Eisox, la technologie au service de la gestion énergétique des bâtiments

La genèse

Le projet d’Eisox commence à germer en 2008 dans la tête de Joël Chotard, l’un des cofondateurs de l’entreprise, entrepreneur dans l’électronique et le père de l’actuel directeur général, Maxence Chotard. Après près de 8 ans de R&D, l’entreprise s’est finalement lancée en 2016, grâce au trio formé par Joël Chotard, Maxence Chotard et un troisième associé, Baptise Clenet.

En s’attaquant au pilotage des systèmes de chauffage, un domaine “historiquement peu novateur et extrêmement consommateur en énergie, il y a une volonté dès le départ de travailler sur l’efficacité énergétique” explique Maxence Chotard, directeur général de l’entreprise angevine, à mind Health. En France, près de 60% de l’énergie totale produite est destinée aux systèmes de chauffage, rappelle-t-il. Pourtant, “c’est un secteur qui ne connaît pas vraiment de technologie disruptive dans le domaine du pilotage des équipements”. Eisox est arrivé sur le marché en proposant initialement des têtes thermostatiques adaptées aux radiateurs à eau chaude. Depuis 2021, l’entreprise propose des équipements de GTB (gestion technique du bâtiment) à ses clients, pour piloter l’ensemble du système d’un bâtiment (synchronisation de la production en chaufferie, du traitement de l’air, de l’éclairage, etc.). Si, pour l’heure, Eisox ne travaille pas sur les problématiques de délestage, cette réflexion suit également son cours, note Maxence Chotard.

La technologie, au plus près de l’usage réel

Dans un bâtiment de 10, 100 voire 1 000 pièces, un constat ressort : le taux d’occupation de chaque pièce est inégalement réparti, certaines pièces demeurant inoccupées une grande partie du temps. “Ce constat nous a entraîné chez Eisox vers des technologies permettant d’analyser l’usage de chaque pièce”, indique Maxence Chotard. Pour ce faire, l’entreprise a conçu des capteurs qui détectent la présence humaine et génèrent en sortie un planning de chauffage adapté à chaque pièce d’un bâtiment, “au plus près de l’usage réel”, souligne Maxence Chotard. Pour fonctionner, le système relève chaque jour à 5h du matin le comportement des utilisateurs pour prédire un comportement “type” pour les cinq semaines suivantes. Le système auto-apprenant est nourri par des données issues de capteurs qui surveillent l’activité humaine, ainsi que des données environnementales comme la qualité de l’air, la température et l’hygrométrie. 

Des typologies de bâtiments diverses

L’approche d’Eisox se doit d’être globale, explique Maxence Chotard, car “il est très difficile de cibler quelques pièces les plus énergivores dans un bâtiment. La performance énergétique fonctionne comme des vases communicants, qu’il faut regarder dans sa globalité”, précise-t-il. Et de poursuivre : “la force de notre système est d’être agnostique en fonction de la typologie des bâtiments”. Cliniques, écoles ou bureaux, à chaque bâtiment ses contraintes. Les modes seront activés en fonction des besoins, comme le “préchauffage” des pièces utilisées de manière irrégulière (salles de réunion, salles de pause, etc.) ou des modules jour/nuit pour les chambres en milieu hospitalier. Bien que ces modes soient préconfigurés automatiquement, ce sont “les clients qui déterminent les paramètres et précisent les températures de confort souhaitées” souligne le dirigeant. “Pour un hôpital ou un cabinet médical, nous adoptons les consignes en fonction des usages. Les équipes d’Eisox fournissent des conseils aux clients et gèrent la maintenance des systèmes, mis à jour tous les mois.”

Le financement

Eisox a été principalement financée sur fonds propres. Trois usines en Pays de la Loire centralisent la production et l’assemblage des produits commercialisés et l’entreprise gère son propre circuit de recyclage, en réinjectant ses produits défectueux dans les usines. Une seule levée de fonds d’un montant de près de 400 000 euros a été menée en 2018 pour investir dans la production. Aujourd’hui, l’entreprise revendique des comptes à l’équilibre, avec un chiffre d’affaires annuel dépassant “le million d’euros”. Des recrutements sont attendus dans les prochains mois pour passer de douze à une vingtaine de salariés. Selon Maxence Chotard, le parc de têtes thermostatiques devrait doubler cette année, passant de 10 000 radiateurs équipés en fin d’année dernière à près de 20 000 fin 2023. 

La santé, un marché en forte croissance

La santé fait partie des secteurs en croissance pour Eisox. “Cela fait plus de deux ans que nous travaillons sur des bâtiments en santé, surtout auprès des institutions et des cabinets médicaux. L’année 2022 a été très forte en termes de demandes dans le secteur de la santé, et de plus en plus d’hôpitaux et de cliniques se saisissent de ces sujets en collaboration avec les exploitants avec lesquels ces établissements travaillent”, observe Maxence Chotard. Cette poussée s’explique notamment par les contraintes économiques plus fortes qui pèsent sur un secteur très énergivore, où les bâtiments sont exploités à plein régime tout au long de l’année. Les systèmes d’Eisox ont prouvé leur efficacité empirique, confie le directeur : “En moyenne, nos systèmes permettent entre 30 à 45% d’économie d’énergie chez nos clients. Le retour sur investissement est de moins de deux ans aujourd’hui, contre trois ans avant la pandémie de Covid, alors qu’en moyenne dans notre secteur, la barre se situe plutôt entre cinq et huit ans.”