Accueil > Industrie > Accès au marché > L’hôpital s’appuie sur le digital pour assurer le suivi post-opératoire du patient L’hôpital s’appuie sur le digital pour assurer le suivi post-opératoire du patient Pour des raisons autant médicales qu’économiques, le gouvernement a pris le virage de l’ambulatoire il y a déjà quelques années. Mais une accélération notable a marqué les années 2016 et 2017, signant l’arrivée de solutions digitales sur le “chemin clinique” du patient, en particulier sur le suivi post-opératoire. mind Health dresse un état des lieux de ce marché en plein essor. Par . Publié le 19 novembre 2018 à 14h35 - Mis à jour le 19 novembre 2018 à 14h35 Ressources “D’ici à 2022, je souhaite porter la chirurgie ambulatoire à 70 %”, a annoncé Agnès Buzyn en octobre 2017 à l’occasion des Entretiens de Bichat, session annuelle de formation médicale organisée à Paris. En ambulatoire, c’est-à-dire sans nuit passée à l’hôpital. En 2016, ce taux était de 54 %, en 2007 de 32,3 %, et ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics encouragent le recours à l’ambulatoire. Depuis le début des années 2000, les mesures se suivent pour éviter autant que possible l’hospitalisation complète, comme les recommandations pour développer la récupération améliorée après chirurgie (Raac). Ce programme se base sur un “chemin clinique” pour l’ensemble des trois phases avant, pendant et après la chirurgie. Il nécessite une réorganisation des soins et implique tous les acteurs autour du patient, équipes hospitalières et de ville. Entre autres paramètres d’un programme Raac : informer le patient de la démarche, anticiper l’organisation des soins et la sortie du patient, réduire les conséquences du stress chirurgical, contrôler la douleur mais aussi favoriser et stimuler l’autonomie des patients. Jusqu’à présent, l’objectif était fixé à 66,2 % de chirurgie en ambulatoire en 2020. La nouvelle ambition affichée pour 2022 reste pourtant encore éloignée des pays cités en exemple par la ministre de la Santé, comme “le Danemark et la Suède, qui comptent 90 % de leurs actes de chirurgie en ambulatoire”. Elle a toutefois souligné qu’”un certain nombre d’obstacles” devaient encore être levés, parmi lesquels la question du financement des établissements de santé puisque “les recettes générées sont inférieures à celles réalisées auparavant en hospitalisation complète”. Sans compter “les difficultés pour certains patients (…) de se rendre tôt le matin à l’hôpital et de rentrer à domicile le soir, dans des territoires plus éloignés et moins desservis par les transports publics”. Le développement accru de l’ambulatoire passe enfin par une “meilleure coordination” entre l’hôpital et la médecine de ville, libérale, pour garantir un bon suivi aux patients. À ce titre, la Haute Autorité de santé glissait dans son rapport de juin 2016 sur les programmes Raac que “les outils de communication hôpital-patient-ville sont à développer (lettre, document, numéro de téléphone, applications pour smartphone, etc.)”. Les plateformes digitales et applications mobiles assurant justement le suivi des patients hors les murs répondront-ils à ces besoins ? Le digital fait baisser la durée moyenne des séjours En se proposant de prendre le relais dès la sortie de l’hôpital – quand ils ne gèrent pas également le suivi pré et peropératoire -, ces outils viennent en tout cas à point nommé jouer les interfaces entre les équipes soignantes en établissement, le domicile du patient et, si besoin, les professionnels libéraux. Ils peuvent en outre profiter de critères de surveillance bien déterminés et mettre en place des formulaires de suivi automatisés. Pour exemple, l’appel du patient dans les 72 h après sa sortie de l’hôpital, rendu obligatoire par une circulaire de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) de mai 2016, doit suivre un questionnaire sous forme de check-list pour vérifier l’état clinique du patient et le respect des consignes de sortie. La plupart des fournisseurs de solutions ont d’ailleurs commencé par développer le module consacré au post-opératoire. Depuis l’historique MemoQuest, lancé par Calmedica en 2014 et qui envoie des SMS aux patients au lendemain de leur intervention chirurgicale, aux plus récents Monali (DV Santé) et MyDocTool, qui ont vu le jour en décembre 2017 sous la forme de plateformes complètes d’échanges entre la ville et l’hôpital, intégrant le dossier médical du patient, chacune des solutions lancées sur le marché de l’ambulatoire fait ainsi gagner du temps aux équipes hospitalières. Selon Clarisse Paget, responsable qualité du groupe Capio qui compte 22 établissements privés en France, à l’époque où les infirmiers effectuaient eux-mêmes “l’appel du lendemain” un “maximum de 50 % des patients étaient joints”. Depuis l’utilisation de E-fitback, la solution de Nouveal e-santé qui a remporté l’appel d’offres lancé par le groupe en novembre 2015, 72 % en moyenne des patients répondent au questionnaire post-opératoire qui leur est automatiquement adressé par le biais d’une application mobile. Du temps d’appel économisé qui peut “réalloué à du temps de soins”, indique Corinne Segalen, cofondatrice de Calmedica. Elle cite en exemple le centre hospitalo-universitaire de Bordeaux qui a ainsi pu créer un poste de consultation infirmière. Nouveal e-santé a mesuré d’autres indicateurs d’efficacité, dans le cadre de son partenariat avec Capio. Sur une période de six mois, lorsque la solution est couplée à un programme Raac, le système d’alertes visant à identifier précocement des signes de complication lors de la convalescence a déclenché 106 alertes dont cinq qui ont donné lieu à une réadmission : trois consultations dans l’heure et deux hospitalisations dans un délai inférieur à une heure. Surtout, “100 % de ces alertes ont été traitées dans l’heure par l’infirmier”. Sur 89 opérations du côlon, 31 patients ont pu sortir à J1 alors que les hospitalisations pour ce type d’intervention sont habituellement de 5 à 8 jours, “soit 34 % de sorties précoces” et plus de 200 jours d’hospitalisation évités. En chirurgie bariatrique, la durée moyenne du séjour est passée de 2,8 à 1,8 jour, soit une diminution de 35 %. Emmanuel Avarello, directeur des opérations et cofondateur de DV Santé, indique quant à lui une diminution de la durée des séjours de 25 à 28 %. La collecte de données désormais possible Et les patients se montrent satisfaits : qualité de vie accrue, lien avec l’établissement continu et simplifié… Une étude américaine prouvait déjà en 2015 qu’une surveillance continue après la sortie de l’hôpital par l’envoi de SMS ou d’e-mails à J1, J3 et J5 enregistre des taux de satisfaction par le patient et ses aidants de plus de 90 %. Clarisse Paget ajoute que ce type d’outil rassure aussi les équipes soignantes : “l’objectif de déployer E-fitback est de pouvoir notifier de façon précoce un parcours qui dévie et des complications”, sans compter “les données pertinentes sur l’amélioration de la prise en charge” qu’il est ainsi possible de récolter. “Nous pouvons par exemple nous remettre en question si un pic de douleur est systématiquement constaté une semaine après une certaine intervention”, cite-t-elle. La plupart des solutions digitales destinées au post-opératoire, majoritairement mises à disposition sous forme d’abonnement, incluent en outre des questionnaires de satisfaction. Autant de données que les établissements peuvent désormais recueillir de façon automatisée pour améliorer leurs pratiques ou la qualité de leur service. S’il est trop tôt pour en connaître les résultats réels, certains fournisseurs n’ont pas attendu pour proposer ces données à l’industrie pharmaceutique. Un des cofondateurs de Nouveal e-santé, Alexandre Falzon, raconte avoir noué un partenariat de trois ans avec Janssen dans le cadre duquel le laboratoire financera le déploiement de E-fitback dans ses centres hospitaliers clients pour y mener des études cliniques en hématologie. Rebaptisée Léa, la solution permettra de suivre le patient et l’évolution de son état de santé, ainsi que sa qualité de vie selon une série d’indicateurs prédéfinis. Ce ne sera pas une première puisqu’en 2017 des protocoles ont été développés pour adapter la solution aux études cliniques en oncologie au sein de l’hôpital Henri Mondor à Créteil. Baptisée dans ce cadre Onconnecte, “la solution peut maintenant être dupliquée”. Corinne Segalen envisage également que MemoQuest devienne un outil de collecte des données dans le cadre d’études en vie réelle. En termes de développement, d’autres acteurs à l’instar de DV Santé pensent bien sûr à connecter leur solution au dossier médical partagé (DMP) ou, comme les plateformes Exolis et E-fitback, d’intégrer la téléconsultation “d’ici décembre”, indique l’un de ses fondateurs, Nicolas Binand. La concurrence est rude entre les huit acteurs actifs sur le terrain qui cherchent à arracher un maximum de contrats hospitaliers et elle s’est accentuée en 2016 et 2017 : “en 2015, nous n’avions pas eu tant que ça de candidats à notre appel d’offres, remarque Clarisse Paget. Les années qui ont suivi, j’étais sollicitée à raison d’un appel par mois”. L’un des fondateurs de MyDocTool, Laurent Adda, souligne la compétition qui existe aussi entre établissements privés : “celui qui ne se lancera pas perdra de la patientèle”. Pour Hubert Viot, président de la plateforme Maela, “aujourd’hui les planètes sont alignées et 2019 constituera une année charnière dans le développement commercial de toutes ces solutions. Les investisseurs sont rassurés et le programme Hop’en 2018-2022 a été lancé, soit autant de crédits à venir”. Nicolas Binand confirme : “il y a deux ans, nous devions expliquer aux hôpitaux l’intérêt de ce type de solution digitale. Aujourd’hui, les prospects sont matures. Nous sommes passés d’une phase d’évangélisation à une phase simplement de démonstration que nous sommes les meilleurs”. Elsan a choisi Docapost pour équiper ses 120 cliniques Le partenariat que Elsan a signé avec Docapost en mars-avril dernier pourrait se concrétiser d’ici fin janvier, selon la directrice marketing et digital du groupe qui compte 120 établissements de santé privés, Alexandra Charnelet : “notre ambition est de favoriser la fluidité des parcours de soins grâce à un suivi digital et personnalisé”. Cet “assistant digital” déployé sur l’intégralité du chemin clinique du patient prévoit notamment, sur la partie post-opératoire, la mise en place d’un questionnaire comportant des indicateurs-clés sur l’état de santé du patient (douleur et température par exemple) qui peuvent déclencher des appels au patient. “L’assistant digital sera disponible dans un premier temps sur application pour smartphone, puis via le web, précise Alexandra Charnelet. Du côté des établissements, il s’agira d’une console de suivi en ligne.” Sa conception s’appuie sur une enquête de terrain, auprès des patients comme des équipes de soins. L’objectif est d’équiper l’intégralité des cliniques du groupe, bien que certaines travaillent déjà avec Ambulis : cette solution “traite une partie du parcours, à savoir l’appel de la veille et du lendemain. Nous prévoyons de l’intégrer dans notre assistant digital ; Ambulis en constituera une des briques”. Enfin, le futur assistant digital remplacera l’application Espace Patient lancée en 2016. Cliquer sur le tableau pour le voir dans son intégralité. ambulatoireApplication mobilechirurgieDonnées de santéHôpitalPatientPlateformes Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind