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Accueil > Financement et politiques publiques > Politique de santé > Enguerrand Habran (Fonds FHF) : “L’essentiel de la valeur vient du capital informationnel”

Enguerrand Habran (Fonds FHF) : “L’essentiel de la valeur vient du capital informationnel”

Directeur du fonds "Recherche & Innovation" de la FHF (Fédération hospitalière de France), Enguerrand Habran est membre de la délégation partie avec le Catel, incubateur de communautés e-santé, pour assister au congrès HIMSS (Healthcare Information and Management Systems Society). Selon lui, les systèmes d’information (SI) français ont encore beaucoup à apprendre des SI américains, tournés vers une approche populationnelle.

Par Romain Bonfillon. Publié le 22 mars 2022 à 22h36 - Mis à jour le 30 mars 2022 à 16h17
Enguerrand Habran
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Quelles opportunités représente le salon HIMSS pour une structure comme le Fonds FHF Recherche & Innovation ?

Nous y allons essentiellement pour faire un travail de veille. HIMSS nous donne l’occasion de rencontrer des acteurs japonais, coréens, israéliens… C’est aujourd’hui, à l’échelle internationale, le salon le plus intéressant sur la santé numérique, bien au-delà du CES qui ne fait qu’effleurer ces thématiques. Cela nous permet également d’aller au contact des hôpitaux américains, puisque le salon n’est pas simplement un rassemblement d’industriels. L’autre aspect de notre mission est d’accompagner les établissements sur tous les sujets de l’innovation. Face au côté “spectacle”, très américain, de mise en valeur des solutions, toutes prétendument révolutionnaires, il est nécessaire de faire un travail de debunkage pour dire ce qui relève du fantasme et ce que l’on peut réellement faire avec l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, la blockchain, les objets connectés, etc.

SPECIAL HIMSS

Retrouvez ici tous les articles de l’édition 2022 de ce congrès

Comment voyez-vous l’avenir des SI ?

Le terme de système d’information est en France souvent galvaudé, puisque beaucoup sont simplement des systèmes d’enregistrement de données. Demain, les SI seront populationnels. Ils iront au-delà de l’information et du soin et couvriront aussi les activités de formation, de recherche, de management, d’organisation, etc. L’avenir les verra progressivement devenir des systèmes de connaissance, c’est-à-dire qu’ils anticiperont les actions à entreprendre. Par exemple, le système ne se contentera pas de dire qu’un patient a un adénocarcinome pulmonaire, il aidera le soignant dans ses décisions, en lui donnant les recommandations d’une société savante. Aussi, le vocal bidirectionnel, c’est-à-dire un système qui comprend la voix et qui me parle, va changer beaucoup de choses. L’information est, pour l’essentiel aujourd’hui, saisie manuellement. Les systèmes de reconnaissance vocaux sont devenus extrêmement intéressants. Nous en développons actuellement avec l’AP-HP, dans le cadre de la chaire “Bloc Opératoire Augmenté” dont j’ai la charge. Ces systèmes permettent par exemple au chirurgien, pendant l’opération, de préparer son compte-rendu en verbalisant ses actions. La captation de l’information n’est alors plus asynchrone (je fais, puis je collecte la donnée), ce qui fait gagner un temps considérable.

Cela revient à changer de paradigme : nous arrêtons d’être des offreurs de soins, nous devenons des gestionnaires de la santé des populations vivant sur notre territoire.

Les systèmes d’information populationnels sont beaucoup plus répandus aux Etats-Unis qu’en France. Pourquoi ?

Il faut déjà distinguer la responsabilité populationnelle et les SI populationnels. Se mettre à construire de tels systèmes implique un changement complet d’organisation des soins, qui doit devenir territoriale. Cela revient à changer de paradigme : nous arrêtons d’être des offreurs de soins, nous devenons des gestionnaires de la santé des populations vivant sur notre territoire. De tels changements prennent beaucoup de temps et un maximum de personnes doivent être convaincues pour que la transformation se fasse. Elle serait en plus très coûteuse et les moyens actuels de l’hôpital sont limités. Nous sommes malheureusement confrontés à un cercle vicieux : si l’on veut mettre un tel système en place, nous avons besoin de SI qui gèrent un territoire plutôt qu’un établissement, et ces SI n’existent pas puisque nous n’avons pas encore adopté un système de responsabilité populationnelle. Quelques expérimentations ont été faites dans le cadre de l’article 51, mais, globalement, la stratégie actuelle du numérique en santé est passée à côté de ces innovations-là, qui sont en cours dans les systèmes de santé les plus performants du monde.

Avez-vous des exemples ?

Les résultats de systèmes de santé comme ceux mis en place aux Etats-Unis par Kaiser Permanente, Intermountain ou Geisinger sont édifiants. Cela fait 70 à 80 ans que cette responsabilité populationnelle existe outre-Atlantique. Le système américain est souvent réputé comme “mauvais”, parce qu’il protègerait mal les citoyens, mais il faut se rappeler qu’il n’est pas du tout uniforme. État par État, et parfois même au sein d’un même État, il existe divers systèmes de santé. La Californie, l’Utah et la Virginie ont par exemple mis en place un système de santé totalement intégré, qui regroupe les hôpitaux et la médecine de ville. Il est financé par les assurances privées, mais les résultats obtenus sont incroyables, notamment sur la première brique de la responsabilité populationnelle qui est la prévention (lire l’encadré sur les ACO).

Quel est en France le principal défi pour améliorer nos SI ?

Aujourd’hui, les standards qui nous sont imposés font que l’on crée de la donnée d’une qualité assez pauvre. À l’exception de tout ce qui est issu du signal – l’imagerie et la biologie mais cela ne représente que 20% de l’information produite – les informations sont pour l’essentiel issues du texte. Or, le problème du texte, produit le plus souvent dans le cadre d’une conversation interpersonnelle, est qu’il est non-standard, non-structuré et incomplet, puisque je ne communique que les informations dont j’ai besoin. Il faut que nous intégrions enfin en France les standards de management de la donnée car la perte en matière d’innovation et de recherche est actuellement considérable. Or, lorsque la donnée est bien managée, avec les bons outils, l’intégralité d’une file active de patients peut devenir une cohorte de recherche.

Il faut que nous intégrions enfin en France les standards de management de la donnée car la perte en matière d’innovation et de recherche est actuellement considérable.

Quelles sont les forces et faiblesses des SI français par rapport aux SI américains ?

En France, 1,8% du budget des hôpitaux est consacré au SI. Aux Etats-Unis, c’est 5,4% et leur budget global est généralement bien supérieur. Le marché français est donc faible, parce que l’hôpital public est peu doté. En conséquence, le tissu industriel a plus de mal à naître en France et à s’y développer, pour pouvoir attaquer les autres marchés. En ce moment, l’une de nos forces tient à l’importance des levées de fonds. Nous n’en avons jamais eu autant ! Mais ces fonds disponibles ne sont pas issus du terrain, des clients. En réinvestissant dans l’hôpital public et les systèmes d’information hospitaliers, le marché national pourra être renforcé. Notre force tient aussi à notre créativité. Il y a tellement de problèmes à régler au sein de l’hôpital public que les acteurs de la santé doivent développer une grande débrouillardise, ils sont contraints d’innover. La question qui se pose après, lorsqu’on réussit à développer une solution qui fonctionne, est de réussir à ne pas se faire racheter par un grand acteur étranger, comme l’a été Cardiologs en novembre dernier.

Année par année, les principales levées de fonds des start-up de l’e-santé

Les directions des hôpitaux ont-elles pris la mesure des enjeux qui existent derrière les SI ?

Non, ces outils numériques ne sont souvent perçus que comme un moyen d’avoir une meilleure efficience financière. Beaucoup de temps et d’argent dans les établissements sont consacrés au PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information qui vise à quantifier et à standardiser l’activité et les ressources des établissements de santé, ndlr)  alors que, dans une industrie de service, l’essentiel de la valeur vient du capital informationnel. Lui seul permet de véritablement gagner en efficience et de développer de nouvelles activités. Plus profondément, nous faisons face à un problème d’acculturation des directeurs d’hôpitaux et des médecins. Si la donnée médicale est aujourd’hui de mauvaise qualité, c’est aussi parce qu’aucun d’entre eux n’est formé au management de la donnée. Les logiciels qu’ils utilisent leur font perdre du temps, et ils le savent bien. Le numérique n’est donc pas à leur yeux le formidable levier d’efficience qu’il peut être, lorsque le SI est bien construit.

Enguerrand Habran

Depuis 2021 : Directeur des opérations à la chaire “Bloc Opératoire Augmenté” (BOPA) de l’AP-HP

Chargé d’enseignement à l’ENA et à ESCP sur le data management et la conduite de projets par la data

Depuis 2017 : Membre du Conseil scientifique de l’Institut Mines-Télécom (IMT)

Depuis 2016 : Directeur du Fonds “Recherche et Innovation” de la FHF

De 2014 à 2016 : Président et co-fondateur de New Health (association de soutien à l’innovation numérique en santé)

De 2010 à 2015 : P-DG et co-fondateur de la start-up Catalyser, spécialisée en intelligence artificielle

La responsabilité populationnelle

La responsabilité populationnelle repose sur un modèle d’intégration clinique visant le triple objectif  d’une meilleure santé, une meilleure prise en charge, au meilleur coût, pour une population définie. Elle suppose l’élaboration de programmes qui mobilisent l’ensemble des acteurs de santé d’un territoire. En France, ce modèle est expérimenté dans le cadre  de l’article 51 de la LFSS 2018. Cinq territoires volontaires sont concernés : l’Aube et le Sézannais, la Cornouaille, le Douaisis, les Deux-Sèvres et la Haute-Saône, ce qui représente 1,3 million de personnes. L’expérimentation porte sur les populations atteintes et à risque de diabète de type 2 et/ou d’insuffisance cardiaque. Développé et porté en France par la FHF (sa feuille de route  permettant l’exécution des programmes cliniques), le modèle de la responsabilité populationnelle implique, en termes de stratégie de systèmes d’information, de changer de focale. Il s’agit de passer de systèmes conçus pour prendre en charge de petites cohortes de patients coûteux et complexes, à des systèmes orientés vers la prévention et le maintien en santé de grandes cohortes de personnes et de patients peu complexes, pour éviter la dégradation de leur état de santé.

Les ACO ou l’incitation à la performance 

Nées aux Etats-Unis en 2010 avec le système Medicare (l’assurance santé publique pour les personnes de plus de 65 ans), les organisations de soins responsables (Accountable care organizations ou ACO) rassemblent médecins de ville et hôpitaux qui assument ensemble la responsabilité de la qualité et du coût des soins reçus par leur panel de patients. Aussi, ces ACO sont incités financièrement par l’Etat à respecter des normes de qualité et de performance. En cela, ils s’opposent à la logique de tarification à l’activité (T2A), qui récompense le volume plutôt que la valeur et la coordination des soins. La France s’intéresse de près à ces modèles d’intégration clinique qui illustrent la notion de responsabilité populationnelle : la DGOS a mené deux études portant sur les expérimentations des ACO aux Etats-Unis et des NCM (New Care Models) en Grande-Bretagne.

Romain Bonfillon
  • Données de santé
  • HIMSS
  • Innovation
  • Outils numériques
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