Accueil > Services bancaires > Tarifs, modes de facturation, type de carte… Quelles offres les banques en ligne et les néobanques proposaient-elles fin 2023 ? Tarifs, modes de facturation, type de carte… Quelles offres les banques en ligne et les néobanques proposaient-elles fin 2023 ? Pour conquérir de nouveaux clients ou augmenter les revenus qu’ils retirent de chacun, plusieurs banques en ligne et néobanques ont revu leurs offres en 2023. Ce fut particulièrement le cas de Revolut, BforBank et Lydia. Comment leurs décisions récentes bouleversent ou non les constats que nous dressions les années précédentes sur le paysage de la banque numérique ? Il s’agit du deuxième volet du baromètre annuel que mind Fintech consacre au nombre de clients et aux offres des banques en ligne et néobanques. Par Aymeric Marolleau et Rudy Degardin avec Antoine Duroyon, Aude Fredouelle et Caroline Soutarson. Publié le 21 mars 2024 à 5h59 - Mis à jour le 25 mars 2024 à 10h50 Ressources Série Cet article est le deuxième d’une série consacrée aux banques en ligne et néobanques comparant le nombre de leurs clients en France et dans le monde, ainsi que leurs offres : 1- Quelles banques ont gagné le plus de clients en 2023 ? 2- Comment les banques en ligne et néobanques ont-elles fait évoluer leurs offres en 2023 ? Pour mieux comprendre la stratégie des banques en ligne, challengers et néobanques, après avoir comparé le nombre de clients de chacune, nous avons relevé, pour la quatrième année consécutive, les détails de 76 offres proposées par 25 acteurs présents en France : modèle de tarification, montant des cotisations, condition d’accès, carte… (voir méthodologie). Le détail des offres des banques en ligne et néobanques Pour segmenter leurs clients selon leurs besoins et leur pouvoir d’achat, 23 acteurs proposent plus d’une offre avec carte en 2023. Seuls Green-Got et Compte CO2 n’en ont qu’une. Ils en proposent en moyenne trois, et jusqu’à six pour Revolut depuis le lancement d’Ultra en juin, facturée 45 euros par mois (annoncée comme une offre de bienvenue et qui devrait passer à 55 euros par mois à terme). En se positionnant au-delà de l’offre Metal (17 euros par mois), le challenger entend cibler “les actifs aux revenus importants à la recherche d’un style de vie plus luxueux”. Quels modèles de tarification ? Le modèle payant (avec une facturation mensuelle ou annuelle, et/ou avec des frais de souscription pour la commande de carte) domine toujours, puisqu’il représente 79 % des offres étudiées en 2023. Les offres gratuites sous conditions reculent – de 19 à 14,5 % – tandis que celles gratuites, où tous les produits et services sont tarifés à la pièce, quoique toujours marginales, sont désormais au nombre de cinq, contre trois en 2022. Ces évolutions s’expliquent notamment par l’abandon du gratuit sous condition par BforBank (exit Visa Classic et Visa Premier), qui propose désormais une offre gratuite (BforBasic) et une payante (BforZen, pour 4 euros par mois, au lieu de Visa Infinite à 200 euros par an). Ces changements s’inscrivent dans une refonte globale de l’identité de la filiale du Crédit Agricole, qui a annoncé en juin 2022 vouloir investir 450 millions d’euros sur cinq ans pour développer sa banque en ligne. En septembre 2023, l’ancien logo noir et blanc a par exemple symboliquement fait place à une petite grenouille bleue. Surtout, l’entreprise a été “complètement reconfigurée ces deux dernières années pour en transformer le socle technologique, l’organisation et la marque, expliquait récemment à mind FintechPascal Luigi, directeur général délégué. Historiquement, BforBank s’adressait plutôt à des clients “haut de gamme”. L’offre était très adaptée à de l’épargne en ligne, avec de l’assurance vie, la Bourse… Nous conserverons nos clients premium et leur préparons des offres haut de gamme, mais nous passons sur un spectre universel et nous viserons désormais tous les types de clients”. Depuis avril 2023, la néobanque Lydia, qui a décroché auprès de l’ACPR les agréments de société de financement et établissement de monnaie électronique, propose une carte bancaire gratuite dans son offre standard, dont elle a assoupli les restrictions d’utilisation. Auparavant, l’envoi de la carte dans le cadre de Lydia Essai coûtait 5 euros. Mais de nombreux services, jusque-là accessibles gratuitement dans l’offre standard (trading, livret d’épargne rémunérée, crédits, suivi budgétaire…), sont désormais réservés aux formules payantes. “Notre ambition est de devenir le compte principal de nos utilisateurs. Or, pour les jeunes d’aujourd’hui, le compte de base d’une banque en ligne permettant de réaliser des paiements cartes est gratuit, expliquait en février 2024 son cofondateur et CEO Cyril Chiche à mind Fintech. Lydia standard devient donc un compte de dépenses de haute qualité, similaire à un compte de banque en ligne, avec des limites d’utilisation relevées.” Près d’un an plus tard, quel bilan dresse Lydia de ce revirement ? “Le pari est réussi”, assure Cyril Chiche. Si la base d’utilisateurs, qui avait enregistré un pic à 7,5 millions, a fondu avec les nouvelles réglementations KYC, les clients seraient de plus en plus nombreux à être actifs et à utiliser les cartes, avance le CEO. Quant au rythme d’acquisition organique, il atteint aujourd’hui 100 000 nouveaux utilisateurs par mois. Le chiffre d’affaires a presque été multiplié par deux en 2023 et la marge brute a été multipliée par quatre. Les abonnements et frais liés à l’usage des cartes et comptes représentent environ 70 à 75 % du chiffre d’affaires, et la rémunération des dépôts a été relevée avec la hausse des taux. Les dépenses d’exploitation, elles, sont restées stables. “Nous avions trois ans de cash devant nous lorsque nous avons changé de stratégie, début 2023, révèle enfin Cyril Chiche. Aujourd’hui, nous en avons cinq.” Comment Lydia a fait sa mue en 2023 Lydia est la seule néobanque à proposer une offre gratuite, alors que nous en avions dénombré six fin 2021, et aucune l’année dernière. L’Allemand N26 demeure quant à lui le seul challenger à proposer ce modèle pour son offre “Standard sans carte physique”. Dans le détail, les challengers (nouveaux entrants agréés établissements de crédit, comme Revolut, N26, Ma French Bank et Orange Bank) et les néobanques (nouveaux entrants qui ne disposent pas de cet agrément) demandent presque systématiquement des cotisations mensuelles ou annuelles à leurs clients. Ce sera aussi le cas de Bling, néobanque née des cendres d’une application de micro-crédit fermée en juin 2021 sous contrainte de l’ACPR, qui se relance sur liste d’attente en ce début d’année 2024. L’application facturée 9,90 euros par mois cible les populations les plus fragiles, comme Nickel (retrouvez prochainement une étude de cas consacrée à Bling sur mind Fintech). Politiques tarifaires opposées chez Revolut et BforBank Fin 2023, 52 offres faisaient l’objet d’une facturation mensuelle ou annuelle. Lorsque les banques proposent un tarif annuel, nous l’avons mensualisé. Leur tarif moyen est de 7,1 euros, contre 6,4 euros fin 2022, soit 11 % de hausse. Cette évolution significative ne reflète pas une hausse généralisée du prix des offres mais s’explique principalement par l’introduction de l’abonnement Ultra de Revolut (45 euros). Preuve en est, si on ne prend pas en compte ce cas spécifique, le tarif moyen reste au niveau de 2022, 6,4 euros par mois. Quant à la médiane – qui ne souffre pas des valeurs extrêmes -, elle est passée de 5,5 euros par mois fin 2022 à 6 euros fin 2023. Les disparités entre les offres sont effectivement grandes : 45 euros pour Ultra, de Revolut, déjà citée, contre 1,7 euro seulement pour le compte Nickel (facturé 20 euros par an jusque fin 2023, et 25 euros depuis début 2024), par exemple. En augmentant le tarif de l’ensemble de ses offres, Revolut a donc fait monter le prix médian des challengers de 1 euro, creusant encore l’écart avec les banques en ligne et les néobanques. L’offre Plus est ainsi proposée à 4 euros fin 2023, contre 3 euros l’année précédente. Premium est passée de 8 à 10 euros et l’offre Metal de 14 à 17 euros. Le ticket médian des néobanques augmente lui aussi d’un euro, sans même tenir compte de l’augmentation des tarifs annoncés par Nickel en janvier 2024. La néobanque pour ados Pixpay, rachetée en 2022 par son homologue britannique goHenry, a lancé à l’été 2023 une offre “Smart” à 5,99 euros par mois (cagnottes, règles d’épargne automatiques, empreinte carbone des dépenses, carte virtuelle, assurance cyber-harcèlement et assurance casse écran smartphone…), en plus de son offre “Light” à 2,99 euros. Sa concurrente Kard a augmenté le prix de son offre Confort de 1 euro. Curve a augmenté le tarif de deux de ses offres : Curve X est passé de 4,99 euros à 5,99 euros et Curve Metal de 15,99 euros à 17,99 euros. Enfin, Noelse a augmenté ses offres Classique et Ambassador de 2 à 6 euros. Money Walkie a créé une offre premium (paiement en ligne inclus, assurance Walkie perdu ou volé) à 2,9 euros par mois, en plus de son offre classique à 1,9 euros par mois. À l’inverse, le prix médian des offres des banques en ligne ne cesse de baisser : -2,5 euros depuis 2021. Il n’y a eu aucune augmentation de tarif entre 2022 et 2023 et BforBank a supprimé son offre Visa Infinite à 16 euros. Les offres des banques en ligne sont donc paradoxalement devenues moins chères en 2023 que celles des néobanques et challengers, qui étaient pourtant entrées sur le marché avec un argument de prix bas. Désormais, les challengers poussent au maximum la logique de segmentation tarifaire, conséquence induite de la pression à tendre vers la rentabilité, tandis que les banques en ligne historiques continuent de travailler davantage le marché de masse, en particulier BoursoBank qui ne cesse de marteler sa promesse de banque “quasi-gratuite”. Tous types d’acteurs confondus, 75 % des offres ne dépassent pas 9 euros de cotisation mensuelle. Treezor demeure le premier partenaire BaaS Nous nous sommes aussi penchés sur les partenaires de Banking-as-a-Service des acteurs de notre panel qui n’ont pas développé leur propre stacks bancaires (ouverture et gestion des comptes, fraude, KYC…). Ceux-ci travaillent avec 10 partenaires différents, mais le Français Treezor, racheté par le groupe Société Générale en 2018, est toujours le plus représenté, puisqu’il équipe cinq acteurs : Fintch, Pixpay, Compte CO2, OnlyOne et Money Walkie. Bling, lancé début 2024, s’appuie sur Xpollens, filiale du groupe BPCE. Comme le révélait mind Fintech en février 2024, Helios, qui s’appuyait sur l’Allemand Solaris depuis ses débuts en 2021, procède actuellement à une migration de partenaire BaaS et fait désormais équipe avec Skaleet et Okali (ex-SFPMEI, appartient au Crédit Agricole depuis 2022). Sa cofondatrice et présidente Maeva Courtois nous confiait alors : “Solaris gère tout mais nous rend ainsi dépendant de sa solution et de ses nouveaux développements. Avec l’offre d’Okali, plus souple, nous gagnons en autonomie opérationnelle”. En décrochant auprès de l’ACPR les agréments de société de financement et établissement de monnaie électronique, et en développant son propre système de core banking, Lydia s’est affranchi de ses partenaires Treezor et Okali, à l’instar de Shine, devenu établissement de paiement en 2021 (mais qui demeure sur le core banking de Treezor) ou encore Qonto en 2018. Une étape souvent réclamée par le régulateur lorsque les fintech atteignent une taille critique. Les néobanques continuent de privilégier Mastercard Mastercard travaille avec 62 % des acteurs présents en France, contre 46 % pour Visa. Le total est supérieur à 100 % car au moins un acteur travaille à la fois avec Visa et avec Mastercard. Comme nous le constations déjà ces dernières années, Mastercard s’est particulièrement imposé auprès des néobanques et des challengers, tandis que Visa travaille avec la majorité des banques en ligne. Si Visa tente de rattraper son retard depuis 2018, il n’y a aucune évolution entre 2022 et 2023. Méthodologie En décembre 2023, nous avons consulté 77 offres de compte de paiement ou compte à vue avec carte bancaire, physiques ou virtuelle – et leurs conditions tarifaires – de 26 banques en ligne et néobanques présentes en France. Nous les avons ensuite sollicitées afin de confirmer nos données. Consultez le détail de toutes les offres dans notre rubrique Data. Nous avons retiré deux acteurs de notre étude : Monese, qui n’accepte plus l’onboarding de clients français, et CanB, qui va fermer les comptes bancaires au 1er février 2024, ne conservant que les comptes épargne. Nous avons ajouté Sogexia et Compte CO2. Voici les critères selon lesquels nous avons classés les modèles d’offres : Payant : frais d’inscription, d’envoi de carte, ou cotisation mensuelle ou annuelle. Gratuit sous conditions : selon les offres, conditions d’achat, d’utilisation, de virement ou de revenus. Gratuit : sans frais d’inscription ni cotisation mensuelle, sans conditions d’achat, d’utilisation, de virement ou de revenus. Pour rappel, nous utilisons le terme de néobanque pour qualifier des acteurs qui ne disposent pas d’une licence bancaire, et ceux de challenger et de banque en ligne pour désigner des nouveaux entrants et acteurs historiques pleinement régulés.Pour toute remarque ou question, contactez-nous : datalab@mind.eu.com Aymeric Marolleau et Rudy Degardin avec Antoine Duroyon, Aude Fredouelle et Caroline Soutarson banque de détailbanque en lignecarte bancairechallengernéobanque Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Les offres des acteurs de la banque numérique Le classement des néobanques et banques en ligne qui ont le plus de clients en France Comment Lydia a fait sa mue en 2023