Le Royaume-Uni investit près de 270 M€ dans un laboratoire national dédié à l’IA

Matt Hancock, le secrétaire d’État à la Santé britannique, a annoncé le 8 août 2019 un investissement de 250 M£ (269,95 M€) dans la création d’un laboratoire national consacré à l’intelligence artificielle. Cette structure, baptisée AI Lab, sera intégrée au NHSX, le département transversal du National Health Service (NHS) officiellement lancé en juillet 2019 et chargé de la transformation numérique du système de santé anglais. Selon le site gouvernemental officiel, l’AI Lab pourra notamment améliorer le dépistage du cancer, développer la médecine personnalisée, utiliser des modèles prédictifs pour estimer les besoins en médicaments et appareils médicaux entre autres, identifier les patients à risque, former le personnel du NHS à employer l’intelligence artificielle dans ses tâches quotidiennes, renforcer la sécurité des algorithmes en cours d’utilisation au NHS, aider à la découverte de nouveaux traitements et automatiser le travail administratif. Dans son blog, le NHS précise que toute entreprise souhaitant s’engager avec lui au travers du AI Lab devra se soumettre au code de conduite spécifique aux technologies de santé reposant sur l’usage de données, développé par l’équipe IA du NHSX (mis à jour en juillet 2019, il a été initialement publié en septembre 2018). 

L’AI Lab s’inscrit dans le “Long Term Plan” du NHS. Ce projet démarré en janvier 2019 s’étendra sur les dix ans à venir et bénéficie d’un budget de 20,5 Mds £. Parmi ses objectifs, il prévoit de généraliser la télémédecine dans cinq ans. Toujours selon la publication du NHS, le nouveau laboratoire sera utile à une mission du NHS qui ambitionne d’améliorer d’ici 2030 la prévention, le diagnostic précoce et le traitement des maladies chroniques et dispose d’un financement de 210 M£ depuis mars 2018. C’est d’ailleurs dans le cadre de cette mission qu’a été créé le NHSX.  Sur Twitter, le NHSX a annoncé mettre en place le laboratoire en partenariat avec l’Accelerated Access Collaborative, organisme gouvernemental dédié au support de l’innovation en santé. Le NHSX révèle également vouloir collaborer avec deux autres entités autour de l’utilisation de l’IA en santé : l’Open Data Institute, fondation qui promeut les bases de données ouvertes, et le centre gouvernemental pour l’innovation et l’éthique appliquée aux données (CDEI).    

Des gains potentiels de 5,4 Mds € liés à l’exploitation des bases de données 

Selon une étude publiée le 19 juillet 2019 par le cabinet de conseil et d’audit financier EY, le NHS serait capable de générer par an un bénéfice propre s’élevant à 5 Mds £ et un bénéfice pour ses patients de 4,6 Mds £ s’il réussissait à appliquer les technologies de big data, d’intelligence artificielle et de médecine personnalisée à ses bases de données. En effet, le rapport précise que le NHS dispose de 55 millions de dossiers médicaux. Une publication de la Chambre des communes du Royaume-Uni montre qu’en février 2016, 55,06 millions des anglais disposaient déjà d’un dossier médical électronique. EY estime que le big data sera le premier à s’implémenter, suivi par l’IA et finalement par la médecine personnalisée “qui aura potentiellement l’effet à long terme le plus significatif”. Le rapport d’EY note que ces opérations nécessiteront toutefois un nettoyage, une agrégation, un hébergement, une analyse et une organisation de ces données de patients “brutes” en un unique “dataset” consolidé. Pour ce faire, le NHS devrait nouer des partenariats avec des entreprises capable de l’aider, conclut EY.