Accueil > Financement et politiques publiques > Financement de l'innovation > Stéphane Hasselot (Ociane Groupe Matmut) : “Il est nécessaire de nous transformer rapidement” Stéphane Hasselot (Ociane Groupe Matmut) : “Il est nécessaire de nous transformer rapidement” La Matmut a renforcé il y a un an son activité de complémentaire santé en acquérant Ociane Groupe Matmut. Cette mutuelle basée à Bordeaux a créé en 2017 une direction de l'innovation afin de développer de nouveaux services numériques à destination de ses 600 000 assurés. Stéphane Hasselot, directeur général adjoint du groupe Matmut et DG d'Ociane Groupe Matmut et Amandine Gailly, directrice innovation et développement de la complémentaire santé, détaillent leurs ambitions. Par . Publié le 02 mars 2018 à 16h21 - Mis à jour le 02 mars 2018 à 16h21 Ressources Comment s’organise l’innovation au sein du pôle santé du groupe Matmut et quelles ressources y sont consacrées ? Stéphane Hasselot : Depuis septembre 2016, l’innovation santé au sein d’Ociane Groupe Matmut est pilotée par la direction de l’innovation et du développement, incarnée par Amandine Gailly. Nous avons la volonté de développer l’innovation dans le respect du projet d’entreprise, afin de nous rapprocher de nos sociétaires, nous différencier par rapport à nos concurrents et pour assurer une veille efficace sur l’ensemble des nouveaux services. L’objectif est aussi de faire savoir que nous innovons, car nos sociétaires nous reprochaient parfois de ne pas suffisamment communiquer sur ces sujets. Cette direction est pour l’instant composée d’une personne et dispose d’un budget de quelques centaines de milliers d’euros. Elle est en contact avec la direction générale adjointe organisation, système d’information et innovation du Groupe Matmut, et a intégré le comité innovation, composé d’une dizaine d’ “experts métiers”. Quels sont les premiers projets mis en place par cette direction ? S.H. : Le but de cette première année était de proposer rapidement des innovations concrètes et visibles. Nous avons réussi en peu de temps à lancer trois nouveaux services. La téléconsultation via un partenariat avec la société spécialisée Medaviz (lire sur notre site, ndlr), qui permet de proposer ce service à nos 600 000 adhérents. Nous proposons également depuis quelques mois des plateformes de coaching santé autour du sommeil, du stress, de l’équilibre et la nutrition avec la société Metacoaching. Enfin, nous avons commencé à intégrer, grâce à un partenariat avec la société Salvum, une formation numérique aux gestes de premiers secours via une application mobile. Quelles sont vos ambitions avec ce service de téléconsultation et pourquoi avoir choisi Medaviz pour l’opérer ? S.H. : Ce service est intégré depuis le 1er janvier 2018 à l’ensemble des contrats Ociane, sans surcoût, et mis à disposition des 6 200 salariés du groupe Matmut et de leurs familles (soit 10 000 bénéficiaires). Son succès va dépendre de la communication que nous ferons autour de ce nouveau service, mais nous estimons que nous serons satisfaits si 15 % des personnes concernées l’utilisent régulièrement. L’objectif est également indirect : ce service peut fidéliser nos adhérents et intéresser des prospects. Je pense également qu’il faut habituer nos adhérents à la téléconsultation : le nombre de médecins diminuant, cette forme de consultation va se généraliser, c’est le sens de l’histoire. Amandine Gailly Crédit : Ociane Groupe Matmut Amandine Gailly : Nous avions identifié que ce service faisait partie des attentes de nos adhérents, en lien avec leurs difficultés d’accès aux soins. De plus, la téléconsultation peut dans certains cas remplacer une consultation physique et donc économiser une partie de son coût. Pour ce qui est de Medaviz, nous avions au départ identifié trois acteurs de la téléconsultation que nous avons rencontrés et testés. L’accessibilité de Medaviz à tous, notamment à ceux disposant uniquement d’un téléphone fixe, la rapidité du service dans la mise en relation (moins de trois minutes), le sérieux des médecins ainsi que son coût nous ont fait choisir cette solution. Pourriez-vous aller plus loin dans la téléconsultation, en développant votre propre service ou en proposant des télécabines de consultation ? S.H. : Lancer son propre service demande une taille critique, que nous n’avons pas. Les cabines sont en revanche un sujet que nous étudions de près depuis plusieurs mois, sur lequel nous n’avons pas pris de décision ferme. Nous suivons aussi les projets de Medaviz en la matière. Matmut Innovation (fonds d’investissement doté de 15 millions d’euros au niveau du groupe) est-il aussi consacré à des investissements dans des start-up de la santé ? S.H. : Oui, Matmut Innovation a déjà investi dans deux start-up, Metacoaching et Salvum, par des prises de participation minoritaires (dont le montant n’est pas dévoilé, ndlr). Matmut Innovation investit sous certaines conditions : en matière de santé, il faut que le dispositif proposé par la société ait un intérêt métier direct pour le groupe, qu’il permette de communiquer avec les adhérents sociétaires autrement qu’en remboursant des frais de santé, qu’il donne une image dynamique du groupe et améliore à terme la santé des gens. Nous regardons notamment de près les projets concernant la prévention santé grâce au numérique. Quel premier bilan tirez-vous des applications de Metacoaching et Salvum ? A.G. : Metacoaching, lancée au milieu de l’année 2017, compte aujourd’hui une centaine de personnes inscrites, sur les 30 000 à qui elle est proposée, soit les souscripteurs à la nouvelle offre santé individuelle lancée récemment. Salvum est, elle, utilisée par 1200 personnes. La société s’est rendu compte que le taux d’inscription est supérieur lorsque le service est poussé au sein des entreprises par les RH. Le gain économique n’est pas direct mais ces services pèsent dans le recrutement de prospects, la fidélisation, et à long terme servent à définir un nouvel écosystème de santé et d’accompagnement de nos sociétaires. L’enjeu principal de la création de services innovants est de faire savoir qu’ils existent Stéphane Hasselot Directeur général adjoint Santé du groupe Matmut Dans quels types de sociétés ou de services pourriez-vous investir à l’avenir ? S.H. : Dans le plan #Ambition Matmut 2, qui fixe les objectifs pour l’ensemble du groupe entre 2018 et 2020, une trentaine de chantiers ont été identifiés. L’innovation doit irriguer tous les métiers. En ce qui concerne la santé, nous réfléchissons à améliorer l’accessibilité de l’offre de soins, avec la question centrale des seniors dont le nombre va augmenter. Face au foisonnement d’idées et de solutions, nous nous posons encore des questions sur la façon de mettre en place ces nouveaux services : via des plateformes ? En direct ou avec des start-up ? Nous sommes prêts à démarrer très vite des services s’ils sont intéressants. Quels sont les principaux enjeux et difficultés auxquels fait face un assureur santé quand il s’agit d’innover, et particulièrement dans le numérique ? S.H. : Selon moi, l’enjeu principal est de proposer des services très faciles d’accès, fluides et surtout de faire savoir qu’ils existent car ce n’est pas parce que c’est gratuit que les gens vont l’utiliser. Il y a également un aspect réglementaire à prendre en compte : il y a certaines réticences d’acteurs institutionnels sur la téléconsultation par exemple, mais aussi énormément de questions autour de la gestion des données : comment va évoluer la réglementation ? Les Français vont-ils vouloir partager leurs données ? Contre quoi ? Ne risque-t-on pas de démutualiser complètement nos métiers… ? Il y a enfin la question de l’organisation des services : quand nous aurons 15 services santé innovants à proposer, comment s’organiser en interne ? Et comment faire en sorte que les personnes concernées sachent que cela existe ? Globalement, il est nécessaire de nous transformer rapidement. Si nous ne sommes pas prêts à bouger, nous risquons de souffrir. A.G. : Un autre enjeu important est de ne pas se disperser parmi le foisonnement de services existants dans la santé et arriver à identifier les innovations qui correspondent réellement aux besoins de nos sociétaires. OCIANE GROUPE MATMUT EN CHIFFRES Ociane, créée il y a 90 ans, a intégré le groupe Matmut le 1er janvier 2017 Effectifs : 450 personnes Adhérents : 600 000 (sur 3,2 millions sociétaires du Groupe Matmut) CA : plus 300 millions d’euros (2 milliards € en 2016 pour le Groupe Matmut) Stéphane hasselot 2017 : Directeur général adjoint Santé du groupe Matmut. 2014 : Directeur Général d’Ociane. 2010 : Directeur financier d’Ociane. 2000 : Directeur d’usines de Smurfit Kappa Lembacel. Amandine gailly 2016 : Directrice Innovation et Développement d’Ociane Groupe Matmut. 2010 : Responsable communication d’Ociane. 2008 : Chef de Projet événementiel au CIC. 2005 : Chargée de marketing direct à La Redoute. AssuranceInnovationstart-uptéléconsultation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind