Selon nos informations, la SAS Loubiana, éditrice du site Arrêt sur images (ASI), s’apprête à annoncer un chiffre d’affaires d’environ 900 000 euros pour l’exercice 2011, et un résultat net d’environ 50 000 euros (contre un CA de 838 900 euros en 2010 et un résultat net de – 68 300 euros). Créé en 2007 par le journaliste Daniel Schneidermann, ASI revendique aujourd’hui un portefeuille de 26 886 abonnés, répartis ainsi : 21 464 abonnés annuels (dont 15 386 au tarif normal de 40 euros) et 5 269 abonnés mensuels (3,5 euros par mois). Parmi les abonnés annuels, Daniel Schneidermann estime à 10 000 le nombre d’abonnés originels, qui se sont abonnés en janvier 2008 lors de la mise en ligne de la version définitive du site. Interrogé par Satellinet, il annonce un taux de réabonnement de 70 à 80 % de ces abonnés de la première heure lors de la grande campagne de réabonnement qu’ASI organise chaque année en janvier par emailing. Une opération de vente couplée avec le site Mediapart (55 euros), lancée en novembre 2011, lui aurait permis de récolter 1 000 abonnés supplémentaires. La répartition entre les deux sites d’information s’est effectuée au prorata des tarifs de chacun, avec une prime au site recruteur.
Editorialement positionné sur le décryptage des images, Arrêt sur images se réclame plus largement site d’information générale qui traite de l’actualité à travers le prisme des médias. Il est, avec Mediapart (lire Satellinet n°103), le seul site d’information généraliste français ayant opté dès le départ pour un modèle payant d’accès à ses contenus. Il propose chaque vendredi à 19h son programme phare, Arrêt sur images (qui s’ouvre avec un billet de l’humoriste Didier Porte), une émission de plateau animé par Daniel Schneidermann, qui animait un programme du même nom sur France 5 de 1995 à 2007. Une autre émission hebdomadaire (Aux sources), proposée par Maja Neskovic, prend la forme d’une interview de journaliste réalisée en extérieur. Enfin, un programme littéraire à la régularité aléatoire, Dans le texte, proposé par Judith Bernard, accueille des auteurs. Par ailleurs, Charline Van Hoenacker, correspondante à Paris de la RTBF, remarquée pour son récent article narquois sur le « Hollande Tour », va rejoindre le groupe de chroniqueurs.
De l’écran, Arrêt sur images est passé aussi à l’écrit en se transposant sur le web. Chaque jour, dans une rubrique intitulée « A la une aujourd’hui… », le site propose des enquêtes approfondies sur l’actualité politique, sociale, internationale, etc. Ces articles sont réalisés par 5 journalistes polyvalents. Outre la rédaction, l’équipe comprend une webmaster, une documentaliste, et un réalisateur, soit 9 personnes au total. Trois ouvrages (10 euros chacun), édités par ASI, sont sortis depuis la création du site : en novembre 2010, « Crise au Sarkozistan » (un recueil de chroniques de Daniel Schneidermann) — 28 000 exemplaires vendus sur le web pour 97 000 euros de bénéfice ; en 2011, « Allah n’y est pour rien » (un verbatim d’une émission avec l’essayiste Emmanuel Todd) s’est vendu sur le web à 3 600 exemplaires (10 200 euros de bénéfice) et à 4 000 en librairie (7 000 euros de bénéfice); et enfin « L’interview impossible » (une interview imaginaire de Nicolas Sarkozy). Ces ouvrages sont fabriqués par lepublieur. com, un portail d’impression à la demande.
Autre manière de mettre en vitrine son contenu éditorial : un an après leur publication sur le site d’ASI, les vidéos sont proposées gratuitement sur Dailymotion, qui, par ailleurs, héberge gracieusement les vidéos du site. ASI ne perçoit aucun revenu sur le pré-roll et les bannières placés par Dailymotion sur ses vidéos. Chaque jour, une rubrique du site, « Vite dit », donne aux non abonnés un aperçu du site, mais aucune statistique sur cet espace considéré comme un « aspirateur à audience », selon Schneidermann, ne permet de valider son efficacité.
Pour 2012, Daniel Schneidermann annonce une clarification ergonomique du site, développé par la société Pro-Libre, basée dans l’Hérault. Les applications iPhone, Android et iPad ont été développées bénévolement par la communauté des « asinautes ». Actionnaire à 100 % d’ASI, Daniel Schneidermann ne se fixe pas d’objectifs marketing, et envisage de trouver « d’autres carburants éditoriaux » en cas d’alternance politique en mai : « ASI a bénéficié d’un effroi provoqué chez certains par l’élection de Nicolas Sarkozy. Si l’on entre dans une période plus calme, il va falloir qu’ASI trouve une autre façon de se rendre irremplaçable auprès de ses abonnés. »