Accueil > Industrie > Accès au marché > Comment les assurances gèrent la prévention via les plateformes digitales Comment les assurances gèrent la prévention via les plateformes digitales Assureurs et organismes mutualistes se positionnent aujourd’hui sur le marché du coaching et de la prévention santé. Depuis 2015, des initiatives digitales sont menées selon des modèles BtoC et BtoBtoC. Certains acteurs optent pour des applications mobiles, tandis que d’autres mettent en place des plateformes digitales et cumulent les partenaires santé. Pour les entreprises clientes, les promesses sont diverses : amélioration des conditions de vie au travail et repli de l’absentéisme. Pour les assureurs, ces nouveaux outils permettent de multiplier les points de contact avec les personnes protégées. État des lieux d’un marché en pleine expansion. Par . Publié le 06 février 2018 à 15h51 - Mis à jour le 06 février 2018 à 15h51 Ressources Assureurs, groupes mutualistes, courtiers, tous planchent actuellement sur la mise en place de programmes digitalisés de prévention santé. Ces outils digitaux permettent de multiplier les points de contact avec les personnes protégées. Avec un objectif in fine de réduire les dépenses de santé. “Les contacts avec les assureurs se limitent malheureusement trop souvent à l’occurrence de sinistres. Or, ces moments de vie ne sont pas les plus propices à la relation avec les assurés”, constate Peggy Séjourné, directrice de la stratégie, des services et de l’innovation chez CNP Assurances. Ainsi, depuis 2015, de nombreuses plateformes de prévention santé ont vu le jour, portées par des assureurs et des groupes mutualistes. Reste que tous les acteurs de la place ne sont pas au même stade d’avancement et ne choisissent pas tous les mêmes supports. Certains s’orientent vers des plateformes monothématiques. C’est le cas d’AG2R La Mondiale qui a lancé en 2015, son application “Vivons Vélo”. Un outil digital à destination des adeptes du cyclisme en France et qui s’inscrit dans la lignée du partenariat initié par le groupe de protection sociale dès 1997 avec l’équipe cycliste. L’application gratuite et à destination du grand public se donne pour ambition d’encourager la pratique du vélo et recense 450 parcours balisés, sélectionnés par la fédération française de cyclotourisme. L’outil délivre également des conseils en matière de santé et de prévention. Avec cette application, le groupe de protection sociale s’offre une cible potentielle de quelque 30 millions de personnes. “Avec la marche et la natation, le vélo est l’un des meilleurs sports en termes de prévention santé. Actuellement, 22 millions de personnes pratiquent régulièrement le cyclisme et 8 millions de personnes aimeraient s’y mettre de façon régulière”, explique José Messer, directeur sponsoring AG2R La Mondiale. Un budget annuel de 400 000 euros Pour la réalisation de cet outil, le budget annuel s’établit à 400 000 euros, répartis comme suit : 200 000 euros sont alloués au développement et 200 000 euros à la promotion et à la création de contenus personnalisés. Parmi les facteurs clés de succès de “Vivons Vélo”, une communauté forte réunie autour de la thématique du cyclisme. A terme, le groupe entend monétiser son application en accompagnant les entreprises souhaitant mettre en place un programme de prévention vélo ainsi que des plans de déplacements d’entreprise. Le groupe de protection sociale devrait ainsi annoncer très prochainement le lancement d’une offre à destination exclusive des entreprises, sous le nom de “Roulons Vélo”. Si AG2R La Mondiale fait parti des premiers entrants sur le marché des plateformes digitales de prévention santé (2015), les autres géants du secteur lui ont très vite emboîté le pas. C’est ainsi qu’après deux années de fonctionnement en version pilote, la MGEN (désormais partie intégrante du Groupe VYV) a livré sa solution Vivoptim fin 2017, consacrée à la prévention des risques cardio-vasculaires. Au total, ce sont onze entreprises qui ont été mises à contribution pour co-construire la solution. A l’issue de la phase pilote, la solution a été généralisée à l’ensemble des assurés, la participation étant directement ponctionnée sur les cotisations (tarification mensuelle de 25 centimes d’euros). Sur les quelque deux millions de personnes protégées que compte la MGEN, 8 500 utilisateurs sont allés au bout du programme lors de la phase pilote. “Il faut bien avoir à l’esprit que moins de 5 % des dépenses annuelles de santé sont consacrées à la prévention. Avec Vivoptim, le groupe MGEN souhaite démontrer le retour sur investissement qualifié d’un tel dispositif de prévention personnalisée et de jouer un rôle plus actif dans le système de santé”, explique Virginie Femery, directrice santé et prévention du Groupe VYV. La MGEN se donne pour ambition d’accompagner 40 000 à 50 000 utilisateurs au cours de l’année 2018. A terme, le groupe entend décliner sa solution à destination des entreprises et du secteur médical et paramédical. Vers un modèle BtoBtoC Si ces deux premiers acteurs se lancent actuellement dans une réflexion BtoC, avant de migrer vers le BtoB, de nombreux assureurs et groupes mutualistes ont fait le choix d’une offre nativement BtoBtoC. C’est le cas du groupe Malakoff Médéric qui a imaginé activ’mm 360, un dispositif d’accompagnement des dirigeants d’entreprises et des salariés destiné à “piloter le développement de la qualité de vie au travail, améliorer le bien-être et la santé des collaborateurs, et réduire ainsi les risques d’absentéisme en entreprise”. Au travers de l’application activ’mm Pro, les dirigeants d’entreprises et DRH ont la possibilité d’accéder aux données internes et externes à l’entreprise, afin de définir des modèles prédictifs (prévention, absentéisme…), tandis que les collaborateurs de l’entreprise peuvent mesurer leurs progressions santé via l’application activ’mm. De son côté, le groupe Generali a lancé en janvier 2017 un programme de prévention santé baptisé Generali Vitality qui fonctionne sur le mode du partenariat (lire notre étude de cas consacrée au premier bilan tiré fin 2017). En échange d’objectifs de mieux-être à réaliser (nombre de pas à effectuer quotidiennement, médecine préventive, alimentation équilibrée, arrêt du tabac,…), les utilisateurs du dispositif sont récompensés en bons de réduction à utiliser auprès d’enseignes partenaires (Club Med, Décathlon, Fnac, Look Voyages, Séphora, Vacances Transat). Si Generali Vitality affiche de hautes ambitions de conquête, (plus de 1 500 entreprises ont d’ores et déjà donné leur accord à Generali Vitality pour se rapprocher de leurs salariés, soit un potentiel de 40 000 collaborateurs utilisateurs, contre 2 500 actuellement engagés dans le programme), cette solution digitale est freinée par la problématique du partage de données. “Les salariés sont aujourd’hui réticents à l’idée de partager les données avec leurs employeurs. Il s’agit là d’un sujet sensible qui nécessite de la pédagogie. Il faut donc rassurer en expliquant que l’employeur n’a pas accès aux données de santé et ne peut obtenir que des données agrégées telles que le nombre d’employés l’ayant intégré ou encore leur niveau d’engagement”, détaille un expert. Système ouvert Dans cette course au développement de plateformes et pour gagner des parts de marché, certains font le choix de l’agrégation. C’est le cas de MyPrevention, plateforme imaginée par le courtier Siaci Saint Honoré, qui se positionne comme agrégateur de solutions. “Nos clients entreprises nous passent commande autour d’un univers de besoins”, explique Emmanuel Barluet de Beauchesne, directeur conseil en charge du développement de MyPrevention chez Siaci Saint Honoré. “Nous avons imaginé un système ouvert, permettant d’intégrer d’autres offres. C’est ainsi que la solution Vitality Generali a été intégrée à MyPrevention”, indique le responsable. La solution a été pensée comme un “hub” de services à destination des directions des ressources humaines, le courtier préférant vendre ses services en direct et s’adjoindre les services des assureurs, quitte à partager les revenus. Pour sa solution, le courtier totalise aujourd’hui une dizaine de clients majeurs, parmi lesquels le groupe Bolloré, Engie ou encore GRDF. MyPrevention est par ailleurs l’une des rares plateformes du marché à recommander des objets connectés. Pour se positionner dans cette course aux utilisateurs, CNP Assurances a choisi un modèle économique original pour son programme Lyfe qui propose notamment des services de télémédecine. Lancée en 2015, la plateforme compte aujourd’hui Icade ou Wiki PME parmi ses entreprises clientes mais convoite davantage les mutuelles, assureurs, caisses de retraite et institutions de prévoyance. “Notre modèle d’affaire nous donne un réel avantage stratégique, avec plus de 1,6 million d’utilisateurs potentiels”. explique Peggy Séjourné. “Le vrai enjeu des plateformes est leur taux d’usage. En nous positionnant aux côtés des acteurs de la prévoyance, des mutuelles et des assureurs, nous disposons d’une plus large assiette d’utilisateurs potentiels”, estime la représentante de CNP Assurances. La plateforme Lyfe est ainsi commercialisée sous la forme d’une offre packagée et tarifée en licence d’accès. Des sites co-brandés sont créés et les clients bénéficient d’un accompagnement en marketing digital. Pour CNP Assurances, 1 000 entreprises clientes auraient été nécessaires pour pouvoir atteindre une cible potentielle de 1,6 million d’utilisateurs. Mesure de l’impact de la pratique du sport en entreprise Pour accompagner le lancement de leurs plateformes, assureurs et groupes mutualistes mettent en avant les bienfaits de la pratique du sport en entreprise. C’est ainsi qu’une étude réalisée par Goodwill-management, à la demande du Medef et d’AG2R La Mondiale a mis en avant les bénéfices suivants : la pratique régulière d’un sport permettrait de faire progresser la productivité de 6 à 9 % et apporterait une amélioration de la rentabilité de 4 à 14 %. Côté dépenses de santé, celles-ci se verraient réduites de 30 à 34 euros par an grâce à la pratique régulière d’une activité sportive. Autant d’éléments destinés à séduire les entreprises, en recherche d’une meilleure productivité. Reste que pour Peggy Séjourné, ces études peuvent difficilement constituer un argument de vente. “Tout le monde est convaincu aujourd’hui de l’importance de la prévention santé. Pour autant, nous manquons actuellement du recul nécessaire pour quantifier exactement l’impact des plateformes digitales sur l’absentéisme, la productivité au sein des entreprises ou le pilotage du risque pour les complémentaires. Il est encore un peu tôt pour pouvoir prouver que ces solutions digitales jouent un rôle certain et d’ampleur comme outils de pilotage des risques pour les assureurs. Il s’agit néanmoins déjà aujourd’hui d’un outil supplémentaire”. Application mobileAssuranceMutuellePlateformesPrévention Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind