Carlos Jaime (Medicen) : “Notre objectif : animer un écosystème, créer des évènements, rendre visibles des initiatives régionales et organiser des appels à manifestation d’intérêt”

1 Quels sont les objectifs de la commission Digital health de Medicen ?

La santé numérique fait partie des cinq domaines d’activité stratégique de Medicen avec le diagnostic in vitro, l’imagerie diagnostique et interventionnelle, la médecine régénératrice et les biomatériaux et la médecine translationnelle. La santé numérique est transversale. La commission regroupe des grands groupes privés (Cisco, Microsoft, Medtronic, IBM, Air Liquide, Orange, La Poste, Sanofi, Roche, Merck…), des PME (Visiomed, Evolucare, Adscientiam…), des jeunes entreprises (Dreems, Medecin Direct, BioSerenity, Epiconcept), mais aussi des acteurs de l’assurance et des mutuelles comme Axa et Malakoff Mederic, des opérateurs de clinique privée (Ramsay, GDS) et des institutionnels (AP-HP, CEA, Inria, la Région…). L’objectif est d’animer un écosystème, de créer des évènements, de rendre visible des initiatives régionales et d’organiser des appels à manifestation d’intérêt qui font converger des grands groupes, des start-up, des académiques… Nous avons par exemple organisé une conférence avec Microsoft sur le sujet de l’intelligence artificielle dans la santé mi-décembre 2017 (voir article). En mars 2018, nous co-organisons avec Sanofi et la région Ile-de-France, MedExperience afin de créer un espace de partage sur l’ensemble des initiatives et de donner une visibilité internationale. Nous attendons plus de 1 000 participants.

2 Comment analysez-vous la maturité de ce secteur en France ?

Il s’agit d’un marché en devenir. Certaines initiatives sont visibles comme Sanofi, Abbott… Certains acteurs étaient présents sur le marché très tôt et ont pris une place stratégique comme Visiomed, Docaposte, Orange, Axa… Et, nous voyons la maturité des projets qui augmente ces dernières années aussi bien en terme d’approche du marché que de business model. De plus, les Français sont prêts. Certaines pathologies vont voir des développements plus rapides comme le diabète, l’insuffisance cardiaque, l’insuffisance respiratoire et la psychiatrie. Nous identifions plusieurs sujets. D’abord comment faciliter la vie des soignantes et des soignées, l’apport de l’intelligence artificielle qui est aux prémices dans la santé… Le numérique est un outil qui permet de consolider un parcours, une philosophie de travail, mais certainement pas la solution. Le prochain déclic devrait intervenir d’ici 2 à 5 ans autour de l’adhésion au digital dans les maladies chroniques, grâce à l’arrivée de solutions plus pertinentes et moins visibles. Mais il faudra attendre encore une bonne dizaine d’années pour voir le vrai impact de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la santé à un niveau plus global. Notre objectif chez Medicen comme chez InterSystems est de permettre à nos adhérents comme nos clients d’être prêts à adresser ce marché stratégique lorsque celui-ci “explosera”.

3 Quels sont les projets accompagnés par la commission ?

Medicen compte 320 membres et, depuis sa création en 2005, 183 projets ont été achevés et 289 projets ont été labellisés et financés. Dans le domaine de la santé numérique, nous avons initié plusieurs projets sans besoin de financement. La commission de Medicen a permis des collaborations, de façon naturelle, de porteurs de projets en France et à l’international. Lancé en novembre 2017, l’appel à manifestation d’intérêt Digital health for chronic disease management (DHforCDM) a permis de faire émerger des 57 projets pour l’utilisation des outils numériques dans la prise en charge des patients souffrant de maladies chroniques respiratoires. 57 acteurs ou consortiums très différents ont postulé : des hôpitaux, des acteurs du médicosocial, des entreprises. L’objectif serait d’avoir une quinzaine de projets qui émergent autour de solutions. Il y a beaucoup de sources de financements disponibles, notamment la Commission européenne dans le cadre des projets H2020 et les fonds Feder. Notre rôle est celui d’un GPS qui permet de trouver le chemin le plus rapide et le plus professionnel pour avoir accès à ces fonds.