Alan lève 23 millions d’euros pour accélérer sa croissance

La start-up d’assurance complémentaire santé Alan a enregistré un “run rate” (chiffre d’affaire annualisé) de 5 à 6 millions d’euros en mars, a dévoilé le 10 avril Jean-Charles Samuelian, co-fondateur et PDG, à l’occasion de l’annonce d’une nouvelle levée de fonds. La société espère tripler ce montant d’ici un an.

Alan a annoncé une levée de fonds de 23 millions d’euros menée par Index Ventures, avec la participation de Xavier Niel et des investisseurs historiques de la start-up (Open CNP, Partech et p3VC). “Le “term sheet” a été signé en dix jours après la rencontre avec les investisseurs, assure le PDG, puis la validation de l’opération par l’ACPR a pris environ deux mois.” Jean-Charles Samuelian assure que les fondateurs et l’équipe restent “largement majoritaires au capital”. Selon le Financial Times, la transaction valoriserait Alan entre 100 et 150 millions d’euros. “La levée n’était pas une nécessité puisque nous sommes déjà quasiment rentables”, indique le PDG qui avait déjà levé 12 millions d’euros en octobre 2016. “Mais elle va nous permettre d’accélérer.”

La start-up revendique actuellement plus de 7 000 personnes protégées dont 15 à 20 % d’indépendants (Alan a lancé en 2017 une offre pour les particuliers). Plus de 850 entreprises ont souscrit l’assurance santé collective, qui cible les sociétés comptant jusqu’à 200 collaborateurs. Grâce aux fonds levés, Alan souhaite tripler le nombre d’utilisateurs cette année et atteindre 100 000 personnes protégées d’ici trois ans. Pour ce faire, la société qui compte aujourd’hui une vingtaine de collaborateurs, dont 8 pour l’équipe technique, devrait passer à 80 salariés d’ici la fin de l’année. “Nous allons renforcer les équipes produit, design, technique mais aussi monter une équipe marketing”, précise Jean-Charles Samuelian. Jusqu’ici, un seul collaborateur se chargeait du marketing et Alan a basé sa croissance avant tout sur le bouche à oreille.

Prévoyance avec CN

Assurance santé complémentaire agréée en octobre 2016 par l’ACPR et lancée en février 2017, Alan mise sur un produit d’assurance santé à l’expérience utilisateur agréable. “Notre objectif est d’offrir un produit simple et transparent, de donner un accès au système de santé plus facile pour les RH et les salariés et ainsi d’aider à la rétention des salariés ; et enfin de mettre l’accent sur la qualité de service en gardant en interne le support client”, raconte le PDG. Quatre collaborateurs y sont actuellement dédiés. Outre un temps de réponse médian du service client d’une minute, la plateforme permet aux utilisateurs de transférer des documents par photo et d’accéder en ligne à leur journal de remboursements.

Alan propose également désormais des produits de prévoyance, via un accord de distribution avec CNP. “Entre 60 et 70 % du portefeuille entreprises y ont également souscrit”, assure Jean-Charles Samuelian. Avant son lancement, Alan a analysé des données de marché et interviewé “des centaines d’entreprises” pour déterminer son modèle et ses prix. “Nous avons finalement dégagé une plus forte rentabilité que prévu sur les produits de santé, se réjouit le cofondateur. Nous avons donc baissé les prix de 55 à 50 euros par mois et par salarié en août dernier et augmenté les garanties en dentaire, optique et hôpital”.

Prise de RDV en ligne à venir

A terme, Alan veut “créer des outils pour aider les utilisateurs à prendre de meilleures décisions, par exemple en sachant exactement combien va leur coûter tel médecin, en recevant des notifications de prévention au bon moment…”, commente le PDG. “Nous voulons insister sur le sujet du bien-être au travail, avec des outils de prévention du stress par exemple.” Objectif : “passer d’assureur santé à une plateforme d’accès au système de santé.”

Un système de prise de rendez-vous en ligne devrait par exemple être intégré à la plateforme, dévoile le PDG, probablement via un partenariat avec un acteur existant. Concernant les objets connectés de santé, ce n’est pas encore au programme. “La donnée n’est pas encore assez qualifiée et nous avons bien d’autres projets”, assure Jean-Charles Samuelian.

Toujours est-il qu’Alan envisage de demander la certification d’hébergeur de données de santé… pour développer des services de santé. “Il y aura une muraille de Chine entre les services d’assurance et de santé”, se contente de déclarer le CEO, qui refuse de dévoiler les projets de la start-up en la matière. “Des annonces de fonctionnalités et produits auront lieu d’ici septembre”.

Malgré l’importance de cette dernière levée de fonds, l’international n’est pas encore fixé sur la feuille de route. “Le marché français pèse 50 milliards d’euros, nous allons donc nous concentrer sur notre développement dans l’Hexagone cette année, même si à terme nos ambitions sont européennes”, conclut Jean-Charles Samuelian.