Accueil > Industrie > L’ASCO, vitrine des avancées cliniques en cancérologie L’ASCO, vitrine des avancées cliniques en cancérologie mind Health fait le point sur les avancées cliniques majeures présentées lors de l’édition 2023 de l’ASCO, qui s'est tenue du 2 au 6 juin à Chicago, et les projets prometteurs portés par les instituts français qui ont fait le déplacement. Par Clarisse Treilles. Publié le 09 juin 2023 à 8h29 - Mis à jour le 14 juin 2023 à 15h31 Ressources Si l’oncologie est un domaine qui concentre beaucoup d’investissements au niveau mondial, c’est aussi un champ d’avancées majeur en termes de recherche et d’innovation. Le congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), qui réunit chaque année quelque 40 000 spécialistes internationaux de cancérologie, offre une vitrine de ces avancées prometteuses pour de nouveaux traitements. Sur les milliers de présentations de l’événement, certains programmes de recherche ont particulièrement retenu l’attention de la communauté scientifique et médicale cette année. mind Health propose un état des lieux des grandes annonces de l’édition 2023 du congrès, qui s’est déroulée du 2 au 6 juin à Chicago. Cancer du poumon Le cancer du poumon représente environ un cinquième des décès par cancer chaque année, selon les chiffres du Centre International de Recherche sur le Cancer. Beaucoup de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblant ce type de cancer ont été présentées lors de l’édition 2023 du congrès américain qui vient de s’achever. Certaines recherches sortent particulièrement du lot, comme l’étude de phase 3 ADAURA financée par AstraZenca. Elle démontre que la thérapie ciblée osimertinib (Tagrisso) a réduit le risque de décès de plus de la moitié par rapport au placebo dans le traitement adjuvant des patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules avec mutation EGFR au stade précoce. Les données de l’essai montrent aussi que 88% des patients traités avec Tagrisso étaient encore en vie à cinq ans, contre 78% pour le placebo. “Il s’agit d’une amélioration assez spectaculaire et remarquable” a déclaré David Fredrickson, vice-président exécutif de l’oncologie chez AstraZeneca, interrogé par Reuters. Les résultats de l’étude ont été publiés en parallèle dans The New England Journal of Medicine (NEJM). Pour aider les patients atteints de cancer du poumon à petites cellules en situation de rechute, l’Institut Curie a présenté de son côté une nouvelle molécule issue des algues marines, la lurbinectedine. L’étude, menée avec l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique (IFCT), a permis d’analyser les données de vie réelle des patients français ayant reçu la lurbinectedine. Les résultats montrent que l’efficacité de la lurbinectedine semble supérieure à celle des médicaments historiques. “Ces résultats illustrent pleinement le fort investissement de l’Institut Curie – qui s’inscrit comme promoteur dans beaucoup d’études de ce type – pour évaluer des thérapies anticancéreuses innovantes à partir des données de vie réelle des patients” explique le Pr Nicolas Girard, pneumologue, coordinateur de l’Institut du Thorax Curie-Montsouris, qui a coordonné cette étude. Cancer du sein Parmi les études phares présentées à l’ASCO, l’essai de phase III NATELEE s’est intéressé au cancer du sein de stade précoce. Cette étude sur le ribociclib (commercialisé sous le nom de Kisqali) a démontré que ce traitement permettait de réduire de 25% le risque de récidive du cancer chez les patientes atteintes d’un cancer du sein au stade précoce HR+/HER2-, associé à un traitement endocrinien. Novartis a déclaré dans un communiqué qu’il prévoyait de soumettre les données aux autorités réglementaires américaines et européennes avant la fin de l’année. Cancer du cerveau Le laboratoire Servier a présenté les résultats prometteurs de l’étude de phase 3 INDIGO lors d’une conférence à l’ASCO. Le vorasidenib a permis d’obtenir une médiane de 27,7 mois de survie sans progression chez des patients atteints d’un gliome résiduel ou récurrent de grade 2 présentant des mutations IDH1/2, contre 11,1 mois pour le placebo. Les traitements actuels (chirurgie suivie d’une observation ou d’une radiothérapie et d’une chimiothérapie adjuvantes) ne sont pas curatifs et peuvent être associés à des toxicités à court et à long terme. Les résultats de l’étude démontrent l’impact du ciblage précoce de ces mutations du gliome, via l’administration par voie orale du vorasidenib, présentant un profil de sécurité “bien toléré” selon Servier et conforme aux essais de phase 1 précédents. Servier, qui a fait de l’oncologie l’une de ses priorités stratégiques, a mis la main sur ce traitement dans le cadre de l’acquisition de la division d’oncologie d’Agios Pharmaceuticals en 2020. Cancer de la vessie et des voies urinaires Gustave Roussy a présenté une étude sur une thérapie ciblée dans le traitement du cancer de la vessie et des voies urinaires. Il s’agit de l’étude de phase 3 THOR, coordonnée par le Dr Yohann Loriot, chef adjoint du département de l’Innovation thérapeutique et des essais précoces de Gustave Roussy. Cette étude s’intéresse aux bénéfices de l’erdafitinib par rapport à la chimiothérapie sur la survie chez des patients atteints de cancers métastatiques de la vessie et des voies urinaires hautes et porteurs d’anomalies (mutations ou fusions) des gènes FGFR2 ou FGFR3. Cancer de l’ovaire Le Pr jean-Marc Classe, chef de service de chirurgie oncologique à l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO), a présenté à Chicago les résultats de l’étude CHIPOR, soutenue par le ministère de la Santé, l’Institut national du Cancer, la Ligue Nationale contre le cancer et Unicancer. Il s’agit, selon l’institut, “d’une avancée majeure pour les patientes atteintes de cancer de l’ovaire”. L’étude démontre le bénéfice de la chimiothérapie hyperthermique intra-péritonéale dans le traitement du cancer de l’ovaire en récidive. Bien que les résultats révèlent une amélioration significative des chances de survie chez les patientes, cette technique n’est à ce jour pas recommandée en dehors des essais cliniques, précise l’ICO. Outre-Atlantique, l’étude MIRASOL de phase 3 a démontré que le traitement Elahere de la biotech ImmunoGen offrait un bénéfice global de survie pour le cancer des ovaires résistant aux chimiothérapies à base de platine. Elahere semble en effet avoir réduit le risque de décès de 33% par rapport à la chimiothérapie chez certaines patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire déjà traité, a déclaré la société de biotechnologie. ImmunoGen avait obtenu en novembre 2022 l’approbation accélérée de la FDA pour ce traitement. Cette étude permet ainsi de confirmer cette approbation accélérée, en la transformant en approbation complète. Vaccins thérapeutiques Sur le front des vaccins thérapeutiques, l’institut Curie a dévoilé deux études prometteuses. La première porte sur un vaccin thérapeutique anti-HPV-16 (papillomavirus humain 16), une infection associée à plusieurs types de cancers, pour lesquels les options thérapeutiques sont limitées au stade métastatique. Les résultats d’une étude de phase 2 compare l’effet d’un vaccin dirigé contre certaines protéines de l’HPV-16 avec une immunothérapie chez des patientes présentant des cancers ano-génitaux. “Notre étude révèle, qu’avec le vaccin, on induit une réponse immunitaire chez quasiment tous les patients” décrit le Pr Christophe Le Tourneau, qui coordonne l’étude. L’autre étude de phase 1 randomisée, présentée par le Pr Christophe Le Tourneau, concerne des vaccins personnalisés dans les cancers ORL. L’approche du vaccin personnalisé consiste à concevoir chaque vaccin individuellement à partir du séquençage individuel des tumeurs par le biais de l’intelligence artificielle. Les résultats de l’étude montrent que la vaccination a été “bien tolérée” et qu’aucune rechute n’est observée dans le groupe des patients ayant été vaccinés à l’issue du traitement curatif après une période médiane de 10,4 mois de suivi. Enfin, un vaccin anti-télomérase développé en France a été également présenté à l’ASCO par le Pr Antoine Carpentier, chef du service de neurologie à l’hôpital Saint-Louis AP-HP. La présentation portait sur les résultats d’une étude académique de phase II, menée auprès de 31 patients atteints d’un glioblastome. Les patients ont reçu le vaccin anti-télomérase (la télomérase constituant une cible intéressante dans le traitement des glioblastomes), après le traitement standard par chirurgie et radiothérapie. Ce vaccin a été développé dans les cancers du poumon et dans les glioblastomes. Ses effets ont été évalués dans une étude académique de phase II chez des patients atteints d’un glioblastome. Des essais cliniques en oncologie toujours plus complexes et innovants Dans un rapport publié fin mai, l’IQVIA Institute s’est penché sur les grandes tendances mondiales en oncologie cette année. Les initiations d’essais en oncologie restent à des niveaux historiquement élevés en 2022 (+22% par rapport à 2018), avec une prédominance des cancers rares. La moitié des efforts mondiaux sont consacrés aux phase 2, avec une forte concentration des investissements dans les tumeurs solides et les biothérapies de nouvelle génération. Le rapport souligne toutefois une baisse de 3% du nombre de sujets dans les essais cliniques en 2022, qui va de pair avec une hausse observée des approbations accélérées sur les marchés. Globalement, le rapport note que les durées d’essai en oncologie sont plus longues que pour les autres aires thérapeutiques : il faut compter en moyenne 11 ans avant la mise sur le marché et près de 13 ans pour les cancers les plus rares. Les biotech pèsent lourd dans les avancées cliniques, car elles sont à l’origine de 70% de nouveaux produits d’oncologie en 2022. Alors que le développement des thérapies orales semblait bien parti il y a quelques années, le rapport 2023 d’IQVIA Institute montre que le nombre de lancements de thérapies orales décline, au profit des produits plus complexes à administrer. Clarisse Treilles BiotechscancerFinancementsInnovationLaboratoiresMédicamentoncologieRecherche Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire analyses OncoLab, une plateforme pour structurer et libérer la donnée en oncologie