Accueil > Industrie > Deuxième Avis, faciliter le recours à l’avis de médecins spécialistes Deuxième Avis, faciliter le recours à l’avis de médecins spécialistes Fondée en 2016, la start-up permet de faciliter l’accès à des médecins spécialistes afin que les patients bénéficient d’un deuxième avis. Forte d’une centaine de partenariats signés avec des assureurs, elle cherche, désormais, à devenir un acteur de la prévention. Pauline d’Orgeval, la cofondatrice et présidente de Deuxième Avis, détaille à mind Health les orientations stratégiques de la start-up. Par Coralie Baumard. Publié le 08 avril 2025 à 23h00 - Mis à jour le 14 août 2025 à 14h47 Ressources La genèse Avant de lancer Deuxième Avis, Pauline d’Orgeval (présidente) et Catherine Franc (CEO), ses deux cofondatrices, sont déjà sensibles à la thématique de l’accès aux soins. Elles dirigent CoActis Santé, une association, fondée en 2010, visant à faciliter celui des personnes vivant avec un handicap. Deuxième Avis est née à la suite d’une expérience personnelle. Pauline d’Orgeval doit obtenir l’avis d’un second spécialiste pour la scoliose de son fils. Après quatre mois d’attente, ce dernier, qui a des troubles autistiques, ne se laisse pas ausculter. Le médecin rend, néanmoins, un avis grâce à son dossier médical complet. Les deux associées réalisent alors que l’analyse sur dossier peut être une solution pour de nombreuses personnes éloignées du soin ou ayant des problèmes de mobilité (handicap, grand âge, maladies). Pauline d’Orgeval, cofondatrice et présidente de Deuxième Avis. En interrogeant des médecins d’autres spécialités (oncologie, cardiologie, neurochirurgie, neurologie, etc.), elles confirment l’intérêt de cette approche. “Ils nous ont indiqué qu’ils étaient débordés et leurs consultations engorgées, mais que 30% d’entre elles ne servaient à rien car le dossier du patient était incomplet”, se souvient Pauline d’Orgeval. Deuxième Avis est créée en 2016 afin de permettre l’accès à des médecins spécialistes pour obtenir un second éclairage avant une décision médicale (traitement lourd, opération, etc.). “Aujourd’hui, nous dépassons ce premier cas d’usage d’urgence consistant à obtenir un deuxième avis avant une opération ou la prise d’un traitement un peu invasif. Nous sommes, parfois, l’unique possibilité pour un patient d’accéder à un médecin très spécialisé”, relève Pauline d’Orgeval. Une plateforme adressant plus de 800 pathologies La plateforme de la société permet d’accéder à plus de 800 pathologies. ”Il s’agit de maladies graves, rares ou invalidantes. Aujourd’hui, les avis les plus demandés concernent majoritairement trois spécialités : la gynécologie, avec les questions d’infertilité et une explosion de l’endométriose, un second tiers est axé sur l’orthopédie rhumato et le dernier, un peu moins important, concerne l’oncologie. Nous adaptons le nombre de médecins référencés à l’usage, nous avons, par exemple, une centaine de radiologues spécialisés en endométriose”, détaille Pauline d’Orgeval. L’entreprise qui comptait, à ses débuts, 60 médecins spécialistes référencés, en dénombre désormais 400. Un réseau qui est amené à s’étendre, la société souhaitant notamment se renforcer sur l’oncologie. En novembre dernier, elle annonçait dans un communiqué avoir signé un partenariat avec le Centre Léon Bérard. Le Conseil scientifique et éthique de l’entreprise a défini en amont le processus de candidature des médecins et valide leur référencement. ”Nous sélectionnons les médecins selon trois critères. Tout d’abord, les références académiques, il s’agit de médecins qui participent à la recherche médicale, publient dans des revues scientifiques réputées et enseignent. Le deuxième critère est qu’ils proposent une consultation dédiée à la pathologie ou aux pathologies d’expertise. Enfin, s’il existe des centres de référence, ils exercent dans ces centres”, précise la présidente de Deuxième Avis. Le médecin ou l’établissement de santé partenaire est rémunéré à hauteur de 120 € par avis. “En moyenne, nous avons 70% de convergence entre le premier et le deuxième avis”, ajoute-t-elle. Un avis médical en moins de 7 jours L’entreprise a développé une plateforme numérique propriétaire permettant aux patients de transmettre leur dossier médical de manière sécurisée afin d’obtenir un second avis en moins de 7 jours. “Nous sommes sur une moyenne de 5,3 jours”, annonce Pauline d’Orgeval. Si Deuxième Avis a misé sur le numérique pour rendre l’expertise accessible, elle a également tenu compte de l’illectronisme en créant un service dédié aux patients composé d’une équipe de six personnes (infirmières, patients experts et secrétaires médicales). “Nous avons prévu cette possibilité pour les personnes les plus éloignées du numérique afin qu’elles puissent téléphoner ou envoyer un dossier par courrier”, indique Pauline d’Orgeval. En 2015, l’entreprise avait dû obtenir une autorisation de la Cnil pour lancer sa plateforme. La question de la sécurité des données est donc bien ancrée dans la culture de la start-up. “Depuis nos débuts, nous prêtons une attention particulière aux questions de souveraineté et de sécurité. Nous avons fait le choix de ne pas utiliser d’outils américains et de sélectionner un hébergeur de données français. Nous organisons très régulièrement des tests d’intrusion. Nos mutuelles partenaires ont sur ce plan un niveau d’exigence élevé qui tend encore à se renforcer”, souligne Pauline d’Orgeval. L’entreprise vise l’obtention de la certification ISO 27001 avant la fin de l’été. Le modèle économique “Notre ADN est de rétablir l’égalité de l’accès à l’expertise médicale en cas de problème de santé sérieux. Notre enjeu était donc de trouver un modèle économique n’impliquant pas d’avance de frais pour les patients afin de ne pas créer une médecine à deux vitesses. En parallèle, les acteurs du monde assurantiel santé étaient à la recherche d’innovations et de services à forte valeur ajoutée. Nous avons réussi à être intégrés dans les contrats santé et prévoyance d’assureurs”, explique la présidente de Deuxième Avis. En 2018, l’entreprise a signé ses premiers partenariats avec Audiens, Malakoff Humanis et Santéclair. Une centaine de contrats de partenariats ont aujourd’hui été signés avec des acteurs du monde de l’assurance comme MGEN, Generali ou Harmonie mutuelle mais également avec des entreprises proposant des prestations d’assistance comme Europe Assistance et Mondial Assistance. Derniers en date, uMEn, Alan, CCMO Mutuelle et MDF qui ont intégré à leurs garanties le service de Deuxième Avis en mars 2025. “Nos partenaires souhaitent porter plus de prévention, nous sommes axés sur la prévention secondaire, l’accompagnement quand une maladie survient. Ce service à valeur ajoutée leur permet de ne pas laisser leurs adhérents en situation d’échec médical ou diagnostic. Nos partenaires avaient identifié ce besoin depuis longtemps, mais avant Deuxième Avis, il n’y avait pas d’acteur français et d’acteur ayant un modèle économique absorbable”, souligne Pauline d’Orgeval. Le montant payé par les assureurs est calculé selon un coût fixé par personne protégée (entre 0,25€ HT et 2€ HT ) en fonction de leur nombre. Les partenaires L’entreprise a également noué récemment un partenariat avec Cegedim Santé afin d’intégrer le service de Deuxième Avis à la plateforme de services Maiia. Ce partenariat vise à améliorer la visibilité de la start-up auprès des professionnels de santé afin que les médecins informent in fine leurs patients de ce service. Pour se faire connaître, Deuxième Avis a également signé des partenariats avec une trentaine d’associations de patients comme Renaloo, EndoFrance ou France Lymphome Espoir. Le financement La société a réalisé deux levées de fonds en 2016 et en 2018 pour un total de 3,5 M€. La seconde levée de 2,5 M€ a réuni les fonds à impact Investir & +, partenaire historique de Deuxième Avis, ainsi que de Citizen Capital et Colam Impact. La société, qui n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité, n’envisage pas un nouveau tour de financement à court terme. La stratégie de développement “Nous souhaitons signer de nouveaux partenariats, nous avons 35 millions de bénéficiaires aujourd’hui, mais nous aimerions à terme pouvoir couvrir l’ensemble des Français. Nous allons également continuer à ouvrir de nouvelles pathologies et à référencer de nouveaux médecins car nous voyons que les usages continuent de croître et sont beaucoup plus importants qu’au démarrage de l’entreprise”, analyse Pauline d’Orgeval. L’entreprise a également reçu des sollicitations pour se lancer à l’international. Deuxième Avis envisage un lancement européen en s’appuyant sur des établissements de santé partenaires et des acteurs du monde assurantiel. L’entreprise entend également tirer partie des possibilités de l’intelligence artificielle. “Nous imaginons, à terme, que nous fournirons des doubles avis : un premier avis émis par l’intelligence artificielle (IA) doublé par une relecture et un avis signé par l’un de nos médecins experts constituant ainsi la garantie humaine de l’IA. Nous sommes en train de réfléchir à des prompts”, projette la présidente de Deuxième Avis. Un des leviers de l’entreprise est également de développer le volet prévention. “La prévention numérique repose sur un questionnaire intelligent et une caution médicale. Le questionnaire médical fait partie de notre métier puisque les analyses sont réalisées sur dossier à partir de questionnaires. Contrairement à d’autres start-up, nous avons la possibilité d’avoir une caution médicale sur l’ensemble des sujets. Nous allons accentuer cette orientation prévention, d’abord en proposant des contenus et des webinaires, et, également en proposant, dans quelques mois, un bilan de santé numérique”, révèle Pauline d’Orgeval. L’entreprise organise déjà une dizaine de webinaires par an, animés par des médecins experts qu’elle propose aux adhérents bénéficiaires de ses partenaires. Les chiffres clés de Deuxième Avis Fondée en 2016 30 salariés Plus de 800 pathologies 400 médecins référencés 100 partenariats signés avec des assureurs santé 35 millions de bénéficiaires 20 000 avis rendus sur ces trois dernières années Coralie Baumard Assuranceassurance santéIntelligence Artificiellemédecinstart-upStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind