Accueil > Financement et politiques publiques > Station H, l’innovation robotique au coeur de l’hôpital Station H, l’innovation robotique au coeur de l’hôpital Station H est le nouveau tiers-lieu des Hospices Civils de Lyon dédié à l’innovation robotique. Lauréat de l’appel à projets européen TEF-Health, cet espace de 400 mètres carrés installé dans l’hôpital Édouard Herriot, permet aux entreprises de tester en vie réelle les robots qu’ils conçoivent. Par Coralie Baumard. Publié le 11 juillet 2023 à 22h20 - Mis à jour le 11 juillet 2023 à 16h41 Ressources Offrir un espace de tests et d’expérimentation aux entreprises développant des robots, c’est l’ambition de Station H. Ce nouveau tiers-lieu des Hospices Civils de Lyon (HCL) dédié à la robotique bénéfice de 400 mètres carrés de locaux au sein de l’hôpital Édouard Herriot. Si les premiers tests avec des entreprises de robotique ont eu lieu en juin 2023, le projet de Station H a été initié il y a plusieurs années. “Il a été lancé à mon initiative, il y a près de cinq ans”, souligne Marc Colombel, professeur en chirurgie urologique au CHU de Lyon et responsable scientifique de Station H. “Aux HCL, explique-t-il, nous sommes à l’origine de plusieurs machines en chirurgie urologique. Le projet est né d’une opportunité d’obtenir des espaces dans l’hôpital pour travailler avec des industriels spécialistes des systèmes mini-invasifs. Progressivement, nous nous sommes rendus compte que la priorité aujourd’hui n’était pas uniquement la robotique médicale mais la robotique de l’hôpital. L’hôpital va devoir s’équiper en robotique d’une manière générale, pour réaliser des interventions modernes et diminuer le temps de séjour des patients, mais aussi pour lever la pénibilité des soignants. C’est dommage de perdre des agents parce qu’ils souffrent physiquement. Pour l’hôpital, il y a aussi un autre challenge, celui de l’attractivité. Les soignants qui sortent de formation aujourd’hui ont besoin de voir que l’hôpital est tourné vers l’avenir, pour cela il faut s’appuyer sur la technologie”. Outre les robots médicaux dédiés à la chirurgie ou à la radiologie interventionnelle, par exemple, Station H entend donc aider à l’adaptation de robots utiles à la logistique de l’hôpital (fabrication de médicaments, transport de prélèvements et de médicaments, manutention, stockage, etc.) Adapter les robots aux besoins de l’hôpital “Aujourd’hui, il y a un problème d’offre et de demande. L’offre est balbutiante et la demande n’est pas très bien exprimée. L’objectif de Station H est de rendre possible cette adéquation entre les besoins de l’hôpital pour pouvoir fonctionner correctement et la valeur apportée par la machine de l’industriel : est-elle adaptée, va-t-elle être acceptée par le personnel ? L’industriel a finalement autant de questions à poser que l’hôpital. Nous sommes un tiers-lieu de confiance, nous créons un espace pour que l’industriel et l’hôpital se rejoignent sur leurs objectifs communs”, affirme Marc Colombel. Station H entend donc accompagner aussi bien des robots en phase de maturation précoce que des robots déjà commercialisés mais présentant des problèmes d’adaptation et d’acceptabilité. “Nous travaillons de plus en plus en amont avec les industriels sur la question de l’acceptabilité. Nous pouvons, par exemple, organiser des débats pour que les infirmières viennent discuter des différents points liés à l’arrivée d’un nouveau robot au bloc opératoire. Cette conversation est guidée par un expert sociologue, enregistrée et retranscrite afin que nous puissions répondre à l’industriel sur les moyens à mettre en œuvre pour que son appareil soit bien utilisé, les procédures à instaurer ainsi que sur les programmes de formation à mettre en place ”, détaille Marc Colombel. Des test sur mesure Pour les industriels dont les robots sont encore en cours de développement, les services sont multiples. Station H leur propose de tester leurs robots dans des environnements simulés et non simulés. Le lieu est équipé de pièces reproduisant des chambres de patients, des salles de soin, des blocs opératoires, des espaces de logistique pour le bloc opératoire, afin de réaliser des mises en situation. “Ces espaces sont modulables, nous pouvons modifier l’environnement pour réaliser des tests sur mesure, par exemple, nous pouvons transformer une pièce en cabinet de médecin généraliste ou en bloc de radiologie interventionnelle, si un client industriel nous le demande”, précise le responsable scientifique de Station H. “Nous pensons que créer ces espaces de rencontre au cœur de l’hôpital, là où se trouvent les usagers finaux, est la meilleure façon d’éviter de développer une solution qui, au final, ne trouvera pas ses usagers” Armelle Dion, Directrice de l’Innovation des HCL Le tiers-lieu leur permet également d’obtenir des retours de leurs utilisateurs finaux (médecins, infirmières, ingénieurs biomédicaux, etc.) pour faire évoluer leurs solutions. “Les entreprises ont besoin d’accéder aux données des professionnels de santé mais aussi des aidants et des patients. Il y a plein de question à se poser lors d’un développement : est-ce que les utilisateurs trouvent cela pratique, éthique et ergonomique ? Nous pensons que créer ces espaces de rencontre au cœur de l’hôpital, là où se trouvent les usagers finaux, est la meilleure façon d’éviter de développer une solution qui, au final, ne trouvera pas ses usagers”, souligne Armelle Dion, Directrice de l’Innovation des HCL. Un soutien pour l’obtention du marquage CE Associer les patients et les aidants à l’innovation est un axe important du projet d’établissement des HCL. “Dans les instances de pilotage de nos tiers-lieux, les patients et/ou les aidants sont présents, ils le sont également dans le choix des projets et dans leur réalisation, si cela se justifie. Nous pensons que c’est une des valeurs ajoutés principales que peuvent apporter les tiers-lieux des HCL. Et si une société ne nous le demande pas, nous allons forcément lui suggérer de les associer”, soutient Armelle Dion. Station H possède également une équipe d’experts dédiés pour conseiller les entreprises. “ Je suis en en train de la construire, elle est aujourd’hui composée de quatre personnes et est amenée à grandir, dans les deux ou trois prochaines années, je pense qu’il est souhaitable que nous ayons une dizaine de personnes sur site. Il s’agit d’ingénieurs mesures spécialisés en ingénierie du design et en mécatronique. Ils seront capables, à terme, d’analyser et de tester un robot de A jusqu’à Z pour que l’industriel dispose d’un diagnostic”, estime Marc Colombel. Station H a l’ambition d’assister les entreprises dans l’obtention de leur marquage CE. La structure peut accompagner les industriels dans la réalisation de tests précliniques, de tests “facteur humain” et d’études cliniques afin d’obtenir les données de sécurité et de performance clinique nécessaire pour constituer leur dossier technique. Station H partage également avec les start-up et les PME son expertise concernant le monde des achats hospitaliers. “Les entreprises peuvent avoir une certaine naïveté sur ces aspects, elles développent des produits intéressants, mais n’ont jamais parlé avec un directeur des achats hospitaliers. Il est important d’avoir conscience des contraintes imposées par le code de la commande publique et la réglementation spécifique au système d’information hospitalier. Ce conseil là est précieux”, considère Armelle Dion. Un outil pour soutenir la stratégie robotique Station H fait partie des quatre tiers-lieux créés par les HCL à la suite d’un appel à projets innovation interne. Si Station H cible la robotique, les autres se consacrent à l’innovation numérique, l’impression 3D et les bases de données d’images permettant d’entrainer les algorithmes d’intelligence artificielle. Station H a donc bénéficié du soutien du budget innovation des HCL, mais la majorité de son financement provient de l’appel à projet européen TEF-Health, dont il est lauréat. “Ce financement de 1,4 M€ partagé à parts égales par la France et l’Europe, nous a permis d’équiper nos locaux, de payer le chargé de mission et de nous doter de diverses compétences afin que les entreprises aient, sur le territoire français, un lieu permettant le test en vie réelle de robots”, indique Armelle Dion. Chirurgie robot-assistée : le temps de l’accélération Lancé en janvier 2023 pour une durée de cinq ans, TEF-Health a pour ambition de soutenir le développement de l’intelligence artificielle en santé en fournissant aux innovateurs des infrastructures et services de test. L’appel à projets européen a été une chance pour Station H, mais même sans l’obtention de ce financement, les HCL prévoyaient d’ouvrir ce tiers-lieu qui s’intègre dans leur stratégie robotique. D’ici fin 2023, le CHU va se doter de sept nouveaux robots grâce à un investissement de 10 M€ sur deux ans (2022-2023). Dans ce cadre, les HCL travaillent, notamment, avec un entrepreneur local sur le projet de développement d’un robot ORL, imaginé par deux de ses médecins. “Nous avons choisi de financer des robots très connus comme les Da Vinci Xi et des robots encore au stade du prototype. Station H a tout à fait sa place pour les projets les plus innovants. Ce sont des choses dont on discute avec l’entrepreneur assurant la recherche et le développement de notre robot. Station H sera présent dans cette démarche”, assure Armelle Dion. “Notre client pourrait très bien être une clinique qui nous sollicite pour robotiser sa logistique. C’est probablement l’avenir de Station H” Marc Colombel, professeur en chirurgie urologique au CHU de Lyon et responsable scientifique de Station H Si le client principal du tiers-lieu est aujourd’hui les HCL, la structure explore différentes pistes pour construire son modèle économique et générer ses propres ressources dont celle de proposer une prestation de conseil et de diagnostic personnalisé aux hôpitaux et aux cliniques. “Notre client pourrait très bien être une clinique qui nous sollicite pour robotiser sa logistique. Nous ne lui dirons pas vers quel industriel se tourner, mais nous pouvons lui dire si elle a besoin de robots mobiles autonomes ou non, s’il faut envisager un bras fixe, un robot capable de soulever 1200 kilos ou encore s’il est nécessaire de s’équiper en 5G, car trois robots vont devoir travailler et que le réseau se doit d’être efficace. Tout cela en se basant sur notre expertise de fonctionnement d’un hôpital. C’est probablement l’avenir de Station H”, imagine Marc Colombel. Le tiers-lieu n’a pas fini d’expérimenter. Le marché des robots de logistique hospitaliers progresse Le marché mondial des robots de logistique hospitaliers était évaluée à 971,25 millions de dollars en 2021, d’ici 2030 il devrait atteindre 5637,85 millions de dollars, avec un taux de croissance annuel composé de 21,2% de 2022 à 2030, selon un rapport publié par Research and Markets. La demande de robots logistiques hospitaliers a augmenté dans le monde entier, en raison de l’augmentation des besoins en télémédecine. L’Amérique du Nord domine ce marché et devrait continuer à en détenir une part dominante d’ici 2030, grâce à la mise en œuvre de technologies de l’industrie 4.0 telles que l’IoT et les systèmes basés sur le cloud. Coralie Baumard entreprisesFinancementsHôpitalR&DRobotiquestart-up Besoin d’informations complémentaires ? 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