Accueil > Industrie > Accès au marché > Comment Healsy s’appuie sur l’Amtim pour développer son IA de prédiction dans le diabète Comment Healsy s’appuie sur l’Amtim pour développer son IA de prédiction dans le diabète La start-up française vient de réaliser une étude observationnelle pour tester la validité de son modèle d’intelligence artificielle de prédiction dans le domaine du diabète. Son dirigeant, Stéphane Bidet, et le professeur de médecine en charge de l’Amtim, Éric Renard, détaillent pour mind Health cette collaboration. Par Aurélie Dureuil. Publié le 30 novembre 2018 à 11h07 - Mis à jour le 30 novembre 2018 à 11h07 Ressources Développer une solution de prédiction pour les patients diabétiques, tel est l’objectif de la start-up Healsy. Et pour y parvenir, la société créée en juin 2016 s’est rapidement rapproché du CHU de Montpellier, de l’équipe d’Éric Renard, coordinateur du département d’endocrinologie, diabète, nutrition de l’établissement, et de l’Association d’aide aux malades traités par infusion médicamenteuse (Amtim). “Nous prenons part aux développements et aux évaluations de pompes à insuline, de systèmes de mesure du glucose en continu et de pancréas artificiels. L’association est constituée d’une dizaine de médecins, de cinq infirmières et d’attachés de recherche clinique. Nous avons une file active de 1 200 patients traités par pompe”, confie Eric Renard. Son service compte une trentaine de lits au sein du CHU pour les soins et la recherche dans le domaine technologique dédié à la prise en charge du diabète, ajoute-t-il. Il est ainsi impliqué dans plusieurs recherches sur le sujet. “L’équipe d’Healsy souhaite développer des choses qui peuvent bénéficier aux patients en demandant ce qui leur manque”, remarque le professeur de médecine qui déplore être régulièrement sollicité par des personnes développant des “solutions” sans avoir pris en compte les besoins des patients diabétiques. Une solution en deux briques technologiques La start-up développe un système de prédiction personnalisée pour les patients diabétiques (type 1 et type 2) leur permettant d’anticiper les variations de glycémie à partir de données physiologiques mesurées en temps réel. “Les patients diabétiques traités par insuline font en permanence le pari de la dose d’insuline qu’ils doivent s’administrer. Ils doivent prendre des décisions plusieurs fois par jour. Dans cette maladie, il existe une grande complexité dans la prise de décision”, observe Eric Renard. C’est là que veut se positionner Healsy, avec deux systèmes : un carnet de suivi intégrant la prédiction de l’évolution de la glycémie et des conseils et un simulateur thérapeutique. Le carnet de suivi est présenté sous forme d’application mobile qui récolte les informations provenant des capteurs comme les lecteurs de glycémie et pompes à insuline mais également les informations fournies par les patients sur leur alimentation et leur activité physique. La société développe un modèle reposant sur des modèles de pharmacocinétiques couplés à des algorithmes de machine learning. A partir d’une base commune, le système est ensuite calibré et entraîné avec les données de chaque patient afin d’obtenir un modèle personnalisé, permettant de prédire pour chaque patient diabétique sa glycémie dans les deux heures. La prédiction est proposée après une phase d’apprentissage de la solution à partir d’informations sur le patient puis en tenant compte des informations au quotidien du patient. Plusieurs campagnes de collecte de données avant une étude observationnelle Afin d’affiner son modèle, la société a mené des campagnes de mesures avec plusieurs organisations dont l’Amtim mais également des associations de patients comme l’Union sports et diabète. Avec l’association montpelliéraine, elles ont été réalisées entre mai et décembre 2017. D’une durée d’un mois, ces différentes campagnes visaient à collecter des données de glycémie en continu auprès de 5 à 8 patients à chaque fois. “Ces études nous ont permis d’affiner notre modèle”, témoigne Stéphane Bidet, P-DG et cofondateur d’Healsy. En 2018, la société a alors initié une étude observationnelle en collaboration avec l’équipe d’Eric Renard. “L’objectif de cet essai était de démontrer la performance des modèles. Les patients venaient à l’hôpital pour une consultation ou de l’éducation thérapeutique et il leur était proposé d’intégrer le protocole”, confie Stéphane Bidet. Trente patients ont ainsi été inclus dans l’étude par l’équipe hospitalière. Ils se sont vu remettre un smartphone et un tracker d’activités pour ensuite une étude en vie réelle, sans changement dans leur traitement habituel. “Nous avons eu quelques erreurs d’ajustement qui ont rendu les dataset de 10 patients inexploitables et certains patients ont abandonnés”, témoigne Stéphane Bidet. Au final, seules les données de 14 patients ont pu être utilisées. Il s’agissait de personnes diabétiques de type 1, âgées de 28 à 68 ans. “En moyenne, les données des neuf premiers jours des patients ont été utilisées pour entraîner un modèle par patient. Nous avons appliqué une méthode d’entraînement 5-fold cross validation : entraînement de cinq modèles sur ces jeux de données et nous retenons à chaque fois le plus performant. Le reste des jeux de données ont permis de tester le modèle retenu. Il est important d’utiliser des données qu’il n’a jamais vu”, détaille le dirigeant d’Healsy. Il se félicite des résultats de cette étude. Le système a ainsi obtenu résultats concluants pour des prédictions de glycémie sur des horizons de 30, 60 et 90 minutes. “Le système parvient à des prédictions assez fiables. La technologie est très prometteuse pour apporter un support de décision aux patients. Il faudra maintenant le valider par des essais cliniques afin de prouver que leur application est un vrai produit de santé et est éligible au remboursement”, indique Eric Renard. Des objectifs de marquage CE et FDA en 2019 Healsy poursuit ainsi le développement de sa solution. “La brique technologique de prédiction de la glycémie et de conseil doit obtenir le marquage CE et l’autorisation de la FDA. Nous sommes en cours en Europe, où nous espérons l’obtenir d’ici juin 2019. Aux Etats-Unis, nous visons fin 2019”, indique Stéphane Bidet. En parallèle, la société prévoit le lancement “d’une version bêta de la brique simulateur thérapeutique” début janvier 2019 à l’occasion du CES auquel il est invité par la région Ile-de-France. Ce système permet de fournir aux médecins un outil d’éducation thérapeutique personnalisable pour le patient. “Ils créent un avatar du patient à partir de ses données. Les équipes d’éducation en diabétologie peuvent alors simuler différents scénarios, en rejouer un… Il est possible de voir sur un malade virtuel l’impact d’un repas et de la dose d’insuline injectée”, détaille Eric Renard. Pour ces différents développements, la société est aujourd’hui en discussion pour une levée de fonds de quatre à six millions d’euros d’ici à début 2019. “Elle servira à clore la partie réglementaire, finaliser le développement des produits et accompagner la mise sur le marché”, confie le P-DG d’Healsy. Ce sera le deuxième tour de table de la jeune entreprise qui a levé 800 000 euros en début d’année auprès de business angels et de fonds. Un financement qui permettra également de renforcer les effectifs. Healsy qui compte 25 salariés entend renforcer ses équipes de datascience, de qualité réglementaire et de support pour la commercialisation, selon son dirigeant. S’il indique des réflexions encore en cours sur le business model, Stéphane Bidet souligne avoir entamé des discussions avec différents acteurs pour nouer des partenariats de distribution. “Les laboratoires pharmaceutiques qui développent de l’insuline, les fabricants de dispositifs médicaux pourraient acheter notre solution pour la distribuer en support à leurs produits. Nous sommes également en discussion avec des entreprises qui la proposerait à leurs salariés et avec les assurances santé, mutuelles et réassureurs”, détaille-t-il. Healsy en chiffres Création 2016 23 salariés Deux briques technologiques en cours de développement : prédiction de glycémie et conseil, et simulation thérapeutique Environ 10 de campagnes de mesures auprès d’environ 70 patients au total Une étude observationnelle menée entre février et août 2018 : Données sur 14 patients diabétiques de type 1 Aurélie Dureuil Application mobileDiabèteEssais cliniquesIntelligence Artificiellestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind