Nicole Hill (Alcatel-Lucent Entreprise) : “Nous cherchons des partenaires sur l’ensemble du parcours patient”

Que représente la santé dans les activités et les revenus d’Alcatel-Lucent Entreprise ?

La santé fait partie des cinq secteurs stratégiques du groupe et représente environ 10 % de l’activité d’ALE et le troisième en importance. La France, où nous équipons un établissement de santé sur deux, représente un pays majeur pour nous. Nous bénéficions également d’une présence mondiale, en Europe (notamment au Benelux, dans la péninsule Ibérique, au Royaume Uni, en Allemagne, Autriche et Suisse), ainsi qu’en Amérique du Nord, en Australie, à Singapour, à Hong-Kong et au Moyen Orient. Nous travaillons avec les Ministères de la Santé, ou les services de santé régionaux comme en Espagne.

Notre vocation est d’accompagner la transformation numérique des établissements de santé. Ce secteur a d’ailleurs fait l’objet d’une relance majeure dans le cadre de la nouvelle stratégie d’Alcatel-Lucent Entreprise articulée autour de la vision 2020 (impulsée en février 2018, ndlr). Nous avons renforcé nos équipes avec l’ambition d’être le partenaire de confiance des établissements de santé et des Ehpad.

Quelles activités pilotez-vous ?

Dans la santé, nos activités consistent globalement à optimiser le parcours de soins en connectant les patients, le personnel clinique administratif et technique, l’établissement de santé sur son territoire et son écosystème. Notre stratégie repose sur trois grands piliers : les solutions pour rendre les technologies de communication et les réseaux pertinents, l’orchestration des relations avec nos clients et avec les marchés locaux grâce à des forces commerciales dédiées dans les régions françaises, et enfin un programme de marketing et de communication permettant de partager les bonnes pratiques à nos clients.

Combien êtes-vous en France ?

Nous ne communiquons pas ce chiffre, mais la France est un marché stratégique pour la santé. Nous y avons trois grands directeurs de marché qui s’orchestrent régionalement, en plus des commerciaux territoriaux et des fonctions supports.

Quels produits vendez-vous le mieux ?

Ce sont principalement les systèmes de communication, et de collaboration, et de notifications, via des technologies mobiles permettant aux patients, aux visiteurs et à tous les personnels de l’établissement de santé, d’être connectés. Ensuite ce sont les solutions de réseaux fixes et Wi-Fi, qui constituent le socle de la transmission des données, des applications et de la connectivité. Cette offre se complète par des services de géolocalisation et en fin d’année nous y ajouterons des solutions de suivi des actifs.

La constitution des GHT a-t-elle dopé vos activités ?

Elle a un effet structurant sur la rationalisation, la centralisation et l’objectif de ROI. Ell  génère de vraies réflexions sur la mobilité en général : DECT (téléphone sans fil, ndlr), voix sur smartphone, services de géolocalisation… Toutefois en France, le paysage est contrasté et parfois attentiste.

Comment comptez-vous développer vos revenus dans la santé ?

D’une part, nous renforçons notre présence géographique et nos forces commerciales dédiées à la santé en Europe, par exemple en Allemagne, en Autriche et en Suisse, ainsi qu’en Amérique du Nord, et dans les pays émergents. Nous travaillons activement sur sujet de l’innovation, autour de la connectivité via notre plateforme cloud Rainbow, notamment dans sa version CPaas (plateforme cloud permettant aux développeurs d’intégrer des fonctionnalités de communication à leurs applications, ndlr). Ces produits innovants ne constituent pas la majorité de nos ventes, mais nous y travaillons. La transformation numérique prend du temps.

Nous voulons aussi enrichir notre offre réseau dans laquelle le wifi prendra selon nous une importance croissante, par des services de géolocalisation, de suivi d’actifs, d’accès unifié, d’automatisation, de conteneurisation IoT, de systèmes de gestion uniques et de cybersécurité.

Nous voulons aussi continuer de développer les partenariats avec des acteurs de l’écosystème via notre programme AAPP (Alcatel Application Partnership Programs) et renforcer les partenariats avec les éditeurs, intégrateurs métier et start-up. Nous nous sommes par exemples rapprochés de la jeune société Clepsydra en associant notre plateforme Rainbow à leur solution péri opératoire et ambulatoire. Ce partenariat a été primé dans l’appel à manifestations d’intérêt sur l’hôpital numérique du futur, initié par le CHU de Nantes et l’AP-HP en 2017. D’autres partenariats seront prochainement annoncés.

Quels modèles de collaboration proposez-vous aux start-up ?

 Des partenariats avant tout. Nous commençons à développer des actions visant à travailler avec des start-up ou des communautés de développeurs, comme la mise à disposition d’une API autour de notre plateforme de communication CpaaS Rainbow. Cet outil peut être intéressant pour les start-up car il leur permet de se concentrer sur leur métier et d’intégrer un industriel déjà présent dans les établissements de santé. Nous leur proposons donc d’utiliser nos API pour intégrer des fonctions de connectivité, ainsi qu’un site internet, qui leur permet de travailler sur nos solutions. Dans un second volet, nous définissons avec elle un engagement joint si elles souhaitent vendre leur solution, ou bien nous travaillons avec un intégrateur tiers (télécommunication d’entreprise ou métier) pour proposer une solution jointe. Nous sommes très ouverts à travailler sur de nouveaux modèles économiques avec elles.

Dans quels domaines souhaitez-vous développer ces partenariats ?

Nous cherchons des partenaires sur toutes les réponses applicatives aux problématiques métiers et sur l’ensemble du parcours patients. Cela peut concerner l’infrastructure, l’expérience patient, les professionnels de santé… Par exemple, des applications qui permettraient de mieux réaliser l’ambulatoire, l’accueil client ou des systèmes de facturation.

Pourriez-vous prendre des participations dans ces entreprises ?

Pour l’instant ce n’est pas notre projet. Dans ce grand foisonnement d’offres et de sociétés nous sommes vraiment dans une approche partenariale et de travail sur des cas d’usages. Mais sur cette question, le futur reste ouvert.