patients, agendas) ; l’accès à la santé, parmi les projets d’actions qui entrent dans ce périmètre, citons la généralisation de la plateforme des services d’accès aux soins et l’amélioration de l’information en santé, pour lutter contre les fake news (un outil de décryptage des fausses informations est actuellement en préparation) ; un “cadre propice”, cet axe vise à faire évoluer le cadre de régulation des entreprises en santé numérique et de leurs ressources humaines, pour répondre notamment à l’enjeu de la cybersécurité. Les ressources dédiées au numérique atteignent en moyenne en France 1,5% du budget total des établissements de santé, “et la tendance est baissière” rappelle Raphaël Beaufret. L’objectif est d’atteindre 2% (dont 10% pour la cyber). Il est également prévu de revoir les grilles de salaire dans le secteur, pour faire venir les talents et experts du cyber dans la santé. Des évolutions prochaines dans Mon espace santé Annika Dinis, directrice opérationnelle du numérique et de l’innovation en santé à la CNAM, a mis l’accent sur trois actions de santé publique, qui seront entreprises dans le cadre de la nouvelle feuille de route : “Des éléments de prévention” seront progressivement introduits dans Mon espace santé (MES). Il s’agira de rappels vaccinaux, de visite annuelle chez le dentiste, etc ; Le plan Ségur du numérique en santé, qui était jusqu’alors orienté sur l’alimentation de MES, va entrer dans une deuxième phase : celle de l’accès facilité pour les professionnels de santé à l’historique de santé de leurs patients ; “La télésanté doit se faire de manière régulée”, a rappelé Annika Dinis, et un référentiel est actuellement en cours de rédaction. Il sera publié d’ici fin 2023. La liste des services référencés sur Mon espace santé Zoom sur la mise en place d’un “cadre propice” S’agissant de la mise en place d’un “cadre propice” à l’intensification des usages du numérique en santé, la directrice de l’ANS, Annie Prévot, a rappelé l’importance de Pro Santé Connect (le France Connect du domaine de la santé). Ce service d’identification va être étendu à l’ensemble des personnes qui travaillent dans le domaine de la santé, en s’appuyant sur des référentiels élargis à tous les professionnels. L’ensemble des logiciels référencés Ségur sont compatibles et connectables avec Pro Santé Connect, a rappelé Annie Prevot. Le “cadre propice” à l’essor du numérique en santé suppose également l’accélération de la lutte contre la cybercriminalité. Ainsi, un programme baptisé CARE (cyber accélération et résilience des établissements) sera mis en œuvre dans le cadre de la nouvelle feuille de route, avec une gouvernance très large (la DNS, les GRADeS, les industriels, les établissements de santé, etc.). Ce plan est résolument orienté vers les hôpitaux et doit “faire en sorte que les directeurs d’hôpitaux soient impliqués dans cette lutte contre la cybercriminalité”, a indiqué Annie Prévot. Pour y parvenir, la HAS valorisera cet aspect cyber dans certains de ses indicateurs (une intégration de critères cyber dans les IQSS en établissements de santé ? ndlr). “Des plans opérationnels avec des audits, pour voir comment cela avance, et des exercices de crise très réguliers seront également menés”, promet Annie Prévot. Le gouvernement veut mieux préparer les établissements de santé aux incidents cyber Une feuille de route “opérationnelle”, selon le Ministère En conclusion, le ministre de la Santé, François Braun, a rappelé le souci de rendre cette nouvelle feuille de route opérationnelle. Parmi les 4 axes prioritaires, qui se déclinent en 18 priorités et 65 objectifs, il a rappelé quelques objectifs concrets : Dès 2024, des passerelles créées entre Mon espace santé et les autres plateformes d’État, notamment santé.fr ; publier dès 2024 une grille d’évaluation des dispositifs médicaux numériques harmonisée avec nos homologues européens et co-financer d’ici 2026 plus de 75 évaluations cliniques de dispositifs médicaux numériques ; former, d’ici juin 2026, 10 000 médiateurs au numérique en santé ; enrichir le catalogue d’applications de MES de 50 applications d’ici fin 2026 (notamment des applis sur les pré-admissions à l’hôpital et le suivi des maladies chroniques) ; promouvoir le développement de la téléconsultation, avec l’objectif d’avoir au moins un million de patients chroniques en 2025 ayant bénéficié d’un acte de téléconsultation ; la mise en place d’une feuille de route spécifiquement dédiée aux données de santé. Un Comité de pilotage interministériel a d’ores et déjà été mis en place. À noter que le budget spécifique de cette feuille de route n’a pas été détaillé. Il viendra principalement puiser dans deux programmes d’investissement : les 2 Mds€ du Ségur du numérique en santé (notamment pour pousser l’intégration de l’historique des patients dans MES) et les 770 M€ de la Stratégie d’accélération santé numérique (SASN, pour financer la formation des professionnels et notamment des médiateurs du numérique). Une enveloppe supplémentaire pourrait être annoncée dans les prochains mois sur la cyber, pour financer notamment le relèvement des grilles salariales des futures experts cyber des établissements de santé. Romain Bonfillon CybersécuritéMinistèreMon espace santéPolitique de santé Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind