Accueil > Parcours de soins > Gestion de la data > Frédéric Jacquey (Roche Diabetes Care France) : “Accenture va développer notre cloud dédié aux données patients, la colonne vertébrale de notre offre” Frédéric Jacquey (Roche Diabetes Care France) : “Accenture va développer notre cloud dédié aux données patients, la colonne vertébrale de notre offre” Acquisition de l’application MySugr, partenariat avec Accenture… l’activité Diabetes Care de Roche a signé plusieurs contrats en 2017. Frédéric Jacquey, président de Roche Diabetes Care France, détaille les perspectives offertes par ces opérations et les développements de l’activité en France. Par Aurélie Dureuil. Publié le 12 décembre 2017 à 16h16 - Mis à jour le 12 décembre 2017 à 16h16 Ressources Roche Diabetes Care France a enregistré un chiffre d’affaires de 174,3 millions d’euros en 2016 (sur un total de 1,732 milliard d’euros). Quelles sont les activités de Roche dans le domaine du diabète ? En France, l’activité du groupe Roche se répartit autour de Roche Pharma, Roche Diagnostics et Roche Diabetes Care. La première concerne les molécules, notamment dans la cancérologie. Elle représente environ 75 % du chiffre d’affaires du groupe. L’activité Diagnostics se concentre sur le diagnostic biologique et l’histopathologie. Et enfin l’activité Diabetes Care. Nous sommes notamment numéro 1 en France sur l’auto-surveillance glycémique. Roche Diabetes Care France assure la commercialisation des produits en France, au Luxembourg et dans 27 pays d’Afrique. Quels sont les enjeux du digital pour cette activité ? Dans le domaine du diabète, le patient gère lui-même sa maladie, en particulier quand il est traité par insuline. Il doit ainsi mesurer son taux de sucre dans le sang, interpréter ses données glycémiques, calculer les doses d’insuline à s’administrer… Le digital présente un intérêt pour son accompagnement et pour améliorer son observance. Il va y avoir de plus en plus de systèmes temps réel, en ligne… avec de l’analyse automatique de données, des systèmes délivrant automatiquement des conseils, des aides à la décision. Notre objectif est de développer des solutions individualisées. La patient va être au coeur d’un nouvel univers que nous devons créer. Quels sont vos axes de travail ? L’apport du digital est très important. Il s’articule autour de deux axes. D’abord, notre portefeuille de produits. Cela concerne les produits existants qui deviennent connectés, peuvent envoyer des données vers des cloud… Et les outils purement digitaux comme les applications, les logiciels et les algorithmes liés à des services. Le deuxième axe concerne la transformation digitale de l’entreprise en tant que telle. Cela nous touche d’une autre manière, mais c’est tout aussi important. Roche a annoncé cet été l’acquisition de MySugr puis un partenariat de cinq ans avec Accenture. Comment ces opérations s’inscrivent-elles dans l’évolution de votre portefeuille ? Pour mettre en place un univers dédié au patient, nous allons nous appuyer sur un cloud spécifique. L’accord avec Accenture est très important pour nous. Ces grands spécialistes de la technologie vont développer notre cloud dédié aux données patients (un cloud basé sur la plateforme Accenture intelligent patient, ndlr). Nous allons ainsi construire la colonne vertébrale de notre offre. Le travail autour de ce cloud a réellement pris forme au dernier trimestre 2017. Le cloud devrait être actif courant 2018. Et pour accéder à cet univers, l’application MySugr devrait servir de porte d’entrée pour toutes les applications et objets connectés pour les patients. Connectée à l’ensemble de nos lecteurs de glycémie, elle permettra au patient de gérer son diabète et de recevoir des informations de motivation. Tous les objets qui vont générer des données en temps réel, pourront les transmettre à l’application MySugr pour qu’elles puissent intégrer l’univers développé avec Accenture. Contrairement au principe de nombreuses applications santé qui ne stockent pas les données de santé, vous deviendrez hébergeur. Effectivement, nous avons engagé une démarche officielle pour obtenir l’agrément d’hébergeur de données de santé auprès de l’Asip Santé et de la Cnil en France. Et, ce dans le cadre des évolutions réglementaires européennes en mai 2018 (Règlement général sur la protection des données). Le stockage physique de ces données est en cours d’élaboration au niveau du groupe. Il ne sera pas obligatoirement en France mais dans un pays européen. Vous préparez également le lancement d’une étude clinique en France sur le capteur Eversense de Senseonics. Où en êtes-vous ? Le capteur Eversense est implanté sous l’épiderme pour une durée de trois à six mois et permet la mesure en continu du glucose. Il est déjà disponible dans une quinzaine de pays (notamment en Belgique, au Pays-Bas, en Afrique du Sud, en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni…). Nous préparons une étude clinique auprès d’une quinzaine de centres hospitaliers en France. Elle devrait débuter début 2018 pour une période de 6 à 8 mois et inclure environ 300 patients. Les résultats de cette étude devraient nous permettre d’engager une démarche de demande de remboursement de ce dispositif médical auprès des autorités de santé pour une mise sur le marché, nous l’espérons courant 2019. Vous finalisez également le Digital factory. Pouvez-vous présenter cette entité ? Nous avons presque terminé les recrutements pour ce digital factory créé il y a un an à Barcelone. Il est spécialement dédié à la R&D dans le traitement du diabète. 60 personnes ont été embauchées. Une partie de l’équipe travaille avec Accenture sur la plateforme autour des données des patients. Des outils destinés aux professionnels de santé et d’autres aux patients y sont développés. Ils travaillent sur des applications mais aussi des programmes ou des algorithmes qui permettront l’interprétation de données de glycémie, des analyses de tendances… Comment analysez-vous les évolutions du marché français ? Dans le domaine de la santé, il y a toujours une certaine inertie. Ce conservatisme n’est pas dû uniquement aux entreprises mais aussi à l’administration et aux professionnels de santé. Le secteur avance dans la digitalisation, même si nous ne sommes pas aussi avancés que d’autres secteurs d’activités. La transformation se fait, elle fait évoluer l’industrie, les entreprises et même l’administration. Par exemple, on parle depuis très longtemps de télémédecine, de télésurveillance. Aujourd’hui de vraies mesures sont prises. Nous sommes en train de vivre un virage dans notre activité et dans le domaine du diabète en particulier. Rappelons qu’en France, on compte 3,5 millions de patients diabétiques. Un chiffre qui devrait passer à 5 millions dans les années à venir. Le grand défi est de continuer à développer des solutions innovantes, parfois de hautes technologies tout en maintenant des coûts de production raisonnables. Il faut être capable de faire rentrer les solutions que nous proposons dans les systèmes de prise en charge solidaire. En parallèle, vous travaillez sur la digitalisation de vos activités. Comment pilotez-vous ces changements ? La transformation digitale de l’entreprise est pilotée par les équipes de direction et de communication. Cela se fait au fur et à mesure. Nous voulons que cela s’intègre à la culture d’entreprise. Il y a bien sûr de la résistance au changement mais il faut laisser du temps aux collaborateurs, les accompagner et leur expliquer les bénéfices qu’ils peuvent en tirer. Nous avons par exemple une grande convention en janvier au cours de laquelle un temps sera consacré au digital. Nous nous faisons accompagner par des sociétés extérieures sur ce sujet. Sur quels sujets travaillez-vous ? Le digital concerne de nombreux domaines de notre activité. Par exemple, depuis septembre, nous déployons l’outils Live-Chek qui permet de faire de la visite en vidéo auprès des pharmaciens d’officine. Jusqu’à maintenant nos commerciaux sédentaires réalisaient 12 appels par jour chacun aux pharmacies d’officine qu’il n’était pas possible de contacter autrement. Aujourd’hui, ils appellent quasiment tous leurs clients en live. Ils proposent de la visite à distance avec la possibilité de signer un contrat digital, directement en ligne pendant la visite. Et nous avons déjà quelques pharmaciens qui font des sessions via leur iPhone. Frédéric Jacquey 1994 : Diplômé d’un doctorat d’ingénierie biologique et médicale de l’université Lyon 1. 1996 : Responsable des ventes Biochimie chez Boehringer Mannheim. 2000 : Responsable Marketing Biochimie chez Roche. 2001 : Responsable de Roche Applied Solutions. 2005 : Responsable de Diabetes Care Roche. 2014 : Président de Roche Diabetes Care France management center (France, Luxembourg et 27 pays d’Afrique francophone). Aurélie Dureuil cloudDiabèteDispositif médicalLaboratoiresPharmacie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind