Accueil > Parcours de soins > L’IA ambiante de Nabla fait un meilleur démarrage aux États-Unis L’IA ambiante de Nabla fait un meilleur démarrage aux États-Unis Avec ses 24 M$ levés en début d’année, Nabla veut mettre les bouchées doubles aux États-Unis. Après Boston, la start-up française va ouvrir un deuxième bureau à New York en septembre et recruter des profils en vente et marketing pour saisir les opportunités commerciales qui s’y présentent. Par Clarisse Treilles. Publié le 23 juillet 2024 à 9h13 - Mis à jour le 23 juillet 2024 à 10h36 Ressources Nabla Copilot est un assistant IA de reconnaissance vocale pour les professionnels de santé. Il entre dans la catégorie des “ambiant AI”, qui s’appuient sur des LLM pour capter une conversation entre un médecin et son patient et la retranscrire dans un compte rendu clair et structuré à la fin de la consultation. Après Kaiser Permanente, le Children’s Hospital Los Angeles ou encore la Mankato Clinic, c’est au tour du système de santé américain Carle Health de signer, début juillet, avec Nabla pour intégrer l’assistant d’IA ambiante dans son système de gestion des dossiers médicaux opéré par Epic. Un an et demi après le lancement de Nabla Copilot, “80% de la clientèle se trouve aux États-Unis” expliquait en avril dernier Delphine Groll, cofondatrice et COO de Nabla, à mind Health. Interrogée sur ce succès outre-Atlantique, Delphine Groll observe que le marché américain, sous tension, est plus ouvert à la prise de risque. “Le sujet du burn-out et de l’épuisement professionnel, cristallisé par le phénomène du Pajama Time – qui consiste, pour les praticiens, à travailler à des heures tardives pour finir les tâches administratives – poussent les groupements de systèmes de santé à regarder du côté des solutions d’IA pour automatiser la prise de note en temps réel et la documentation clinique” dit-elle. Elle soutient, en outre, que Nabla n’est pas “juste un AI scribe”, mais que la solution répond aux enjeux économiques des professionnels, en permettant l’automatisation de la codification pour la facturation. La compétition s’intensifie La compétition entre les principaux fournisseurs américains de solutions “Ambiant AI” s’intensifie. Quand certains disposent “d’une force de frappe commerciale phénoménale”, comme Nuance et son produit DAX Copilot, d’autres lèvent d’importantes sommes, à l’instar d’Abridge, fait remarquer Delphine Groll. Les groupements de systèmes hospitaliers mettent en place des pilotes avec plusieurs fournisseurs pour les aider à orienter leur choix vers une solution finale. Les deux prochaines années seront ainsi “décisives” pour se démarquer sur ce marché, soutient Delphine Groll. Pour trouver sa place parmi les assistants d’IA, chaque acteur technologique cultive sa différence. “Nous sommes très customisés : à chaque spécialité médicale correspond un template spécifique (cardiologue, gynécologue, pédiatre, psychologue, etc.)” indique Delphine Groll. Le paramètre “magic edit” permet aussi d’entrer des instructions personnelles dans Nabla Copilot. Selon Delphine Groll, les fournisseurs d’IA spécialisés dans le speech to text sont surtout jugés sur la précision de leurs résultats et la rapidité dans la génération du compte rendu final. Dans un tableau comparatif réalisé par Axios en mars 2024, Nabla apparaît avec le score de précision le plus élevé à 95%, contre 92% pour Abridge et Suki. En revanche, le produit développé par la start-up tricolore est moins bon en latence – 20 secondes contre 5 secondes pour Ambience – et en nombre de spécialités – 58 contre 115 pour ce même concurrent. Ramsay teste Nabla Copilot contre la désertification médicale Même si les efforts commerciaux sont massivement tournés vers les États-Unis, Nabla garde un pied en France, où se situent le siège ainsi que les équipes d’ingénieurs et d’experts en machine learning. Delphine Groll constate que la culture technologique dans le champ médical n’est pas identique des deux côtés de l’Atlantique, même si les premiers clients commencent à s’y intéresser aussi dans l’Hexagone. “Au sujet de l’épuisement professionnel notamment, on peut voir qu’il y a une certaine inertie en France dans la prise de décision par rapport aux États-Unis. Il y a quand même un marché, cela va venir” note-t-elle. Capture écran – test de Nabla Copilot avec le Dr Alexis Roullaud (Ramsay Santé) Ramsay Santé fait partie des premiers acteurs privés à mettre en place un pilote avec la start-up pour lutter contre la désertification médicale. L’outil Nabla Copilot est testé depuis un peu plus d’un an dans trois de ses centres. “L’objectif premier est de lutter contre les problématiques de désertification médicale. Nous recherchons des solutions qui permettent de gagner du temps médical sans baisser en qualité” explique Janson Gassia, directeur des opérations et du développement des soins primaires chez Ramsay Santé, à mind Health. Alexis Roullaud, médecin généraliste de Ramsay Santé en charge de la coordination médicale sur la solution Nabla, en est plutôt satisfait : “Aujourd’hui, je l’utilise en routine en présentiel, en téléconsultation et il m’arrive aussi de l’avoir à domicile et quelquefois en situation d’urgence, dans un camion de pompier par exemple” confie-t-il à mind Health. Le bêta testeur observe que l’outil “a très rapidement gagné en qualité, notamment sur la génération de compte-rendu”. Pour Delphine Groll, le dialogue installé avec les équipes techniques en est la cause : “Lorsque les médecins envoient leur feedback, les ingénieurs ré-entraînent les modèles pour faire disparaître l’erreur. Il y a un sujet d’engagement et de confiance derrière le produit”. Délivrer le praticien de l’écran Pour Alexis Roullaud, le gain de l’outil est avant tout qualitatif. “Nous gagnons en interaction avec les patients car je peux me passer de l’écran” dit-il. “Le fait de tout verbaliser induit aussi une meilleure compréhension côté patient”. Pour le reste, il estime que le service est plutôt rapide : la transcription se déclenche pendant la consultation et le compte rendu est généré en moins d’une minute une fois le rendez-vous terminé. Ce mode de fonctionnement, bien que fluide, exige cependant un temps d’adaptation de la part du professionnel de santé. “Il faut changer un peu sa façon de s’adresser au patient en verbalisant davantage tout ce que l’on fait. Cela déroute certains praticiens lors des premiers comptes rendus” note Alexis Roullaud. Si Ramsay Santé fait partie des early adopters en France, Janson Gassia est plutôt optimiste quant au déploiement de ce type d’outil à l’avenir : “Nous sommes convaincus que dans cinq ou dix ans, tout le monde aura son assistant qui produira le compte rendu d’une consultation sans effort et de façon standardisée”. Avec ce premier test, Ramsay Santé espère transformer l’essai. “Nous voulions d’abord savoir si l’outil pouvait être mis entre les mains de professionnels avec peu d’appétence pour le numérique avant de généraliser le test. Force est de constater que les praticiens finissent par y trouver un gain différent pour chacun”, note Janson Gassia. L’étape d’après, selon ce dernier, sera d’automatiser la prescription, une tâche qui reste à la charge du médecin malgré l’outil. L’IA générative redessine les interactions dans l’aide à la prescription Clarisse Treilles Intelligence ArtificielleLogicielmédecinstart-upStratégie Besoin d’informations complémentaires ? 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