Accueil > Financement et politiques publiques > Politique de santé > Rentrée de la e-santé : l’ANS face au défi de l’acculturation Rentrée de la e-santé : l’ANS face au défi de l’acculturation L’Agence du numérique en santé (ANS) faisait ce 29 septembre sa “rentrée de la e-santé”. L’occasion de revenir sur les avancées réalisées dans le cadre de sa dernière feuille de route et d'esquisser les enjeux futurs. Si les outils existent, notamment Mon espace santé, il reste encore à développer massivement les usages. Par Romain Bonfillon. Publié le 29 septembre 2022 à 17h46 - Mis à jour le 29 septembre 2022 à 18h35 Ressources Parrain de cette édition 2022 de la rentrée de la e-santé, Thomas Fatome, directeur général de l’Assurance maladie (cf. photo), a dans son discours introductif, dressé un état des lieux du virage numérique en santé. “Le premier étage de la fusée, Mon espace santé, a été lancé, le catalogue d’applications le sera dans quelques mois”, s’est-il félicité, avant d’énumérer les défis restant à relever : les usages, tout d’abord (“La bataille pour l’information des usagers n’en est qu’au début, à charge pour nous de montrer aux patients ce que Mon espace santé leur apporte”) ; la sécurité ; la “libération de la data” (“La CNAM souhaite libérer la data”, a-t-il soutenu, évoquant notamment le lancement en juin dernier de la plateforme en open data, Data pathologies) ; la confiance, enfin. Se tournant également vers l’avenir, la Délégation ministérielle au numérique en santé, par la voix de Raphaël Beaufret, a présenté la démarche de sa future feuille de route, insistant sur le défi de la cybersécurité, “qui est largement devant nous”. “Nous sommes au milieu du gué”, a affirmé à sa suite le Dr Jacques Lucas, président de l’ANS, filant la métaphore de “la e-route de la santé”, dont le maillon faible serait l’appropriation par les utilisateurs finaux (patients et professionnels). Si aucun chiffre n’a été révélé sur ce degré d’appropriation, le Dr Jacques Lucas a cependant regretté “le scepticisme des Français par rapport au DMP” (désormais intégré à Mon espace santé, ndlr), qui se manifeste par une forme d’inertie”. Une des solutions qu’il envisage est d’aller vers les territoires, et notamment vers les maires de France, quand bien même la santé, reconnaît-il, ne fait pas partie de leurs prérogatives. Ce sont pourtant eux, au travers du réseau de l’Assurance maladie, qu’il aimerait convaincre pour pouvoir mener à bien son “évangélisation informatique”. Un besoin de formation Lors des trois tables rondes (dédiées respectivement à la libération et à la protection de la data, aux territoires et au secteur médico-social) peu d’annonces auront été faites, les nombreuses interventions visant essentiellement à dresser un bilan des actions menées (cf. la synthèse publiée en juin dernier par la DNS) et à éclaircir le fonctionnement parfois complexe de l’écosystème français du numérique en santé. Notons toutefois ce rappel fait par Frédéric Law-Dune (ANS) lors de la table ronde dédiée à la protection des données : “Tous nos référentiels sont devenus opposables cette année”. Concrètement, cela signifie que leur mauvaise application par un éditeur peut, par exemple, priver ce dernier de l’accès au Store de Mon espace santé ou donner lieu à des sanctions, si les données de santé qu’il récolte ne sont pas stockées chez un hébergeur labellisé HDS. Cette notion de donnée de santé ne coule d’ailleurs pas de source, précise Emilie Passemard (DNS), le motif du recueil de ces données décidant de leur nature (une application de bien-être ou destinée à améliorer une performance sportive ne recueille pas, à proprement parler, des données de santé). Les responsabilités juridiques sont elles-aussi méconnues, relève Nesrine Benyahia, CEO de Dr Data, le professionnel de santé ignorant qu’il est responsable du traitement de la donnée. Beaucoup de chemin reste donc à faire pour former ces professionnels de santé à la donnée, constate Emilie Passemard, signalant que “le volet éthique aura beaucoup d’importance dans la feuille de route 2023-2027 du numérique en santé”. Développer les usages La seconde table ronde, intitulée “Les territoires au cœur de l’accélération des usages en santé numérique” aura insisté sur l’urgence à faire entrer le numérique dans les usages. “Avez-vous eu besoin de formation pour utiliser Google ?”, a lancé le Dr Pierre De Brémond d’Ars à l’adresse du public. Pour ce médecin de ville, la simplicité de l’outil est la clé. Cette notion de simplicité aura finalement essaimé aussi la troisième table ronde, dédiée à la transformation numérique du secteur social et médico-social. Là, plus encore, dans un secteur où les usagers sont particulièrement concernés par l’illectronisme, les acteurs insistent sur “la nécessité de faire tomber les silos”, comme le souligne Odile Jamet (DNS), estimant que “la réussite ne pourra être que collective”. A date, se félicite-t-elle, 6 900 établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) ont été embarqués dans le programme ESMS numérique, pour déployer les usages. Des usages, qui doivent encore être travaillés en observant ce qui se fait dans les territoires, conclut en substance Laurent Joubert, directeur des opérations de l’ANS, “car c’est à cette échelle que les solutions émergent”. Romain Bonfillon Application mobileAssurance MaladieMon espace santéPatientPolitique de santéStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind