Accueil > Financement et politiques publiques > Financement de l'innovation > Étienne Vervaecke, DG du GIE Eurasanté : “Captech Santé Nutrition sera le premier fonds d’investissement spécialisé santé en France” Étienne Vervaecke, DG du GIE Eurasanté : “Captech Santé Nutrition sera le premier fonds d’investissement spécialisé santé en France” Hyper active, l’agence de développement économique de la filière Santé-Nutrition des Hauts-de-France a accompagné l’an dernier 350 entreprises, dont 40 % de projets numériques. Elle s’est récemment dotée d’un accélérateur, prépare la construction d’un hub et, dernière actualité, a lancé un fonds d’investissement spécialisé en santé. Visite guidée de quelques-unes des activités d’Eurasanté avec son directeur général Étienne Vervaecke. Par . Publié le 20 mars 2020 à 18h46 - Mis à jour le 20 mars 2020 à 18h46 Ressources Le GIE a été créé en décembre 1994. Comment sont organisées ses équipes ? Eurasanté emploie environ 85 à 90 personnes. Une équipe se consacre aux métiers d’incubation et d’accélération, qui doit peser une douzaine de salariés, une autre à l’accompagnement et au développement des entreprises auprès d’un public qui n’est pas celui des créateurs d’entreprises et de start-up mais plutôt des PME, qui compte à peu près les mêmes effectifs. Nous sommes également producteurs de quatre conventions d’affaires visant à favoriser les partenariats académie-industrie et à fournir des opportunités de développement aux jeunes entreprises issues du monde académique : le département Production d’événements internationaux rassemble 30 % de nos effectifs. Le département Transfert de technologie et valorisation, le métier initial d’Eurasanté, constitue 5 % des effectifs. Une équipe rassemblant 15 % des effectifs travaille sur l’animation de notre pôle de compétitivité. Enfin, une petite équipe de 5 % des effectifs aide aux projets européens, puis reste les services fonctionnels. Quel est son modèle économique ? L’entité est en majorité soutenue par des subventions publiques, soit environ 60 % de nos ressources. Pour le reste, nous générons des ressources propres : à la fois parce que nous sommes bailleurs, producteur d’événements (1,3 million d’euros de fonds propres), prestataires de services ou intervenons en tant qu’expert, accompagnateur ou coach par exemple… Nous bénéficions aussi d’un peu de mécénat. Notre budget annuel est d’environ 8 M€. Dans le métier qui est le nôtre, d’appui au développement économique, Eurasanté doit constituer l’un des outils les plus importants en France. Combien d’entreprises accompagnez-vous ? L’an dernier, Eurasanté a accompagné environ 350 entreprises sur la filière régionale. Ce chiffre croît chaque année, avec des intensités d’accompagnement qui ne sont pas les mêmes. Vous avez intégré Eurasanté en 1996. Quelle place a progressivement occupé le numérique dans les projets développés ? Sa place monte en flèche et représente aujourd’hui près de 40 % de nos projets. Le GIE a lancé en janvier 2020 le fonds d’investissement Captech Santé Nutrition. Pourquoi ce choix ? Deux motifs principaux nous ont guidé. D’abord la nature humaine de nos activités de santé : les cycles de recherche et développement et de mise sur le marché sont les plus longs qui puissent exister tous secteurs confondus. Lancer une activité, un produit, réclame du temps et du service. Deuxième point : nous avons la chance d’avoir un dispositif de captage, notamment de capital investissement, à un stade précoce (amorçage et série A) bien configuré mais composé d’investisseurs généralistes. Or, invariablement, ces investisseurs donnent pour réponse : “c’est très intéressant mais nous ne comprenons rien donc nous allons attendre qu’un investisseur spécialisé en santé injecte des capitaux avant d’y mettre les nôtres”. Nous essayons alors de boucler nos tours de table en allant chercher ces investisseurs spécialisés sauf qu’en France ils se comptent sur les doigts d’une demi-main. Et lorsqu’ils parlent d’amorçage, il s’agit en réalité de séries A. Donc plutôt que d’attendre et afin de permettre de créer un effet levier réel d’amorçage, nous avons décidé de créer un fonds d’investissement plutôt centré sur les premiers développements de l’entreprise. Captech Santé Nutrition est 100 % santé, 100 % Hauts-de-France. Avec quels partenaires ? Et quels premiers investisseurs ? Après avoir réfléchi à différents gestionnaires possibles, nous avons activé l’un de nos partenaires historiques, Finorpa, qui a donc accepté d’être le gestionnaire de Captech Santé Nutrition. À quelques semaines de son lancement, nous prévoyons un premier closing à 16 M€ dans la première quinzaine d’avril très vraisemblablement, l’objectif étant d’attendre 35 M€ toujours au printemps. Nous comptons à ce jour 25 apporteurs de capitaux : la mutuelle Apréva (groupe Aesio), le groupe de prévoyance Ircem, des banques, de façon moins classique Genfit et le Groupe Lesaffre, ainsi qu’une vingtaine d’entrepreneurs de la filière santé qui ont donné leur accord (les fondateurs du média Hospimedia, les fondateurs d’Inovelan (société du groupe Agfa Healthcare spécialisée dans le partage et les échanges sécurisés de données de santé, ndlr)…). Encore plus atypique dans ce dossier : participent également des acteurs du milieu académique et institutionnel, par exemple Santelys, association dans la santé à domicile. Et enfin, des acteurs de type collectivités ou institutions publiques locales : la Région Hauts-de-France, la métropole de Lille et Bpifrance sont en discussion avancée pour abonder ce fonds. Nous serons ainsi le premier fonds d’investissement spécialisé santé en France. Eurasanté dispose d’un accélérateur ainsi que d’un bio-incubateur. Comment distinguez-vous ces programmes ? Le bio-incubateur accompagne les projets jusqu’à la première levée de fonds dite d’amorçage. Quelques semaines ou mois après, l’incubation s’arrête. L’offre d’accélération mise en place s’adresse quant à elle aux projets issus de l’incubateur et qui veulent poursuivre leur développement ou aux PME qui, après 10 ou 15 ans d’existence, ont un projet dont la nature les amène à escompter une accélération assez marquée en termes de chiffre d’affaires ou d’emploi. Quel bilan dressez-vous de ces programmes ? Le bio-incubateur existe depuis le milieu des années 90 puis a été labellisé par le ministère de la Recherche en 1999. En 2019, 20 projets sont entrés en incubation qui ont donné lieu à sept créations d’entreprises. Fin 2019, 68 projets étaient en cours d’incubation auxquels il faut ajouter les 28 projets accompagnés par l’incubateur Euralimentaire (foodtech). Notre accélérateur, mis en place en 2018, accompagne quant à lui une douzaine d’entreprises. Son programme Let’s Grow Deeptech a été sélectionné par Bpifrance dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA) en février 2020. Quelle est l’enveloppe prévue ? Elle est de moins de 300 000 €. Le plan d’action de notre programme, qui dure 24 mois, se déroule en deux phases : détecter plus de projets deeptech dans la région et mieux les accompagner. Nous pilotons également depuis janvier 2019 le consortium French Tech Seed Hauts-de-France, prescripteur du fonds d’investissement French Tech Seed opéré par Bpifrance. Des consortia régionaux apporteurs d’affaires ont ainsi été labellisés pour cet outil de capital investissement, les deeptech étant gourmandes en capitaux. Où en est par ailleurs la construction du hub annoncée en juin 2019, censé accueillir des porteurs de projets et des start-up retenus dans le bio-incubateur et l’accélérateur d’Eurasanté ? Nous finalisons le plan de financement de ce hub. Outre les 2 M€ obtenus par le programme Plan d’investissement d’avenir régional, la métropole de Lille va délibérer au printemps sur l’octroi d’un financement. La Région Hauts-de-France officiera en qualité de gestionnaire des fonds ; le fonds européen régional FEDER apporte aussi des financements. Nous devrions déposer le dossier pour le permis de construire au cours du deuxième trimestre et le hub pourrait voir le jour à l’été 2022. Lancé en novembre 2019 en partenariat avec le CHU de Lille et l’incubateur Euratechnologies, l’appel à projets “Défi Santé” a reçu 145 candidatures. Quelle est la typologie des projets soumis ? Nous n’avons pas encore tous les éléments d’analyse. Le CHU de Lille nous a associé à sa réflexion stratégique sur le thème du numérique en santé et je les en remercie encore. Nous nous sommes alors dit qu’il serait intéressant de lancer un appel à projets national. Je m’attendais à une cinquantaine de candidatures ! Ceci dit, ce revers de la médaille est très positif car il montre une vitalité hallucinante. Près de 60 % des candidatures viennent de l’extérieur des Hauts-de-France. Les porteurs sont majoritairement des PME ou des start-up, mais il y a aussi des gros groupes, de la recherche ou des cliniciens. Les lauréats seront annoncés fin mai, sur le salon SantExpo à Paris. Étienne Vervaecke Depuis 1996 : responsable commercial puis directeur général d’Eurasanté AccélérateurFonds d'investissementIncubateursstart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind