Démarrage officiel de “Mon espace santé” : le calendrier de son déploiement

“Une innovation comparable à la carte Vitale”. En lançant officiellement le démarrage de la plateforme “Mon espace santé”, le Ministre de la santé Olivier Véran a voulu ce jeudi matin montrer l’ampleur des changements attendus. “Trois ans de travail”, c’est, rappelle Dominique Pon ce qu’aura demandé la création de cette plateforme, épine dorsale de la feuille de route “Accélérer le virage numérique en santé” dont il est le pilote. A minima, l’ambition est de “franchir le plafond de verre des 10 millions de DMP que nous avons mis 15 ans à créer”. Au mieux, le but est que “d’ici 18 à 24 mois, cet espace devienne le carnet de santé numérique des Français”. A noter que les 10 millions de DMP déjà créés pourront, avec l’accord de leur propriétaire, intégrer automatiquement Mon espace santé.

Le point-presse du 1er février a également été l’occasion de faire le bilan de la phase pilote de Mon espace santé, lancée en août 2021 pour tous les usagers de trois départements– la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique et la Somme – soit 3,3 millions de personnes.

SONS et SUN-ES comme conditions de réussite

Afin que toutes les données de santé intègrent facilement Mon espace santé, il était nécessaire que la nébuleuse d’infrastructures logicielles et de systèmes d’informations utilisés par les établissements de santé soient interopérables et répondent à des exigences de sécurité. D’où le programme de financement SONS dont le but est d’encourager les versions logicielles référencées Ségur par l’Agence du Numérique en Santé (ANS). L’objectif, précise Laura Létourneau, déléguée ministérielle au numérique en santé, est clairement de changer la donne d’ici un an ou deux ans. Concernant le volet logiciel SONS, 18 éditeurs ont à ce jour été référencés, 86 éditeurs sont en cours de référencement”. Cette “usine à labellisation des éditeurs” rappelle Dominique Pon, s’accompagne d’un programme de financement des usages, baptisé SUN-ES. ” Sur ce volet, 48% des établissements de santé se sont aujourd’hui engagés sur l’atteinte des cibles fixées pour le premier semestre 2022.”

Le déploiement prévu et attendu

Prévu initialement le 1^er janvier 2022, le lancement de Mon espace santé mettra sans doute encore quelques semaines avant d’être pleinement opérationnel. Un programme de “bug bounty” est en effet en cours de réalisation avec le collectif YesWeHack pour traquer d’éventuelles failles.

Destiné à faciliter des échanges sécurisés et confidentiels entre médecins et patients, et entre les professionnels de santé, Mon espace santé s’appuiera sur une Messagerie sécurisée de santé (MS-santé). En 2021, 10 millions de messages ont été échangés via cette messagerie. L’objectif fixé par Dominique Pon est d’atteindre 250 millions de messages en 2023.

S’agissant du catalogue d’applications (ou “store”) de Mon espace santé, sa sortie n’est prévue que “courant 2022” (cf calendrier ci-dessous). Le guichet de référencement de ces solutions n’ayant finalement été ouvert qu’en août 2021, explique Laura Létourneau, le processus de validation de ces applications (pour vérifier leur conformité à la Doctrine technique du numérique en santé) est encore en cours. Laura Létourneau précise cependant que “81 produits ont été déclarés par les éditeurs comme ayant vocation à être référencés. Pour 23 d’entre eux, le processus de validation est déjà engagé.”

Garantir la confidentialité et la sécurité des données  

Des précisions ont été apportées sur l’accès aux données, leur traçabilité et le contrôle des accès au sein de Mon espace santé :

• Seuls les citoyens et les professionnels de santé qui les accompagnent peuvent accéder aux données de santé à caractère personnel
• L’État, l’Assurance maladie, les assurances et mutuelles n’ont aucun accès aux données
• Les données sont chiffrées
• Des travaux sont en cours sur la publication du code source de Mon espace santé
• L’usager sera averti à chaque fois qu’un document est envoyé ou modifié dans son dossier médical ou lorsqu’un professionnel de santé accède à ses informations de santé
• Il pourra choisir de masquer des informations ou de bloquer l’accès à un professionnel ou un établissement de santé (sauf à un médecin traitant qu’il aurait pro-activement désigné dans Mon espace santé
• Un historique des activités permettra à l’usager de savoir qui a consulté ses données.

Accompagner les usagers

Pour accompagner l’ensemble des usagers vers Mon espace santé, un numéro support (3422) a été mis en place. 4000 conseillers numériques du réseau France Services ont été recrutés pour favoriser l’inclusion numérique dans les territoires. Ils sont en cours de formation à la plateforme Mon espace santé. Des aidants du réseau “aidants connect”, des sociétaires de la MedNum (coopérative nationale des acteurs de médiation), des “hubs territoriaux pour un numérique inclusif” et des médiateurs professionnels sont également mobilisés et en cours de formation. Enfin, 18 coordinateurs régionaux sont en cours de déploiement sur la France entière (un par région) pour coordonner ces différents réseaux.