Future4care : cap sur l’international

Justine Spitzer, directrice de la communication de Future4care

Né en juin 2021, Future4care entre bientôt dans sa quatrième année d’existence, avec désormais 60 start-up partenaires. Parmi elles, 18 nouvelles start-up, toutes étrangères, qui viennent de rejoindre la structure. Plus qu’un changement de stratégie, “ce batch marque la concrétisation de l’ambition internationale que nous portons depuis nos débuts”, résume Justine Spitzer, directrice de la communication de Future4care (F4C).

Un programme international

Pour rappel, F4C est dans son principe un accélérateur tiers lieu d’intégration qui attire des start-up désireuses d’être coachées et de collaborer autour des différents cas d’usage des grands groupes qui sont soit actionnaires (Sanofi, Orange, Generali et Capgemini), soit partenaires de la structure (Havas Life Paris, Beys, Biocodex, UCB, FEHAP, TNP Consultants, Elior).

Au-delà de la logique de coaching, de l’aide à l’influence (visibilité sur les réseaux, présence dans les événements, renforcement de la marque) et du volet business/network (en tant qu’apporteur d’affaires) qui constituent le triptyque de l’offre Future4care, la nouvelle promotion s’appuie sur un programme international d’un an, destiné à favoriser l’accès au marché français et allemand des nouvelles start-up. L’accélérateur dispose en effet depuis 2023 d’une antenne à Berlin (avec 3 collaborateurs sur place) et c’est désormais sur les deux pays que s’appuie son offre de services. Concrètement, les start-up lauréates suivront quatre journées dédiées au go-to-market (deux à Paris, deux à Berlin), bénéficieront de masterclass sur cette thématique, de rencontres avec les payeurs du marché et avec les investisseurs, auront des échanges avec les actionnaires de F4C et participeront aux grands salons du secteur de la healthtech, en France et en Europe.

Le choix stratégique des nouvelles start-up

Pour cette nouvelle promotion, l’accélérateur a reçu 52 candidatures issues de 22 pays et les 18 start-up lauréates, représentant 9 pays différents, ont été sélectionnées en passant tout d’abord devant un jury constitué de l’équipe Future4care et des représentants de son Conseil scientifique, puis devant un jury composé de l’ensemble des grands groupes industriels actionnaires ou partenaires de F4C.

Trois critères ont guidé le choix des jurys :

le niveau de maturité de la solution technologique ;
la cohérence avec le programme international développé par Future4care
le matchmaking avec les besoins et les cas d’usage des actionnaires et partenaires de l’accélérateur.

Au-delà de ces cas d’usage, qui restent confidentiels, l’accélérateur a un positionnement stratégique bien défini, autour de trois thématiques :

– la prévention, la détection et le bien vieillir

– l’utilisation de l’IA appliquée à l’ensemble des process des groupes pharmaceutiques, de la R&D jusqu’au post-marketing ;

– l’IA et les nouvelles solutions appliquées à la réorganisation et à l’amélioration des performances au sein du système hospitalier, avec un focus particulier sur la qualité de vie des soignants.

À noter que parmi les 18 nouvelles sociétés étrangères qui rejoignent Future4care, 11 ont intégré l’IA dans les fondamentaux de leur proposition de valeur.

Des solutions matures et diverses

“Toutes les start-up que nous avons sélectionnées ont leur solution sur le marché, mais nous avons pour celles-ci deux niveaux de maturité : certaines entrent dans le programme pour se faire une idée de leur intérêt à avancer sur l’un ou les deux marchés que l’on propose. D’autres ont déjà un country manager positionné et sont plutôt dans un processus d’opérationnalisation de leur activité sur les marchés allemands et français”, explique Yannick Menel, Country manager de l’accélérateur.

Yannick Menel, Country manager de Future4care

Pour F4C, il s’agit avant tout de “créer des synergies avec les industriels à l’origine de l’accélérateur, mais aussi avec les start-up déjà présentes, poursuit-il. Notre mantra est d’accélérer le progrès en santé numérique et cela passe aussi par une logique de consolidation du marché. Tous les membres sont donc au courant que les sociétés peuvent non seulement avoir des synergies mais parfois aussi avoir des produits qui entrent en concurrence avec leur offre. Notre logique est agnostique et consiste à être toujours plus connecté aux besoins de nos différents grands comptes. Nous regardons la qualité de l’entreprise, pas sa localisation géographique”, résume Yannick Menel.

À noter que les 60 start-up partenaires de Future4care seront présentes pour le Demo Day de l’accélérateur, le 13 mars 2025.

Les 18 start-up à rejoindre Future4care

• Docobo (Royaume-Uni) est une solution de surveillance à distance (RPM) permettant l’autogestion des soins et améliorant les services des hôpitaux et des unités de soins virtuelles.

• Docs4D (Allemagne) – La solution Docs4D HCP intègre une surveillance à distance basée sur l’IA, un accompagnement thérapeutique personnalisé et une interface de communication fluide pour assurer une meilleure gestion des maladies chroniques.

