Accueil > Industrie > Antoine Denis (Microsoft France) : “Nous souhaitons certifier nos datacenters pour l’hébergement de données de santé” Antoine Denis (Microsoft France) : “Nous souhaitons certifier nos datacenters pour l’hébergement de données de santé” Alors que Microsoft a officialisé l’ouverture de datacenters en France, notamment pour le secteur de la santé, le directeur du développement et de l’innovation des activités Santé de Microsoft France, Antoine Denis, détaille pour mind Health la stratégie de la firme américaine dans l’Hexagone. Par Aurélie Dureuil. Publié le 14 mars 2018 à 13h32 - Mis à jour le 20 juillet 2022 à 12h19 Ressources Que représente l’activité Santé de Microsoft France ? Au sein de notre organisation mondiale, l’activité Industrie adresse six marchés répartis en deux grands secteurs : commercial avec la distribution, le secteur manufacturé et la finance, et sociétaux avec les gouvernements, l’éducation et la santé. Au sein de l’industrie de la santé, nous adressons trois verticales : toutes les personnes qui fournissent du soin (secteurs sanitaire et médico-social, en allant des professionnels de santé libéraux aux grandes structures hospitalières), les payeurs (publics avec les CNAM, CNAV, Pôle emploi… et privés avec les mutuelles), et les laboratoires pharmaceutiques. Quelle organisation déployez-vous pour adresser ce secteur ? En France, nous avons une équipe de 12 personnes, essentiellement des directeurs de compte, organisés par verticale, et des directeurs techniques qui travaillent sur les technologies et les services pouvant accompagner la transformation digitale de chacun de nos clients. Le point essentiel de notre business model est de ne pas adresser le marché de façon directe mais au travers d’un écosystème de partenaires. Les acteurs de ces verticales utilisent des produits ou services de nos partenaires s’appuyant sur nos solutions. Que représente ce marché en termes de chiffre d’affaires ? Nous ne communiquons pas de chiffre d’affaires par industrie au sein des filiales. De plus, notre chiffre est ventilé dans les différentes business units intervenant pour les projets Santé : services, logiciels, etc. (ndlr, au niveau mondial, Microsoft a enregistré 90 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour son exercice clos à l’été 2017, pour un bénéfice d’exploitation de 22,3 Mds $. En France, le groupe emploie près de 1 600 personnes) Notre ambition est relativement simple. Nous voulons aider nos partenaires français du secteur à se transformer pour qu’ils puissent ensuite aider les différents acteurs du système de santé à se transformer eux-mêmes. Cela nous permet de proposer des socles technologiques, de services, de logiciels très universels pour les différentes industries. Nous travaillons autour de trois offres : la plateforme Cloud Azure, le logiciel Office 365 et l’intelligence artificielle. Quelles sont les applications autour du Cloud Azure ? Le pari stratégique de Microsoft est de concentrer l’essentiel des investissements dans Azure. Cette plateforme Cloud permet de faire de l’infrastructure de services (IaaS) et de bâtir des Plateformes as a service (PaaS). Cela permet aux éditeurs de logiciels sur le marché de la santé de proposer des solutions en mode SaaS reposant sur Azure. Nous constatons que le marché français de la santé est en train de migrer vers une approche en mode SaaS. Il existe de gros besoins pour les établissements de soins de se recentrer sur leur métier en s’appuyant sur des briques fonctionnelles et des solutions faciles à utiliser avec un modèle de paiement à l’usage. Vous travaillez également sur le sujet de la mise en place des GHT. Quelles sont les problématiques ? Notre 2e gamme tourne effectivement autour de cette actualité très forte sur le marché français : la mise en place des groupements hospitaliers de territoire (GHT). Il s’agit de répondre à la question : comment faire collaborer toute la chaîne de soins ? Nous travaillons avec la Centrale d’achats d’informatique hospitalière (CAIH), afin de construire une offre avec Office 365 spécifique pour les GHT. Elle sera disponible pour tous les adhérents de CAIH, qui a déposé une demande d’agrément auprès de l’Asip Santé pour être hébergeur de données de santé avec cette solution Office 365. Il est plus que temps que le marché français implémente des solutions d’IA de manière industrielle au lieu d’organiser des colloques Antoine Denis directeur du développement et de l’innovation des activités Santé de Microsoft France Sur le sujet de l’intelligence artificielle, vous avez multiplié les actions dernièrement avec notamment l’IA Challenge avec Pierre Fabre, une conférence avec Medicen. Quelle est votre stratégie dans ce domaine ? Le 3e pan de notre offre repose sur l’intelligence artificielle. Aux Etats-Unis, l’IA est déjà en place en mode industriel. Les solutions visent à améliorer l’efficience clinique et médico-économique. Il est plus que temps que le marché français implémente des solutions de manière industrielle au lieu d’organiser des colloques. Nous travaillons pour les trois verticales sur le sujet de l’IA. Dans l’imagerie pour les établissements, nous sommes partenaires de GE Healthcare et Siemens qui étudient des solutions qui permettront d’exploiter le patrimoine extraordinaire de données, encore peu exploité. Nous collaborons également avec Median Technologies sur l’analyse des signatures de phénotypes par pathologie pour l’aide à la détection diagnostic. Nous avons également des projets pour aider à réduire la variance d’une prise en charge. Grâce aux données d’un établissement, nous pouvons prévoir la durée d’un séjour en identifiant les patterns avec du machine learning. Cela permet ensuite à l’établissement d’adapter son plan de charge du personnel. En France avec qui travaillez-vous aujourd’hui dans l’IA ? Comme je viens de le citer, nous travaillons avec Median. Sur la segmentation des images d’organes, nous avons un partenariat avec TeraRecon. Nous avons également co-organisé l’IA Challenge avec Pierre Fabre. Enfin, nous avons un projet avec les Hospices civils de Lyon pour utiliser l’IA dans la gestion des comptes-rendus afin de libérer du temps pour les médecins. Microsoft France a ouvert une école IA à Paris début mars. La santé sera-t-elle concernée ? Le but de cette école est de former des personnes, sans diplôme ou éloignées de l’emploi, aux technologies de l’IA multi-industries. Il n’y aura pas de focus spécifique sur la santé. Dans ce domaine, nous organisons le 22 mars les matching days à Station F avec l’Institut du cerveau et de la moëlle épinière (ICM) afin de faire dialoguer les start-up partenaires de Microsoft autour des techniques de l’IA avec leurs start-up santé. Au cours de l’événement avec Medicen, vous aviez présenté la volonté de Microsoft de conclure des partenariats avec les sociétés. Quelle est votre stratégie ? Depuis juillet 2017, nous avons mis en place au niveau mondial, une division spéciale pour les partenariats, nommée OCP. Il s’agit de proposer un guichet unique, afin d’être capable d’adresser les start-up comme les grands groupes. Nous les aidons à co-construire leurs solutions d’un point de vue soit technique soit de définition du business model. Nous avons ensuite une équipe Go to market pour porter sur le marché cette solution. Nous utilisons notre capacité à adresser un marché, en faisant un cadrage par exemple, en leur donnant de la visibilité… Nous n’avons pas vocation à entrer au capital de nos partenaires, mais à co-construire des offres qui s’appuient sur notre socle technologique ou logiciel. Nous sommes alors dans un mode de revenu-sharing. Aujourd’hui, 100 % de notre activité santé repose sur des partenaires. Microsoft France a annoncé le 14 mars des investissements dans des datacenters. Comment le secteur de la santé est-il concerné ? Aujourd’hui, un cadre juridique spécifique à la France impose d’être hébergeur de données de santé, ce qui n’était pas possible pour les fournisseurs de cloud. Nous ne sommes pas agréés. Nous ne sommes donc pas autorisés à stocker ou traiter des données personnelles, ce qui nous handicape. Avec le passage à la certification, les industriels seront en capacité de demander la certification à partir du 1er avril. Nous souhaitons certifier nos datacenters, mais attendons la publication des arrêtés. Antoine Denis Juillet 2015 : Directeur du développement et de l’innovation des activités Santé de Microsoft France. Juillet 2010 : Directeur de compte sur les hôpitaux français de Microsoft France. 2001 : Occupe divers postes de direction de comptes chez Microsoft France. 1997 : Responsable des ventes chez GE. 1988 : Ingénieur en systèmes d’information et télécoms de l’ISEN (Institut supérieur d’électronique et du numérique). Aurélie Dureuil cloudéditeurGHTIntelligence ArtificielleStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind