Accueil > Parcours de soins > L’IA pour les mammographies arrive chez IM2P L’IA pour les mammographies arrive chez IM2P Le fournisseur américain iCAD a commencé à équiper les centres d’imagerie d’IM2P de sa solution ProFound AI pour le dépistage du cancer du sein. Radiologues généralistes et sénologues voient les avantages d’une telle solution d’IA pour sécuriser la seconde lecture dans le cadre des campagnes de prévention qu’ils mènent. Par Clarisse Treilles. Publié le 06 février 2024 à 18h00 - Mis à jour le 06 février 2024 à 18h24 Ressources Le groupe IM2P (Imagerie Médicale des deux Provinces) a sélectionné iCAD pour équiper douze de ses centres d’imagerie médicale avec la solution ProFound AI, pour le dépistage précoce du cancer du sein. Cette solution, déjà éprouvée à l’Institut Gustave Roussy notamment, équipe les 62 radiologues d’IM2P répartis dans les départements de Côte d’Or et du Jura, pour les accompagner sur les 55 000 mammographies réalisées chaque année. ProFound AI est le logiciel d’aide à la détection du cancer du sein du fournisseur américain iCAD qui s’appuie sur la technologie de deep learning. Il s’appuie sur plusieurs millions d’images cliniques documentées. Il analyse toutes les images de mammographies en 2D et en 3D pour identifier les lésions suspectes, évaluer leur niveau de malignité et alerter le radiologue sur les zones suspectes. Ce choix a été conforté dans le cadre du rapprochement d’IM2P avec le réseau imaGen, qui regroupe les centres d’IPC (Imagerie Paris Centre), d’IM2P et de Cimrad (Franche-Comté). Cette fédération a pour vocation de relever les défis futurs de la radiologie, en mutualisant des achats de solutions et des politiques cyber notamment. Une foi en l’IA Ce n’est pas la première fois qu’IM2P fait appel à une solution d’IA. “Nous avons déjà une bonne expérience de l’IA en imagerie médicale, car cela fait plusieurs années qu’on travaille en partenariat avec une autre solution qui s’occupe de détecter les fractures et les lésions de l’os sur des radiographies standards. Nous avons également investi il y a peu de temps dans une solution sur le scanner, pour réaliser le dépistage des nodules pulmonaires notamment. Ce partenariat récent avec iCAD permet d’aider les sénologues à améliorer leur capacité de diagnostiquer le cancer du sein” a déclaré le Dr Aurélien Lambert, radiologue et directeur général d’IM2P, à mind Health. Et de poursuivre : “Pour nous, c’est une décision stratégique d’accompagner ce mouvement de l’IA en radiologie. La radiologie est l’une des premières spécialités impactées par ce changement technologique. Nous prenons le parti d’en faire un outil qui nous aide un peu en productivité, mais surtout en sensibilité”. Le partenariat avec iCAD a suivi une phase de test concluante, conduite avec le Dr Pauline Demont, spécialisée dans l’imagerie de la femme et la sénologie. “J’ai pu tester les solutions d’iCAD et de Lunit pendant quelques mois, parfois en même temps, pour comparer les résultats obtenus. J’ai donné aux logiciels certains dossiers de patientes que j’avais déjà traitées par le passé, pour étudier leur réaction sur des cancers difficiles à détecter. Après tous ces tests, iCAD est sorti du lot” a expliqué le Dr Demont à mind Health. Gage de qualité “L’arrivée de l’IA dans nos 12 centres constitue d’abord un gage de qualité” soutient le directeur d’IM2P, quand “certains groupes d’imagerie considèrent que l’IA va contribuer fortement à l’augmentation de la production des radiologues”. Le groupe IM2P mise sur l’aide au diagnostic permise par le logiciel, et particulièrement appréciée des radiologues non spécialistes. “Ce sont des outils qui augmentent clairement la sensibilité et parfois la spécificité du diagnostic. Cela permet au radiologue qui examine la mammographie d’être plus sûr. C’est comme s’il était aidé d’un autre radiologue de seconde lecture” précise le Dr Aurélien Lambert. Le Dr Pauline Demont confirme utiliser le logiciel surtout en sensibilité : “Parfois, il arrive d’être moins concentré à cause de la fatigue. Le logiciel aide à détecter des informations susceptibles de passer inaperçues, ou à confirmer lorsque les mammographies sont normales”. Pour Aurélien Lambert, “le logiciel permet de sécuriser le radiologue dans son diagnostic”, en évitant par exemple ce qu’il nomme les “biais de satisfaction”, en complétant la vision du radiologue avec un outil “plus objectif”. Si le logiciel promet des performances diagnostiques, la simplicité d’intégration à la lecture des mammographies est un autre facteur qui a pesé dans le choix de la solution d’ICAD. À ce propos, Emmanuelle Vella, Marketing Manager – EMEA et APAC d’iCAD, précise qu’“iCAD est compatible avec quasiment tous les fournisseurs de mammographes, PACS et solutions de lecture”. Cancer du sein : une IA pour épauler les radiologues de l’Imapôle de Lyon-Villeurbanne Trois niveaux de sensibilité Le Dr Pauline Demont témoigne qu’il existe trois niveaux de sensibilité dans le logiciel d’iCAD, selon le niveau d’expertise souhaité. “Le niveau faible correspond à une très forte spécificité. Lorsqu’une partie de l’image est entourée, on peut considérer qu’il y a probablement quelque chose de suspect. Le niveau intermédiaire est celui que nous avons réglé par défaut sur nos appareils. Il fournit “le meilleur des deux mondes”, entre le niveau de sensibilité et de spécificité. Enfin, le troisième niveau est très sensible. Il entoure beaucoup d’images, ce qui suppose de faire un certain tri. Des trois, le niveau intermédiaire est sans doute celui qui convient au plus grand nombre de professionnels, généralistes comme spécialistes” explique-t-elle. Pour entraîner toutes ses données, iCAD dispose d’une base de données cliniques et des mammographies vieilles de plus de vingt ans. “Nous travaillons avec un réseau de centres d’imagerie qui nous envoient leurs données. Généralement, chaque année, nous mettons à jour une nouvelle version du logiciel. Plus l’algorithme est mature, plus les performances sont bonnes” évoque Emmanuelle Vella. Les mammographies effectuées dans les centres d’IM2P ne servent toutefois pas à entraîner l’algorithme, précise le Dr Aurélien Lambert. IM2P, qui mise sur une architecture centralisée, dispose de son propre datacenter HDS, où les serveurs de dossiers médicaux sont hébergés. Vers un diagnostic d’opportunité Parmi les prochaines fonctionnalités qu’iCAD devrait intégrer à sa suite figure Heart Health, dédiée à la santé cardiaque. Le cancer du sein et les maladies cardiaques sont les deux principales causes de décès chez les femmes. Les résultats cliniques ont montré que des calcifications dans les vaisseaux artériels du sein sont corrélées à des calcifications ailleurs dans le corps, pouvant permettre d’évaluer le risque de maladie cardiaque de la patiente directement à partir de sa mammographie. “Idéalement, les femmes pourraient ainsi connaître leur niveau de risque cardiovasculaire en se faisant dépister du cancer du sein” soutient Emmanuelle Vella. Selon le Dr Aurélien Lambert, le diagnostic d’opportunité est une des voies d’avenir de l’IA. “Nous effectuons déjà le diagnostic d’opportunité avec nos autres solutions d’IA. Au sein du groupe, c’est quelque chose à laquelle nous croyons et qui soutient la médecine préventive” dit-il. La vigilance est de mise Dans les faits, la vigilance est toujours de mise, même si l’outil est fiable au quotidien. “Nous avons été très bien accompagnés par iCAD pour poser toutes les questions que nous voulions. Nous apprenons aussi dans notre pratique quotidienne comment se comporte la solution. Je m’en sers désormais en pratique courante et lui accorde une certaine confiance surtout en cas de mammographies “dites normales” dans les seins plus denses. Il faut tout de même garder à l’esprit que la solution n’est pour le moment pas parfaite et rester vigilant” soutient le Dr Pauline Demont. En ce qui concerne le risque que l’IA remplace le radiologue, elle assure rester “plutôt confiante”. Il faut, dit-elle, “toujours un nom derrière une décision médicale ou un diagnostic. D’autant qu’une mammographie seule ne suffit souvent pas. L’examen clinique est primordial, notamment pour les lésions en limite d’exploration ainsi que l’échographie pour les seins denses où la mammographie est insuffisante.” Elle estime que “l’IA est une aide dont il faut profiter parce que les radiologues ne sont pas infaillibles. Je pense que c’est important de prendre le train en marche”. Dr Isabelle Thomassin-Naggara : “Nous sommes entrés dans une phase d’exploration de l’IA, pour évaluer la place de cette technologie dans la prise en charge des patients” Clarisse Treilles DiagnosticImagerie médicaleIntelligence ArtificielleLogicielSanté des femmes Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind