Accueil > Parcours de soins > Outils professionnels > Les nouveaux enjeux de la chirurgie 4.0 Les nouveaux enjeux de la chirurgie 4.0 Les 28 et 29 novembre, l’Académie nationale de Chirurgie et le pôle de compétitivité Medicen Paris Région ont organisé la deuxième édition de leur événement Chirurgie 4.0 dédié au bloc opératoire augmenté. L’occasion pour les membres de l’Académie de revenir sur les principaux enjeux et défis de cette révolution technologique et organisationnelle. Par Romain Bonfillon. Publié le 26 novembre 2024 à 17h49 - Mis à jour le 29 novembre 2024 à 15h23 Ressources En moins d’un siècle, la chirurgie aura connu pas moins de 3 révolutions successives. “À la suite de la chirurgie 1.0 qui était menée “à ciel ouvert”, est apparue la coelioscopie, qui a été une découverte française et majeure. Cette chirurgie 2.0 a vu ensuite l’arrivée de la robotique (chirurgie 3.0) puis ces robots se sont connectés à l’intelligence artificielle. C’est la chirurgie 4.0 dans laquelle nous vivons”, rappelle le Pr Albert-Claude Benhamou, le président de l’événement Chirurgie 4.0, organisé par l’Académie nationale de Chirurgie et le pôle de compétitivité Medicen Paris Région. L’enjeu des données L’avènement de la chirurgie 4.0 exige une masse importante de données qualitatives. “Aujourd’hui, nous faisons beaucoup de cotations d’actes par simulation, mais ce que nous faisons n’est pas officiellement répertorié. Il nous faut désormais valider les registres d’intervention. C’est un enjeu de souveraineté. Il nous faut avoir nos propres registres et nos propres IA” estime le Pr Benhamou. Aussi, relève le Pr Hubert Johanet, Secrétaire perpétuel à l’Académie Nationale de Chirurgie, “le tirage au sort reste le standard pour la recherche clinique” (au travers d’études dites randomisées, ndlr). “Or, fait-il remarquer, ce tirage au sort est plus compliqué en chirurgie qu’ailleurs car, à la différence du médicament où le patient ne sait pas s’il a pris le principe actif ou un placebo, il est ici au courant qu’on n’utilisera pas de robot pour l’opérer. Or la pression des patients est considérable pour bénéficier du robot. Il en ressort que les données de vie réelle se révèlent plus efficaces que les études prospectives contrôlées.” “En France, rappelle-t-il, la première prostatectomie robotisée a été réalisée en 2001. Il a fallu attendre 2015 pour avoir la première étude rétrospective. Faute d’évaluation et de validation scientifique, il n’existe toujours pas de remboursement spécifique des robots chirurgicaux, qui restent à la charge des établissements. Heureusement, la HAS accepte désormais les données de vie réelle. Il y a donc un besoin d’acculturer les chirurgiens à l’évaluation, qui est une charge de travail en plus”. Mais le Pr Benhamou se révèle confiant : “en 2006, nous avons développé une culture de gestion des risques, cela a bien fonctionné. L’idée est désormais que la data soit intégrée par les chirurgiens”. L’enjeu de la formation L’Académie travaille avec l’Agence de l’innovation en santé sur le bloc opératoire du futur. Parmi les principaux freins à l’avènement de cette nouvelle organisation, “il y a le problème de ressources humaines et de leur financement. Les fournisseurs de robots ne peuvent pas aujourd’hui légalement former les internes et nous avons besoin de personnes hautement qualifiées pour former les jeunes générations aux robots. Ce coût de formation a été estimé à environ 7000 euros/an et par interne, sachant qu’il y a 1000 internes à former chaque année”, précise le Pr Benhamou. Aussi, la simulation, au travers de la réalité virtuelle, est aujourd’hui souvent limitée au chirurgien. Or, l’Académie promeut une approche plus large qui fait intervenir toute l’équipe présente dans le bloc opératoire. Chirurgie 4.0 : une ambition fédératrice Compte tenu de ces enjeux, l’Académie nationale de Chirurgie et Medicen Paris Région ont choisi 4 grands thèmes pour les deux jours de congrès : la robotique chirurgicale connectée, les enjeux de la planification et la réalité augmentée peropératoire, la génération et la qualité des datas, l’IA générative et la robotique chirurgicale. L’ambition du congrès est aussi de cartographier l’écosystème : les sociétés savantes, les industriels, les pôles de compétitivité, les SATT, les accélérateurs, les financeurs, les établissements de santé (FHF). À noter que sera également présent le Pr Richard, coprésident du HCN (Haut Conseil à la Nomenclature). Une présence stratégique à l’heure où les acteurs de l’écosystème parlent de “nomenclature grise” pour évoquer le fait que l’innovation n’est pas identifiée et que les opérateurs codent par assimilation avec des codes existants. “Il en ressort une forme d’opacité et de difficulté à savoir si tel acte a été effectué avec ou sans intervention d’un robot”, note le Dr. Jean-Claude Couffinhal, le Président de la Commission Innovation de l’Académie nationale de Chirurgie qui appelle de ses vœux un travail de “purification de l’acte car tout part de là pour collecter les données”. Or, conclut-il,“nous avons besoin d’organiser ce système de datas et notamment d’avoir un agrément politique qui dise que seules les datas collectées par des professionnels de santé sont valides”. Romain Bonfillon chirurgieDonnées de santéFormationRobotique Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind