La santé a pris du galon au CES

L’édition 2019 du CES (Consumer electronics show), la grand-messe de l’innovation technologique organisée chaque année à Las Vegas (États-Unis), marquerait-elle un tournant pour les acteurs français de la e-santé ? Au cours d’un débrief organisé par Interaction Healthcare dans les locaux de Bpifrance mardi 29 janvier, Jérôme Leleu, président de l’agence de marketing, indique avoir dénombré 437 sociétés françaises en déplacement cette année, parmi lesquelles 77 dans la e-santé, soit le premier secteur représenté. Le collectif #SmartSanté, qui rassemblait au sein du village francophone du CES les élus, décideurs et acteurs de la filière santé et silver économie, “a également été le premier en nombre de participants”. Olivier Ezratty, consultant sur les technologies numériques et auteur d’un rapport de plus de 400 pages sur le CES, abonde : “le thème de la santé a compté 25 % d’exposants de plus que l’an passé”. Dans son rapport, il précise que ce sujet “est devenu, pour la première fois, la principale thématique des entreprises françaises présentes, au même niveau que celle de la maison connectée et avant les transports”.

Côté tendances, Olivier Ezratty a d’abord constaté “cette année une recrudescence des produits de suivi cardiaque (ECG) parmi les objets connectés”, citant trois exemples français : Withings et son tensiomètre connecté intégrant un capteur d’ECG (BPM Core), la montre d’Omron intégrant un moniteur de tension artérielle oscillométrique et le tee-shirt connecté de monitoring à distance de Chronolife, tous présentés au CES. Dans son rapport, il annonce également la présentation en mars 2019, au Hello Tomorrow Global Summit à Paris, événement consacré aux innovations deeptech, d’un produit de l’américain Stethio consistant en une coque de smartphone qui sert de stéthoscope, couplée à une application mobile basée sur du machine learning.

Un sujet désormais transversal

La captation de l’activité cérébrale (EEG) était une autre tendance lourde de ce CES, avec le casque du chinois Entertech ou, surtout, celui du coréen Odelab, Nirsit. “C’est la première fois que je vois un tel engin au CES et ailleurs, souligne Olivier Ezratty. C’est un outil bien plus puissant qu’un casque d’EEG classique comme le Muse d’Interaxon. Il permet d’obtenir une cartographie en temps réel des zones actives du cortex préfrontal. Il génère une sorte d’IRM fonctionnelle superficielle du cerveau, focalisée sur le lobe frontal du néocortex.” Parmi les autres thématiques retrouvées sur le CES, le domaine des sleeptech, “toujours florissant au CES”, ou le diabète, “la pathologie la plus connectée qui soit”.

“Le secteur de la santé s’intéresse également aux outils de la maison connectée en général et notamment ceux qui permettent le maintien à domicile des personnes âgées, tout comme aux applications de l’intelligence artificielle, en particulier dans l’analyse d’imagerie médicale, et à la robotique de services”, poursuit Olivier Ezratty dans son rapport. Il cite enfin la réalité augmentée et virtuelle, utilisée en rééducation. “La santé devient un sujet transversal, constate également Jérôme Leleu. Une tendance de fonds développée en 2018 et accentuée en 2019.” Il prend pour exemple l’application vidéo d’Alibaba qui traduit en temps réel les conversations : “ce fut un des gros buzz de ce CES et les applications paraissent évidentes à l’hôpital ou pour les plateformes de télémédecine. C’est typiquement une thématique transversale”.