Accueil > Industrie > Accès au marché > Incepto lève 27 M€ pour s’étendre en Europe Incepto lève 27 M€ pour s’étendre en Europe Incepto, plateforme de solutions d'intelligence artificielle appliquées à l’imagerie médicale, vient d’annoncer, ce lundi 19 septembre, une levée de fonds de 27 M€. Ce financement lui permettra notamment de lancer son offre dans quatre nouveaux pays : l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Antoine Jomier, CEO et l’un de ses fondateurs, revient pour mind Health sur sa stratégie et sur les spécificités du marché - en hypercroissance - de l’IA en radiologie. Par Romain Bonfillon. Publié le 19 septembre 2022 à 7h00 - Mis à jour le 19 septembre 2022 à 18h17 Ressources Incepto annonce ce lundi 19 septembre une levée de fonds de 27 millions d’euros, dans le cadre d’un tour de table mené par LBO France, avec la participation de Wille Finance et de ses investisseurs historiques AXA Venture Partners (AVP), le fonds Patient Autonome de Bpifrance et Karista. Fondée en 2018 par Antoine Jomier (CEO) aux côtés de Florence Moreau (CTO) et Gaspard d’Assignies (radiologue), cette start-up française a misé sur une approche – inédite à ses débuts – en plateforme, qui consiste à proposer un bouquet de solutions d’IA en radiologie, dans lequel les radiologues viendraient piocher en fonction de leurs besoins cliniques. “Un des enjeux, ajoute Antoine Jomier, était aussi d’intégrer la réponse de l’intelligence artificielle directement dans le dossier du patient, et dans tous les équipements existants, en particulier les PACS (des serveurs dédiés à l’archivage et à la transmission d’images médicales, ndlr). Notre plateforme, se met derrière le PACS, récupère les résultats de l’examen, le désidentifie, le transmets via le cloud à la start-up qui a développé une application d’IA dédiée au besoin clinique spécifique, et nous récupérons leur réponse pour la réintégrer dans le dossier patient. Nous jouons le rôle d’orchestrateur”, résume-t-il. La plateforme d’Incepto compte aujourd’hui une quinzaine de solutions, dont 5 nouvelles, annoncées en même temps que sa levée de fonds : IBlab, Milvue, PAIRE, Smartsoft et Thirona. Objectif : réduire les délais d’attente Les délais d’attente pour un IRM sont de 30 jours en moyenne et vont jusqu’à 70 jours dans certaines régions, selon la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR). Dans le cadre de ce déficit des capacités radiologiques, l’intelligence artificielle (IA) permet notamment de réduire les délais d’interprétation des images et donc les délais d’attente aux urgences (de 30 à 40 %, selon l’expérience menée par Incepto au service des urgences du CHU de Rennes), au point qu’il est, désormais possible d’envisager de nouveaux parcours de soins. “Le fait qu’une application puisse dire avec une valeur prédictive négative de 99, 9% qu’il n’y a pas de fracture, peut permettre, si le service des urgences et celui de radiologie s’organisent bien, de mettre en œuvre un nouveau parcours patient, où ce dernier, après avoir eu la réponse de l’appli d’IA et la confirmation du médecin urgentiste, pourrait sortir très rapidement”, explique Antoine Jomier. Cette IA, est aussi un moyen selon lui de “faire baisser la charge mentale du radiologue, qui passe beaucoup de temps à se demander s’il n’est pas allé trop vite sur tel ou tel patient. Avoir à ses côtés une solution d’IA qui permet, en environ 2 minutes, de confirmer ou d’infirmer le diagnostic, est une aide précieuse”. “L’imagerie médicale vit véritablement une révolution technologique avec l’intelligence artificielle et dans les congrès de radiologie, il n’est désormais presque que question d’IA” Antoine Jomier, CEO et co-FONDATEUR D’incepto Le boom de l’IA en radiologie “L’imagerie médicale vit véritablement une révolution technologique avec l’intelligence artificielle et dans les congrès de radiologie, il n’est désormais presque que question d’IA”, observe Antoine Jomier. On compte énormément d’applications d’aide au diagnostic, de mesure automatique, de quantification qui sont développées sur chaque technique d’imagerie, sur chaque pathologie et sur chaque organe. Environ 300 sociétés dans le monde sont aujourd’hui très bien financées et ont amené des solutions jusqu’au marquage réglementaire (CE ou FDA). Pour Antoine Jomier, CEO d’Incepto, le marché de l’IA en radiologie va être boosté par la Medtech et l’industrie pharmaceutique L’originalité de ce marché est d’être désormais porté par des start-up, ce qui n’était pas le cas en 2016, époque où Antoine Jomier a animé toute l’activité commerciale d’imagerie pour GE Healthcare, en France. “L’innovation sur le digital ne se fait plus chez les gros constructeurs, qui se concentrent sur le hardware. Le cloud, qui permet d’accéder à l’innovation en mode service, avec des tickets d’entrée qui sont plus bas, a aussi ouvert ce marché aux petits acteurs”, analyse-t-il. L’avenir du marché de l’imagerie médicale, évalué (sur la base d’une estimation faite par la Cour des comptes) à environ 1 milliard d’euros en France et 40 milliards d’euros dans le monde pour les équipements et services (source : Capgeris) se jouera beaucoup, selon le CEO d’Incepto, “dans la Medtech et l’industrie pharmaceutique, car les essais cliniques ont de plus en plus besoin de l’imagerie, et l’IA permet d’automatiser des mesures et de centraliser les résultats plus facilement”. Laurence Comte-Arassus (GE Healthcare) “Notre plateforme est une solution d’homogénéisation de l’écosystème” Un marché peut en cacher un autre À noter qu’Incepto ne fait pas qu’agréger les solutions d’autres start-up. La société a aussi co-développé deux solutions (ARVA et KEROS) dédiées au diagnostic des anévrismes de l’aorte en scanner CT et aux IRM du genou. “Des solutions pour l’anévrisme de l’aorte ou le suivi de la sclérose en plaques (SEP), que nous proposons également sur notre plateforme, ne représentent que peu de volume d’imagerie”, concède Antoine Jomier. Mais, ajoute-t-il, “le marché devient très significatif lorsque l’on remonte la chaîne de valeur”. Certaines endoprothèses aortiques peuvent coûter 15 000 euros et les traitements de la SEP coûtent également très chers (environ 10 k€/an/patient en France en 2004, un chiffre qui a explosé ces dernières années). A l’assaut du marché européen Allemagne, Espagne, Italie et Portugal…ces quatre pays proposeront désormais la plateforme d’Incepto, qui a choisi de s’y implanter, “en raison de la proximité de nos systèmes de santé – un modèle bismarckien où le payeur est souvent l’État – et de leur approche territoriale, identique à la nôtre”, explique Antoine Jomier. Concrètement, Incepto implantera dans chacun de ces pays une équipe commerciale qui maillera le territoire et “va aider à qualifier le besoin, à conseiller les acteurs de l’imagerie sur les solutions existantes, à monter un projet, à installer notre plateforme avec l’appui de techniciens, puis à assurer la formation et la conduite du changement”. Incepto consacrera la moitié des 27 M€ levés à cette ambitieuse conquête du marché européen (l’autre moitié sera consacré au développement technologique de la plateforme et de nouvelles solutions). Une façon et “une volonté d’aller vite et de prendre rapidement une position de leader”, qu’assume Antoine Jomier, “parce que le marché démarre et que nous commençons à voir apparaître des plateformes concurrentes”. Les objectifs de croissance Incepto travaille aujourd’hui avec plus de 150 clients et sites de radiologies, dont une vingtaine de CH et CHU (AP-HP, Grenoble, Montpellier, Nancy, Poitiers, Rennes…) et des réseaux privés comme France Imagerie Territoires, le groupe 3R, Elsan, Telediag ou encore Affidea, dernier partenariat signé en date. A noter qu’Incepto travaille aussi depuis 18 mois avec Philips, le leader des PACS en France (65% du marché), “cela a permis à la société de gagner ensemble de très gros clients”, reconnaît Antoine Jomier. Incepto apporte aujourd’hui ses services d’IA à 100 000 patients/mois. Avec cette levée de fonds, la scale-up européenne espère toucher 1 M de patients/mois et atteindre le millier de clients en 2024. Antoine Jomier Depuis 2018 : Co-fondateur et PDG d’Incepto Septembre 2001 : entre chez GE Healthcare, où il occupe plusieurs fonctions commerciales, jusqu’à celle de Imaging Sales Manager pour la France, entre 2015 et 2017 2001 : Diplôme d’ingénieur des ponts et chaussée Romain Bonfillon Imagerie médicaleIntelligence ArtificielleLevée de fondsMarchéPlateformes Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Bayer se lance sur le marché de l’IA en radiologie Une centaine de milliers d’images cérébrales créées par une IA Median Technologies veut améliorer les essais en oncologie avec son "Imaging Lab"