Accueil > Financement et politiques publiques > Mandature 2025-2028 : Unicancer précise ses priorités Mandature 2025-2028 : Unicancer précise ses priorités Unicancer, la fédération hospitalière nationale spécialisée en cancérologie, a tenu le 2 octobre sa conférence de rentrée. Son président, le Pr Jean-Yves Blay, nouvellement réélu pour un mandat de trois ans, a détaillé ses axes stratégiques prioritaires. Unicancer a également fait part de ses attentes concernant le PLFSS 2026. Par Coralie Baumard. Publié le 07 octobre 2025 à 17h16 - Mis à jour le 07 octobre 2025 à 17h16 Ressources Le 1er octobre, Unicancer a célébré, au Palais Bourbon, le quatre-vingtième anniversaire de l’ordonnance fondatrice des centres de lutte contre le cancer (CLCC). La fédération rassemble aujourd’hui 18 CLCC et deux membres affiliés (l’Institut du Cancer Avignon-Provence et l’Institut du Cancer de Polynésie française). Cet événement a coïncidé avec la réélection du Pr Jean-Yves Blay à la présidence d’Unicancer pour un mandat de trois ans. Le bureau de la fédération a été également été renouvelé, sa composition est la suivante : Pr Frédérique Penault-Llorca (DG du Centre Jean-Perrin, CLCC de Clermont-Ferrand), nommée présidente déléguée (renouvellement) Pr Steven Le Gouill (DG de l’Institut Curie, Paris), nommé vice-président Pr Mario Campone (DG de l’Institut de cancérologie de l’Ouest, Nantes et Angers), nommé vice-président. Pr Jean-Pierre Delord (DG de l’IUCT Oncopole, Toulouse), nommé vice-président (renouvellement). Pr Charles Coutant (DG du Centre Georges-François-Leclerc, Dijon), nommé vice-président. Pr Emmanuel Barranger (DG du Centre Antoine-Lacassagne, Nice), nommé vice-président Stéphanie Dumont (DG adjointe du Centre Paul-Strauss, Strasbourg), désignée comme DGA membre du bureau. Faire face à l’incidence grandissante des cancers Lors d’une conférence de presse le 2 octobre, Unicancer a précisé les objectifs de cette nouvelle mandature. En préambule, le Pr Jean-Yves Blay a rappelé que depuis la création des CLCC, l’incidence des cancers est en forte augmentation, notamment à cause de l’amélioration de l’espérance de vie. “ Près de 4 millions de personnes vivent avec un cancer en France et 430 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués annuellement. Entre 160 000 et 165 000 patients décèdent annuellement de leur cancer. Entre 1990 et 2020, le nombre de cancers a doublé”, indique-t-il. Il a ensuite précisé : “Cette augmentation concerne tous les types de cancers, mais nous avons observé ces dernières années sur des tranches d’âge un peu inhabituelles (20-40 ans) une incidence plus grande de certains cancers, notamment digestifs et gynécologiques, dont les causes ne sont pas bien connues. L’OMS estime que le nombre de cancers augmentera de 70% de cancers d’ici 2050. Nous avons donc un rôle majeur à jouer dans les centres de lutte contre le cancer.” Le bilan chiffré 2023-2025 d’Unicancer Soixante partenariats créés dont 10 avec des associations de patients Plus de 1,5 milliards € d’achats réalisés par le groupement de coopération sanitaire d’Unicancer 30 accords de branche signés au sein de la fédération 15 centres certifiés “Haute qualité des soins” 9 centres labellisés Comprehensive Cancer Centre par l’Organisation of European Cancer Institutes, le réseau d’instituts européens de lutte contre le cancer dédié à l’amélioration continue de la qualité des soins et de la recherche en oncologie. 6 centres sont en cours de labellisation. Plus de 700 essais cliniques actifs 60% des projets retenus par le programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) dédié au cancer sont portés par Unicancer Six axes stratégiques pour les trois prochaines années Frédérique Penault-Llorca, la présidente déléguée, a dévoilé les six axes prioritaires d’Unicancer pour la période 2025-2028. Positionner les CLCC en tant que pilotes des parcours de soins des patients atteints de cancer dans le cadre d’une coopération territoriale renforcée. L’objectif est de combiner les soins ultraspécialisés des centres avec une hospitalisation au plus près du domicile des patients. “Nous travaillons sur certains axes prioritaires comme la réforme de la radiothérapie, le passage à l’échelle d’expérimentations innovantes sur certains types de prise en charge. Nous souhaitons participer plus activement à la construction des réformes majeures dans le monde de la santé”, annonce Frédérique Penault-Llorca. Déployer une politique RH tournée vers l’excellence collective et l’efficience des organisations, en mettant l’accent sur l’évolution des compétences et la valorisation des parcours professionnels. “Pour cela, nous élargissons notre offre de formation. Nous allions une stratégie de formation dédiée à des métiers très spécialisés en cancérologie à une stratégie d’universitarisation de nos praticiens. Nous travaillons également sur la qualité de vie et les conditions de travail dans nos hôpitaux”, précise la présidente déléguée d’Unicancer. Contribuer à renforcer l’attractivité de la France en matière de data et d’intelligence artificielle (IA) en oncologie afin de demeurer compétitif dans un écosystème en mutation. “Notre objectif est qu’Unicancer devienne un tiers de confiance privilégié en matière d’intelligence artificielle en oncologie. Notre priorité est de continuer le recueil et le partage des données structurées entre les établissements impliqués dans le diagnostic, le traitement et le suivi des patients pour accompagner ce déploiement rapide de l’IA, la mise en œuvre de l’Espace européen des données de santé et élargir nos partenariats”, souligne Frédérique Penault-Llorca. Tirer partie des innovations, notamment technologiques, pour transformer la recherche et la recherche clinique. “L’irruption d’outils technologiques, notamment basés sur l’IA, nous permettant par exemple de reconnaître des images ou des lames ainsi que de trier et de prédire des pronostics, nous invitent à reconsidérer la manière de faire de la cancérologie à très court terme. Une des ambitions d’Unicancer est de déployer ces outils afin de pouvoir aborder un des enjeux clés des années à venir : la démographie médicale et soignante qui n’est pas favorable dans ce contexte d’augmentation du nombre de cancers”, indique le Pr Jean-Yves Blay. Mettre en œuvre les engagements d’Unicancer en matière de développement durable, notamment via une politique d’achat responsable. Poursuivre les travaux en faveur d’une Europe de la cancérologie, pour faire de la lutte contre le cancer un pilier structurant de la politique de santé de l’Union européenne. “L’Europe de la cancérologie est en train de se mettre en place. Nous souhaitons continuer à nous investir avec les sociétés savantes et la Commission européenne pour travailler sur les différents projets en train d’émerger”, assure le président d’Unicancer. Quels sont les travaux en matière d’IA et de data ? Unicancer va également s’appuyer sur Harmonie, son nouvel entrepôt de données de santé, pour améliorer la prise en charge des patients. Il combine les données longitudinales et profondes de grands programmes Unicancer (CANTO, ESMÉ et ODH) aux données médico-administratives hospitalières (PMSI), de remboursement des soins par l’Assurance maladie (SNIIR-AM) et des causes médicales de décès (CépiDC) issues du Système national des données de santé (SNDS). Selon Unicancer, Harmonie ouvre la voie à la création d’algorithmes innovants pour identifier des sous-populations, générer des bras contrôle synthétiques, analyser les parcours de soins et conduire des études médico-économiques. Concernant l’intelligence artificielle, le Pr Jean-Yves Blay précise que les travaux sont généralement menés en partenariat avec des acteurs industriels et concernent différentes thématiques. “Nous travaillons sur l’analyse d’images, notamment anatomopathologiques et radiologiques pour améliorer le diagnostic. Plusieurs groupes travaillent sur l’utilisation de grands modèles de langage pour essayer de dégager sur de large cohortes de patients des éléments prédictifs de pronostic individuel en analysant les données inscrites dans le dossier patient électronique”, exemplifie-t-il. PLFSS 2026 : les attentes d’Unicancer La LFSS 2025 a acté la mise en œuvre de la réforme du financement de la radiothérapie en fixant l’entrée en vigueur des nouveaux forfaits de radiothérapie au 1er janvier 2026 pour les établissements de santé. Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer, a rappelé que si la fédération a toujours soutenu cette réforme “majeure pour améliorer la prise en charge des patients”, le calendrier est aujourd’hui “un sujet de préoccupation” car les discussions avec les services du ministère sur la tarification n’ont pas été pour l’instant engagées. Unicancer demande donc à l’instar d’autres acteurs comme la Société française de radiothérapie oncologique un report de la réforme acté par le PLFSS 2026. La fédération estime également que la mise en œuvre d’une nomenclature et de modalités de financement communes aux établissements de santé et aux professionnels libéraux est nécessaire pour atteindre les objectifs de cette réforme. Unicancer rappelle dans son communiqué que 60 % des patients atteints de cancer bénéficient de la radiothérapie. Les CLCC assurent à eux-seuls 23 % de l’activité nationale : ils prennent en charge 87 % des enfants traités et 100% des équipements de protonthérapie. Autre sujet de préoccupation, le montant de l’ONDAM hospitalier. Unicancer indique que l’ONDAM doit éviter une évolution négative afin de préserver les tarifs des activités nécessaires à la prise en charge des cancers. Dans son communiqué, la fédération précise que depuis 2020 les CLCC sont soumis à une progression de leur activité de 7% par an. “C’est d’autant plus important que les tarifs des CLCC sont aujourd’hui inférieurs de plus de 2 % par rapport à l’hôpital public et que nous appelons de nos vœux à une plus grande équité de traitement”, rappelle Sophie Beaupère dans le communiqué. Trois pistes pour améliorer l’accès à la biologie moléculaire Si Unicancer salue la volonté des pouvoirs publics de favoriser l’accès aux tests génomiques, la fédération souligne également que des freins demeurent aujourd’hui. Pour accroître le recours à ces tests, Unicancer a formulé trois propositions : Généraliser un mécanisme de financement transitoire après inscription à la nomenclature, comme celui mis en place pour le test HRD (utilisé dans certains cancers de l’ovaire). Ce financement spécifique permet de garantir la continuité de l’accès pour les patientes. Adapter la tarification des hospitalisations afin de couvrir les tests réalisés durant le séjour, dès leur passage à la nomenclature. Suspendre la dégressivité de 20 % par an sur la valorisation des actes hors nomenclature tant que leur évaluation par la HAS n’a pas été réalisée, afin de ne pas compromettre leur utilisation dans le soin courant. Coralie Baumard Données de santéEntrepôt de données de santéEssais cliniquesIntelligence ArtificielleoncologieRecherche Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind