Accueil > Médias & Audiovisuel > Les offres AVOD / FAST alternatives se développent peu à peu sur le marché français Les offres AVOD / FAST alternatives se développent peu à peu sur le marché français En parallèle aux dispositifs de replay des chaînes de TV classiques et bien avant le lancement des offres avec publicité des services de SVOD, plusieurs acteurs ont développé leurs plateformes AVOD (Molotov Channels, Pluto TV, Rakuten TV, Samsung TV Plus...). Malgré le développement rapide des usages en OTT, les investissements publicitaires sur ces offres alternatives sont pour le moment à la marge en France. Les acheteurs commencent cependant à multiplier les relations avec ces acteurs. mind Media dresse un panorama des plateformes et des enjeux sur ce marché. Par Paul Roy. Publié le 10 novembre 2022 à 15h16 - Mis à jour le 13 octobre 2023 à 13h21 Ressources Cet article est une mise à jour d’octobre 2023 d’un premier article publié en novembre 2022 Dans cette nouvelle version de l’article, nous avons intégré les chiffres d’investissements publicitaires sur le levier AVOD/FAST rapportés par NPA conseil en avril 2023, ainsi que des chiffres exclusifs des impressions publicitaires sur le marché français communiqués par Freewheel. Les données et informations concernant le panorama des acteurs FAST AVOD ont été mises à jour. Nous avons également des mentions concernant les travaux de Médiamétrie sur la mesure de l’audience de Netflix, et plusieurs actualités liées à la commercialisation de ces offres. Les points clés Sur le marché français, les audiences sur ces plateformes semblent encore limitées, par la concentration des usages sur les box des opérateurs. La part de ces acteurs dans le portefeuille d’investissements publicitaires des agences et annonceurs est pour le moment mineure, mais ces derniers développent leurs relations avec les plateformes pour accompagner l’évolution des usages en OTT. Comme pour les offres avec publicité lancées par les acteurs de la SVOD, l’amélioration des capacités de ciblage et l’émergence d’une mesure unifiée et certifiée par un tiers seront essentielles pour convaincre les annonceurs. Les lancements d’offres avec publicité par les principaux services de streaming (Disney, Netflix, Amazon etc.) ont mis un nouveau coup de projecteur sur le marché de la vidéo OTT financée par la publicité. Mais c’est depuis plusieurs années que l’AVOD, via les chaînes thématiques FASTn s’est développé outre-Atlantique. Le marché atteignant les 33 milliards de dollars en 2021, rapportait la société d’études Digital TV Research. En témoignent les recettes publicitaires de la plateforme Pluto TV, très implantée aux Etats-Unis, qui sont passées de 70 millions de dollars entre son rachat en 2019 par Paramount à plus d’un milliard de dollars deux ans plus tard et 1,1 milliard de dollars en 2022. C’est pour capter ces nouveaux usages et potentiels investissements publicitaires que pure players, constructeurs TV, ayant droits audiovisuels ont lancé leurs propres offres ; à l’image des lancements en France de Pluto TV (Paramount), Samsung TV Plus, Molotov Channels (édité par Molotov, récemment racheté par Fubo TV), RlaxxTV ou encore Rakuten TV. Toujours un enjeu d’adoption OTT dans un marché dominé par les box Ces plateformes sont caractérisées par un usage ultra majoritaire sur télévision connectée : 97 % des contenus visionnés sur Rakuten TV l’étaient en 2022 sur ce terminal (seulement 1 % pour le desktop et le reste sur mobile et tablette). “Il y a urgence à éduquer les français au fait qu’ils peuvent ne pas passer par les box. Je suis convaincu que les constructeurs TV vont devoir jouer ce rôle” Emmanuel Crego (values) Seulement, si Rakuten TV revendiquait en 2022 1,9 millions de foyers actifs en France et Samsung TV Plus 4,5 millions de téléviseurs connectables sur lesquels son application est installée, ces services se heurtent toujours au visionnage via les box, largement majoritaire chez les téléspectateurs français. Samsung veut accélérer sa stratégie AVOD en France Ainsi, selon l’Arcom, la part des télévisions directement connectées à internet est certes passée de 36 à 49 % entre le fin 2019 et fin 2022, mais 84 % des foyers équipés d’un téléviseur connecté disposent d’une box FAI – qui concentre généralement la majorité des usages. Les investissements vidéo plus concentrés sur le mobile Ce développement plus lent sur la TV connectée amène à une concentration des investissements vidéo sur le mobile. Selon les données fournies en exclusivité par la société Freewheel à mind Media, au premier semestre 2023, la CTV représentait 5 % des impressions publicitaires (en croissance de 47 % en un an), les box opérateurs 49 % et le mobile 39 %. Alors qu’aux Etats-Unis le levier CTV compte déjà pour 75 % des impressions publicitaires enregistrées par l’adtech. Freewheel se base sur des observations sur son bassin de clients, qui sont majoritairement des éditeurs de contenus audiovisuels (TF1, FranceTV, Molotov en France). “Il y a urgence à éduquer les français au fait qu’ils peuvent ne pas passer par les box. Je suis convaincu que les constructeurs TV vont devoir jouer ce rôle”, constatait Emmanuel Crego, directeur général de l’agence média Values, en novembre 2022. C’est d’ailleurs l’un des principaux principal enjeu de Samsung, qui au-delà des communications autour des différents programmes lancés, a activé plusieurs campagnes d’éducation au service en 2023, indique Antoine Chotard, responsable content business development de la plateforme. Trois exemples de producteurs et distributeurs de contenus qui lancent des offres en OTT La démocratisation de l’OTT pourrait aussi passer, selon Emmanuel Crego, par l’ouverture des chaînes traditionnelles à un “schéma de distribution” plus large, incluant notamment les télévisions connectées. M6 et TF1 ont déjà mis à disposition leurs applications (replay et direct pour les abonnés payants aux versions Max) sur les téléviseurs Samsung, puis sur de nombreux boitiers OTT tout en conservant des contrats avec les opérateurs télécoms. PlutoTV, pour élargir sa distribution, a quant à lui signé un partenariat avec Bouygues pour être présent dans ses box. Une part encore faible dans les investissements publicitaires Côté publicitaire, l’objectif pour ces services est d’attirer, en plus des investissements au départ destinés au numérique, des budgets TV utilisés pour générer de la couverture incrémentale. “Nous avons débuté avec les budgets numériques, en proposant un achat au CPM pour jouer la carte “innovation”, tout en proposant un écran avec plus d’impact. C’est vraiment à partir du deuxième semestre 2021 que nous avons commencé à travailler avec les équipes TV et multi-écrans des agences qui cherchaient de la couverture incrémentale”, détaillait fin 2022 Marc Herbault, sales director media de Rakuten Advertising. Ce qui a permis d'augmenter mécaniquement le billet moyen pour une campagne, "rarement en dessous de 10 000 euros", selon lui. Philippe Larribau-Lavigne (Paramount) indiquait en 2022 que les budgets sur sa plateforme oscillent entre 5 000 euros pour des campagnes de test et 50 000 euros pour des actions plus larges. Pourquoi les acteurs de l'AVOD linéarisent leurs offres de contenus Un travail d'évangélisation côté agences est encore nécessaire. Malgré des CPM qui restent raisonnables pour le marché - entre 15 et 25 euros du CPM selon les acteurs et la granularité du ciblage, loin des 49 euros avancés par Netflix au lancement de son offre -, ces offres sont encore marginales dans le portefeuille des annonceurs. “YouTube représente 55% de nos budgets d'achat en vidéo numérique, 15 à 20 % sont investis sur les offres de catch-up des chaînes de TV historiques et il reste ensuite 20 points à se répartir sur l’ensemble de la longue traine d’offres vidéo”, nous expliquait un acheteur d’une grande agence média fin 2022. Values et GroupM confirmaient que ces acteurs représentaient en 2022 une part infime de leurs investissements vidéo (entre 0,5 % et 5 %). En avril 2023, NPA conseil a indiqué que le levier FAST / AVOD représentait 15,3 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, une part infime du marché publicitaire vidéo. Au premier semestre 2023, selon les chiffres de Freewheel, sur la CTV, les contenus live (FAST et live dans les applications) ne compteraient que pour 6 % des impressions publicitaires, contre 18 % au niveau européen. “On sent cependant qu’il y a un gros potentiel de croissance, et c’est pour cette raison qu’on accélère les prises de contact avec ces acteurs”, nuance Mathieu Devaux, head of multiscreen chez EssenceMediacom et responsable Advanced TV chez GroupM, qui indiquait avoir lancé quelques campagnes ponctuelles sur des "moments de vie" dans ces environnements. Tous les acheteurs interrogés soulignent l'intérêt certain de ce type d'offres pour toucher des publics jeunes, qu'il est souvent très coûteux d'atteindre en TV linéaire. Pour répondre à cette problématique du reach, Rakuten TV propose une offre d'extension d'audience sur six autres plateformes AVOD. La démocratisation du programmatique - que tous les acteurs cherchent à développer - sur le levier CTV pourra également faciliter l'investissement publicitaire, certaines offres étant par exemple directement proposées dans des packages d'inventaires construits par les SSP (à l'image de Freewheel) ou les plateformes AVOD eux-mêmes - à l'image de l'offre de Rakuten Advertising. Les données de Freewheel montrent que le marché français est plus mature sur ce point : 31 % des investissements vidéo en TV sont réalisés en programmatique, contre seulement 19 % sur l'Europe. La désignation de TF1 comme partenaire de commercialisation par Samsung Ads en septembre 2023 devrait également améliorer la visibilité de son offre auprès des acheteurs. Le flux prend le pas sur le contenu à la demande Le marché de l’AVOD a longtemps été limité aux offres de replay des chaînes traditionnelles et Youtube. Les premiers acteurs présents sur le marché les ont d’abord imités en lançant des offres de contenus à la demande, pour ensuite progressivement rebasculer vers le linéaire en développant leurs chaînes thématiques FAST. Pluto TV compte ainsi 115 chaînes, Samsung TV Plus 105, et Rakuten TV une centaine, qui représentent une part variable des usages selon les services. “Aujourd’hui, les contenus de Pluto TV sont consommés à environ 80 % en linéaire”, estimait Philippe Larribau-Lavigne, le directeur de Paramount en France fin 2022. Cette proportion était de 50 % pour Rakuten TV. Molotov, dont l’offre AVOD Molotov Channels est intégrée dans l’application à elle lancé 17 chaînes thématiques. La plupart des services construisent leurs offres de contenus à partir de contrats avec des ayant droits et partagent avec eux les revenus publicitaires. Les chaînes peuvent être éditées par les éditeurs de contenus eux-mêmes - à l’image de Banijay et Webedia sur Samsung TV Plus - ou directement développées par les plateformes - comme le fait majoritairement Rakuten TV (dont certaines chaînes sont disponibles au sein de Samsung TV Plus). Des initiatives communes ont également vu le jour, à l'image du consortium européen lancé par Okast, et de l'initiative développée par Equativ, Red Bee Media et Nowtilus. Le but via une proposition variée de chaines thématiques (toutes proposent documentaires, films, émissions de TV, contenus enfant...), est de s'adresser à un spectre d'audiences large et particulièrement chez les plus jeunes. Molotov revendiquait en 2022 ainsi que 65 % des audiences Molotov Channels ont moins de 50 ans, et Rakuten TV avance un chiffre de 86 % ayant entre 18 et 54 ans. Vers une amélioration du ciblage et de la mesure La prudence des acheteurs s’explique, au-delà des problématiques de reach liées à un usage OTT encore relativement faible - bien qu’en forte croissance -, par le ciblage proposé et le fait que l’on vise un foyer et non un utilisateur. “Hormis Rakuten TV qui s’appuie sur les données au niveau groupe (spécialisé dans le e-commerce, ndlr) et les fonctionnalités de ciblage socio-démographique et contextuel de l'ensemble des offres, les possibilités sont relativement limitées”, avançait Emmanuel Crego (Values) en novembre 2022. CGV TV 2023 : les régies préparent l’arrivée de la mesure cross vidéo Dans ce sens, si Molotov et Rakuten utilisent déjà les données issues de leurs utilisateurs logués pour constituer des segments et mieux connaitre leurs audiences, le login a été mis en place en 2023 chez Pluto TV - mais n'est pas utilisé à des fins publicitaires pour le moment. Samsung ne s’appuie que sur des fournisseurs de données tiers comme Kantar et Experian pour enrichir ses segments de ciblage socio-démographique. Le constructeur mise cependant sur l’Automated content recognition, qui lui permet d’analyser le contenu consommé par un consommateur, et recibler ceux qui n’auraient pas été exposés à une campagne publicitaire. Tous revendiquent le ciblage contextuel très affinitaire que leur permet un large éventail de chaines FAST de niche. Netflix ne pourra de toute façon pas s'adresser à tous les annonceurs. Je suis convaincu que cela aidera à évangéliser l'usage en CTV côté annonceur Marc Herbault (Rakuten advertising) Plus généralement, et comme c'est le cas pour l'ensemble du marché audiovisuel avec l'arrivée de nouveaux acteurs, c'est la perspective d'une mesure cross-vidéo qui pourra aussi participer à rassurer les agences et annonceurs. Si la plupart des services cités ont mis en place des partenariats avec des sociétés de mesure et d'advérification (Integral Ad Science, Double Verify), le tampon d'un mesureur tiers comme Médiamétrie sera essentiel. "Nous irons vers ce que le marché nous demandera de faire, et nous serons en conformité quand Médiamétrie sera prêt à proposer une mesure unique", affirmait Béatrice Leroux Barraux, chief ad revenues officer de Molotov en novembre 2022. Médiamétrie a déjà entrepris des travaux pour mesurer les audiences sur Netflix, ce qui pourrait jouer en la faveur d'une mesure unifiée du streaming. La démarche de Rakuten Advertising, qui a initié un partenariat avec Realytics pour la mesure, afin de juger de la couverture incrémentale apportée par RakutenTV aux investissements TV. Olivier Baconnet (GroupM France) : “L’offre publicitaire de Netflix est déconnectée de la réalité du marché” Interrogés sur la concurrence évidente que constituent les offres moins onéreuses avec publicité des plateformes de SVOD américaines, les éditeurs FAST se veulent rassurants. "Au vu des premiers éléments concernant son offre (prix, fonctionnalités, etc.), Netflix ne pourra de toute façon pas s'adresser à tous les annonceurs. Je suis convaincu que cela aidera à évangéliser l'usage en CTV côté annonceur", indiquait Marc Herbault (Rakuten TV) en 2022. Une vision qui se confirme près d'un an après le lancement de l'offre publicitaire du groupe, qui n'a pas encore totalement convaincu les annonceurs français. Paul Roy AVODPublicité programmatiqueSVODTransformation de l'audiovisuelVidéo programmatique Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Ne manquez pas le prochain club On Air : Sport, la TV menacée par les streamers ? 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