Accueil > Financement et politiques publiques > TENDANCES 2023 : Un ralentissement des investissements en e-santé TENDANCES 2023 : Un ralentissement des investissements en e-santé mind Health décrypte 10 tendances qui ont marqué l’année 2022 et qui seront encore au cœur des enjeux de 2023. Dans cet article, focus sur le comportement des financeurs et celui des start-up en santé dans une économie mondiale en crise. Par Romain Bonfillon. Publié le 17 janvier 2023 à 23h09 - Mis à jour le 03 février 2023 à 15h44 Ressources Signaux forts Après des années de croissance, l’économie de la santé numérique a connu une correction sévère aux Etats-Unis, synonyme d’une vague remarquée de licenciements… Exicure, Included Health, Pear Thearapeutics, Olive, Ro, Carbon Health… Elles sont a minima une vingtaine de sociétés du secteur à avoir taillé dans leurs effectifs, parfois drastiquement. Pour la plupart, ces sociétés avaient effectué de belles levées de fonds les deux années précédentes, mais elles ont été rattrapées par un effet ciseau : après avoir beaucoup investi, notamment en ressources humaines, elles ont dû licencier alors que le marché s’est contracté en 2022, notamment en raison du contexte international (guerre en Ukraine, inflation, nouveaux confinements en Chine). Le secteur des biotech a été particulièrement atteint. Le financement et les accords de technologie biopharmaceutique sont en chute libre, notait le rapport “State of Biopharma Tech” de CB Insights, publié en août 2022. Le financement mondial de la technologie biopharmaceutique a atteint 1,3 milliard de dollars au T2 22, soit une baisse de 54 % par rapport au trimestre précédent. La liste des levées de fonds des start-up de la e-santé Biotechs : après une année folle d’introductions en bourse, la fête est finie Ce contexte international confronte les investisseurs à de nombreuses incertitudes qui les poussent à la prudence. Comme l’expliquait Pierre Moustial, directeur général de Lauxera, à mind Health : “La grande stratégie de tous les fonds et de toutes les sociétés est de réduire la voilure pour avoir plus de cash et disposer de plus de temps entre deux levées”. Une étude de la société de conseil Fletcher Spraght sur l’état de l’investissement du capital-risque dans les medtechs aux Etats-Unis, parue en septembre 2022, constate ainsi une réduction de moitié des investissements dans les dispositifs médicaux au premier semestre 2022. Plus inquiétant : “la fenêtre des introductions en bourse s’est fermée en deux mois, au début de l’année 2022”, observe Denis Lucquin, managing partner et ancien président du fonds spécialisé en santé de Sofinnova. Dans le domaine du diagnostic, alors qu’il y avait eu 15 introductions en bourse aux États-Unis en 2021, il n’y en a eu aucune sur les 6 premiers mois de 2022. S’agissant des DM, il y en a eu 12 IPO en 2021, contre une seule dans le premier semestre 2022. Pourquoi c’est important ? Se pose aujourd’hui la question du risque de contagion à l’Europe et en particulier à la France de ces difficultés de financement. Sur ce point, deux constats peuvent être faits : celui d’un bon maintien des investissements en France et, plus globalement, d’une dynamique de l’écosystème. À ce titre, Chahra Louafi, qui dirige le Fonds Patient autonome de Bpifrance, expliquait à mind Health que le marché français du numérique en santé est beaucoup plus jeune (“il y a encore peu de séries C en France”). Notre phase d’expansion se poursuit donc. À l’échelle internationale, le marché de la e-santé se rationalise. Passé l’effet d’emballement des deux années de crise sanitaire, les investisseurs ne financent plus à tout va, sur d’hypothétiques chances de succès d’une solution. Ainsi, du côté des financeurs “early stage”, Samantha Jerusalmy (Elaia) note aussi que les temps d’analyse d’un dossier, généralement assez courts, se sont allongés sur les derniers mois, compte tenu de la situation baissière des marchés. “Plus prudents, les investisseurs temporisent et s’adaptent tous au marché actuel, très axé sur les boîtes déjà en portefeuille” observe-t-elle. Le baromètre annuel mind Health des levées de fonds des start-up de la santé numérique, que nous dévoilerons la semaine prochaine, rend compte à la fois d’une augmentation en valeur absolue des montants levés et d’une baisse du nombre de start-up ayant levé des fonds. Logiquement, le ticket médian des fonds levés a donc augmenté. En somme, on lève moins, mais on lève “mieux”. Ce constat révèle à la fois une montée en maturité des entreprises qui lèvent (plus de séries B ou C) et une crainte : il faut lever “plus gros” maintenant car l’investissement se contractant, les start-up ne sont pas sûres de pouvoir lever par la suite… Selon Denis Lucquin, managing partner et ancien président du fonds spécialisé en santé de Sofinnova, “la Vallée de la mort du financement dans laquelle nous sommes entrés il y a 6 mois va durer encore 2 ou 3 ans. Levez le plus d’argent possible et ne faites pas la fine bouche en termes de dilution du capital, ayez avant tout en tête l’intérêt de votre entreprise”, conseille-t-il aux start-up. Conséquence de cette contraction des investissements, les opportunités pour les entreprises de la santé numérique vont se faire au travers des fusions et acquisitions (qui ont le triple intérêt de permettre des économies d”échelle, d’agrandir le portefeuille de solutions et le marché potentiel et de satisfaire les actionnaires). C’est ce que traduit un rapport de la Silicon Valley Bank consacré aux healthtech, qui montre une hausse de ces mouvements de fusion et acquisition (ce que Denis Lucquin appelle “l’ouverture de la chasse”) et des marchés malgré tout en croissance, comme ceux de la Femtech et de la santé mentale. “Nous sommes passés d’une ère de croissance à tout prix à une ère qui met clairement l’accent sur la création de valeur”, expliquent les auteurs du rapport. En somme, nous sommes dans une phase de rationalisation des investissements, après l’emballement de la période Covid. E-santé : les dix tendances de 2023 1 – Un ralentissement des investissements en e-santé 2 – Les Gafam affinent leur stratégie en santé 3 – Remettre les émetteurs de données de santé au centre 4 – Renforcer la sécurité des SIH 5 – DTx, une filière (toujours) en attente de réglementation 6 – Tensions sur la bioproduction 7 – DM, le bras de fer sur les textes européens continue 8 – La course au cloud souverain est lancée 9 – Les nouveaux marchés de la e-santé 10 – Le métavers, ok, mais pour y faire quoi ? Romain Bonfillon acquisitionFonds d'investissementFusionIPOLevée de fondsLicenciementtendances sectorielles Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Année par année, les principales levées de fonds des start-up de l'e-santé