• FITFILE Group Limited (Royaume-Uni) unifie les données de santé issues de différents systèmes grâce à une plateforme prenant en charge des enregistrements pseudonymisés et anonymisés.

• Higo Sense (Pologne) propose des outils et une plateforme de santé préventive pilotés par l’IA, afin d’améliorer la détection précoce des maladies grâce à des examens précis et des consultations à distance.

• IOMED Medical Solutions (Espagne) utilise l’IA et le traitement du langage naturel (NLP) pour structurer et gérer les dossiers médicaux, rendant les données patients réutilisables pour les hôpitaux et les tiers.

• Mistikist (Royaume-Uni) développe des solutions de santé mentale basées sur l’IA, pour “améliorer la clarté, la résilience et le bien-être émotionnel”.

• Nanose Medical (Israël) détecte et évalue les maladies à un stade précoce grâce à une technologie avancée d’analyse de l’haleine (breathomics).

• Novobeing Inc (États-Unis) transforme les soins hospitaliers grâce à des technologies immersives de réalité virtuelle/mixte (VR/MR) pour améliorer l’expérience des patients.

• Quore tech (États-Unis) La solution QuoreApp, destinée à la détection des arythmies cardiaques, transfère les signaux ECG pour un examen par des experts et un rapport final validé par des professionnels de santé.

• Recovery Cat GmbH (Allemagne) soutient la planification structurée des thérapies, l’ajustement des médicaments et la gestion des crises pour les maladies mentales graves.

• RedZinc Services Limited (Irlande) propose des solutions innovantes de télémédecine, incluant des logiciels de consultation vidéo et des plateformes vidéo en direct compatibles 4G/5G.

• Saventic Health (Pologne) est spécialisée dans le diagnostic des maladies rares basé sur l’IA, permettant une détection précoce des pathologies cachées grâce à l’analyse des dossiers médicaux.

• StethoMe (Pologne) conçoit des stéthoscopes qui intègrent l’IA pour analyser les sons pulmonaires et cardiaques dans le cadre d’un diagnostic à distance.

Tandem Health (Suède) utilise l’IA pour automatiser la documentation médicale, permettant aux cliniciens de se concentrer davantage sur les patients tout en réduisant la charge administrative.

• Vivid Mind (Pologne) a développé une solution qui permet une détection précoce de la démence grâce à une analyse vocale basée sur l’IA, avec une approche rapide, non invasive et indépendante de la langue.

• Wavy (Royaume-Uni) connecte des dispositifs intelligents pour surveiller la santé et fournir des alertes en temps réel aux soignants en cas d’urgence.

Focus sur Tandem Health

Née en août 2023 en Suède, la société Tandem Health a pour mission d’automatiser les tâches administratives des professionnels de santé. Ses solutions, basées sur l’intelligence artificielle, permettent par exemple la rédaction automatique d’un compte rendu médical structuré à partir de la captation audio d’une consultation. En rejoignant Future4care, la start-up qui a ouvert en octobre dernier un bureau à Paris (à la suite de Londres et Madrid et avant d’attaquer le marché italien et allemand) se donne un peu plus les moyens de ses ambitions résolument européennes. “Cet ADN européen les a probablement séduits. C’est un argument qui pèse dans le contexte macroéconomique et politique actuel. Pour nous, c’est une belle opportunité puisque nous sommes en phase de conquête du marché français et allemand. Cela nous permettra notamment de discuter avec les offreurs de soins du réseau”, confie Félix Motosso, directeur général France de Tandem Health, qui voit notamment en Capgemini “un partenaire évident, les cabinets de conseil jouant le rôle d’interface avec les structures de santé”.

Félix Motosso, directeur général France de Tandem Health

En France, la start-up suédoise sera confrontée à des concurrents directs comme Nabla. “Mais nous ne sommes pas vraiment en compétition avec eux, puisque l’essentiel de leur effort commercial se concentre aujourd’hui sur le marché américain”, tempère Félix qui, pour se différencier, fait valoir le caractère très modulaire de sa solution, capable “de modifier très rapidement la structure des comptes rendus pour coller aux besoins des médecins, selon leur spécialité. Nous avons aussi un modèle compatible avec les DPI de tous les éditeurs, exception faite des systèmes fermés comme ceux de Doctolib. Cela permet au médecin d’intégrer très rapidement, d’un simple clic, le compte rendu dans n’importe quel dossier médical”.

Le scribe médical Tandem a rapidement essaimé en Europe et est aujourd’hui utilisé en médecine de ville, l’une de ses cibles prioritaires, et par plus de 300 organismes de soins, parmi lesquels figurent les plus grands prestataires de soins privés en Scandinavie que sont les établissements Capio (du groupe Ramsay) et Aleris. “Le challenge européen est tout aussi intéressant que le défi américain. Il est plus exigeant en termes de sécurisation des données et de réglementation, mais la compétition est moindre. Ici, nous ne sommes pas si nombreux à afficher cette ambition paneuropéenne”, analyse Félix Motosso. Tandem Health s’est donné les moyens de cette ambition avec un premier tour de financement de 9,5 M$ en juin 2024, pour accélérer son internationalisation.

Romain Bonfillon

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