Répondre par tous les moyens à la pénurie de compétences

Renforcer la formation professionnelle, maintenir en emploi les seniors le plus longtemps possible, améliorer les conditions de travail en particulier celles des femmes et des personnes handicapées, attirer les travailleurs étrangers qualifiés… Tout un ensemble de leviers ont été activés en 2024 pour juguler le manque de compétences qui touche actuellement un grand nombre de pays.

Si ses causes sont multiples et varient selon les secteurs et les métiers, la forte reprise du marché du travail après la pandémie de Covid-19 et la décroissance de la natalité dans les pays les plus avancés n’ont fait qu’aggraver la pénurie de main-d’œuvre ces dernières années. Au premier trimestre 2024, le taux moyen de vacance d’emploi dans l’UE avoisinait les 3 %. Trouver des solutions pour pallier le manque mais aussi l’inéquation des compétences est donc resté une préoccupation majeure un peu partout dans le monde. Le sujet était notamment à l’ordre du jour de la première session de travail de la réunion informelle de la présence belge du Conseil de l’Europe en tout début d’année. Le développement des compétences, le droit à la formation et la mobilité des talents ont été abordés ainsi que la nécessité d’améliorer les conditions de travail dans les industries en manque de personnel. C’est le cas notamment de l’hôtellerie-restauration dont les fédérations syndicales et patronales européennes ont appelé l’UE et ses États membres à les aider à trouver des solutions sur mesure. Si le manque de compétences touche un grand nombre de secteurs d’activités, une attention particulière a néanmoins été portée aux métiers liés à aux transitions écologique et digitale. Notamment en Italie, avec l’octroi d’une dotation au “Fonds nouvelles compétences” pour financer des formations dédiées en entreprise.

Améliorer l’emploi des seniors, des femmes et des handicapés

Au niveau national, plusieurs projets de loi ont vu le jour afin de maintenir les seniors en emploi et leur permettre, comme en Irlande, de rester en activité jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite. Certains États membres, dont l’Allemagne, la Belgique ou l’Estonie, entendent même les encourager à travailler au-delà. Hors UE, la Norvège a présenté début octobre un budget 2025 visant à “inciter davantage de personnes à accéder à la vie active”. Pour accroître la main-d’œuvre, elle s’est engagée à mettre en place des programmes pour favoriser l’emploi des jeunes vulnérables et celui des personnes en situation de handicap. Enfin, la Chine a lancé un vaste plan emploi qui s’accompagnera d’incitations en direction des entreprises afin de relancer la formation professionnelle “tout au long de la carrière” et garantir ainsi une mise à jour permanente des compétences. Elle a également présenté plusieurs mesures pour améliorer les conditions de travail des femmes afin de les encourager à rejoindre le monde du travail. 

Attirer les travailleurs étrangers qualifiés

Dans son rapport sur la compétitivité européenne, l’ancien président du Conseil italien et de la Banque centrale européenne Mario Draghi recommande à la fois d’investir dans la formation professionnelle et de simplifier les procédures d’immigration pour les travailleurs qualifiés. À cet effet, le Parlement européen a adopté en mars dernier de nouvelles règles relatives à l’obtention du permis de travail et séjour unique qui doivent à présent être approuvées par le Conseil de l’UE. Certains gouvernements ont toutefois été partagés entre une volonté de restreindre l’immigration pour satisfaire leur électorat conservateur et le besoin d’attirer une main-d’œuvre étrangère. C’est le cas de la Suède, de la Finlande, de la Hongrie et de l’Allemagne qui ont mis le frein sur l’immigration peu qualifiée tout en relevant le montant du salaire minimum exigé pour les visas de travail afin de se recentrer sur les travailleurs hautement qualifiés ou exerçant des métiers pénuriques. La Croatie, elle, a préféré renforcer la protection des travailleurs étrangers. Enfin, hors Union européenne, le Japon, particulièrement concerné par la pénurie de compétences, a adopté en juin dernier une loi qui prévoit de former les travailleurs non qualifiés pendant trois ans afin de leur permettre de travailler jusqu’à cinq ans dans le pays.

Le taux d’emploi des plus de 55 ans progresse régulièrement sous l’effet du recul progressif de l’âge de départ à la retraite dans la plupart des pays d’Europe. Mais il reste toujours sensiblement inférieur à celui des 45-54 ans. Ce constat témoigne de la difficulté d’insertion et de maintien dans l’emploi des travailleurs avançant en âge. Découvrez le comparatif réalisé par les journalistes de mind RH et la cellule Data du groupe mind, portant sur sur 31 pays européens.