Accueil > Financement et politiques publiques > Cyrille Politi (FHF) : “J’ambitionne de présenter en 2020 un outil d’auto-évaluation de la maturité en IA” Cyrille Politi (FHF) : “J’ambitionne de présenter en 2020 un outil d’auto-évaluation de la maturité en IA” La FHF s’engage pleinement depuis 2017 dans le virage numérique du système de santé. Nommé cette même année “conseiller en transition numérique”, Cyrille Politi détaille pour mind Health sa mission au service des 4 800 établissements publics adhérents et fait le point sur les récentes réalisations et futurs objectifs de la FHF en matière d’IA, d’interopérabilité ou de RGPD. Par . Publié le 20 septembre 2019 à 17h41 - Mis à jour le 17 mai 2022 à 9h26 Ressources La FHF vous a nommé conseiller en transition numérique en 2017. Avec quelles missions ? Lorsque la Fédération m’a donné ce titre, nous étions quelque peu précurseurs : à l’époque, on entendait seulement parler de système d’information. Aujourd’hui, je continue bien sûr à m’occuper de SI et je travaille également avec les DPO (data protection officers) sur la protection des données, sur la sécurité des SI, mais aussi sur des sujets beaucoup plus larges au sein des hôpitaux, comme le Health data hub et les grands projets de transformation. Cette nomination montrait que la FHF accompagnait un mouvement national. Travaillez-vous en équipe ? Je travaille seul sur la partie transition numérique, à mi-temps (Cyrille Politi est par ailleurs DPO au sein du groupement hospitalier de territoire (GHT) de Saône-et-Loire-Bresse-Morvan, ndlr), et je dépends du pôle Offre de soins piloté par Alexandre Mokede, qui compte quatre personnes. Par ailleurs, le Fonds FHF dirigé par Enguerrand Habran se consacre à la recherche et à l’innovation mais n’a pas tout à fait les mêmes missions. En pratique, de quelle façon accompagnez-vous les établissements ? Il y a un accompagnement qui se voit, et un accompagnement qui ne se voit pas. Ce qui ne se voit pas par exemple, c’est le travail effectué sur le programme Hop’En. Les établissements ont démarré tard le précédent programme, Hôpital numérique, et sont passés à côté pour diverses raisons. Sur Hop’En, mon objectif était de faire en sorte que cela ne se reproduise pas : j’ai participé pendant près de deux ans à sa construction, en lien avec les établissements et surtout avec le ministère de la Santé. Le but était d’éviter par exemple que soit imposé un prérequis alors que des établissements ne sont pas prêts, qu’il allait leur falloir deux ans et que le ministère passerait à côté du plan. Ce fut une très grosse charge de travail, menée avec d’autres fédérations évidemment. C’était aussi un accompagnement compliqué : il fallait construire quelque chose d’intelligent – 420 M€ étaient tout de même sur la table, c’est notre argent à tous -, qui produise des effets, et toutes les fédérations ont travaillé main dans la main pour y parvenir. Nous avions à coeur de préserver l’intérêt de nos établissements et voulions qu’ils puissent démarrer rapidement sinon nous ne transformerions rien. Les enjeux étaient politiques et stratégiques, parfois très techniques. Un vrai travail d’accompagnement, le travail premier de la FHF. Le résultat vous satisfait-il ? Nous sommes assez fiers et les retours des régions témoignent de son succès : énormément d’établissements ont déposé des dossiers, et de beaux dossiers. Je suis très content pour les établissements publics, pour les patients, aussi pour le business du SI : avec cet argent, les éditeurs doivent aussi se montrer présents. On ne peut pas dire que l’on va faire converger les SI, créer des GHT, et ne rien changer dans le monde industriel. Avec Hop’En, les budgets vont tomber. Il faut donc une offre industrielle capable de s’adapter à la nouvelle donne. Nous devons renforcer la maîtrise d’ouvrage, nous montrer beaucoup plus professionnels, nous avons besoin aussi de nouveaux services territoriaux : la FHF porte le concept de “plateforme responsabilité populationnelle” (il vise à “rassembler l’ensemble des acteurs de la santé, du médico-social et du social d’un territoire autour de la santé des populations” à travers une plateforme numérique à laquelle chaque logiciel de chaque acteur aurait été interfacé, agrégeant et analysant les données des patients, coordonnant leur parcours de soins et leur offrant des services tels que le télésuivi ou un objet connecté, ndlr). D’autres pays y sont parvenus, il n’y a pas de raison que la France n’y parvienne pas. Il faut juste être vigilant de sorte que, lorsqu’une avancée telle que Hop’En est mise en oeuvre, elle puisse profiter à tous les établissements. C’est essentiel ! Toutefois, développer un partenariat entre un établissement, une start-up et un organisme de recherche ne restera pas à la portée de tout le monde certes, mais aux mains des établissements dotés de plus de moyens financiers ou plus matures. Il faut l’accepter. Nous croyons très fort que Hop’En permettra un rattrapage des structures plus en retard sans pour autant léser celles qui sont plus en avance. C’est un équilibre que nous avions recherché et je pense que nous avons réussi à l’atteindre. La loi Santé a également renforcé les exigences d’interopérabilité des SI. D’autres leviers seraient-ils nécessaires ? Le sujet a en effet avancé, nous avons d’ailleurs fortement soutenu l’amendement à la loi Santé qui a renforcé l’interopérabilité. Nous souhaitons réellement que cela progresse et la charte BP7 en témoigne, dans un contexte où les éditeurs se disent interopérables mais avec eux-mêmes… pour des raisons financières ou parce que s’interopérer avec un concurrent peut leur faire perdre des parts de marché. À l’occasion du salon Health-IT (HIT) de la Paris Healthcare Week le 22 mai 2019, elle était présentée comme “quasiment finalisée”. Où en est-elle ? Il s’agit du second volet de l’accompagnement des établissements par la FHF : j’anime depuis quelques années un comité mixte des SI, piloté par la Fédération. Il intègre la Fehap, la FHP, le Syntec numérique, le Snitem, l’Asinhpa, Lesiss et vraisemblablement d’autres fédérations devraient nous rejoindre. Ce comité s’est ouvert au fil du temps, un souhait de la FHF. Nous avons des sujets en commun et l’idée est d’en discuter ensemble. C’est ainsi que nous avons présenté lors de Santexpo (le nouveau nom donné par la FHF à la Paris Healthcare Week, ndlr) la charte BP7 qui sera finalisée d’ici la fin de l’année. Nous avons travaillé de nombreux mois sur ces bonnes pratiques. Nous la cosignerons. Elle n’a pas un poids juridique très fort mais elle constitue une base d’engagements très pratique, un texte de référence, et sur des sujets essentiels pour les établissements. Un “code de conduite pour l’information des patients” avait également été annoncé sur HIT, en collaboration avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Il s’agit là encore d’un accompagnement concret de la part de la FHF, qui permettra aux collègues de gagner énormément de temps et d’énergie. Plus qu’un code de conduite, c’est du prêt à appliquer : les établissements pourront s’évaluer et savoir s’ils sont conformes au règlement général sur la protection des données (RGPD). Il s’agit d’un premier opus (sept à huit sont prévus, ndlr) et l’information des usagers nous semblait être le point de départ. Il sera prêt en fin d’année, sinon en tout début d’année prochaine. Je travaille également depuis l’an dernier sur l’intelligence artificielle : je pilote une mission ayant pour objectif de pouvoir mesurer la maturité des établissements. Nous leur mettrons à disposition un outil d’autoévaluation pour savoir s’ils sont prêts à travailler sur des projets de data ou IA, en lien avec le Health data hub, et le partager ensuite dans le cadre d’un observatoire. L’État affiche une forte ambition sur les données de santé et la place de la France sur ces sujets ; nous devons être au rendez-vous et, pour ce faire, accompagner les établissements. Mon ambition est de pouvoir présenter cet outil au prochain Santexpo. Avec des partenaires externes – collègues hospitaliers, experts, industriels, de la recherche… – l’idée est de constituer une équipe pour arriver à cette solution. En 2018, la FHF avait émis des propositions dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé menée par le gouvernement, notamment sur le chantier relatif au numérique. Quels retours avez-vous obtenus depuis ? L’une d’entre elles encourageait les usages de la télémédecine à l’hôpital. Nous ne sommes pas au niveau aujourd’hui ; elle a été déverrouillée pour la médecine libérale mais pas franchement pour nous (cette proposition appelait à des modalités financières plus incitatives pour les établissements, ndlr) alors que nous devons l’intégrer aux pratiques. Il reste un vrai travail à faire sur ce sujet. Une autre proposition consistait à mettre en oeuvre effectivement la responsabilité populationnelle. Nous sommes un peu accompagnés par l’État mais pas à la hauteur des enjeux sachant que le projet est expérimenté sur cinq territoires (Deux-Sèvres, Cornouaille, Douaisis, Haute-Saône ainsi qu’Aube et Sézannais, ndlr). Il a été retenu dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 et un amendement sur la responsabilité populationnelle est passé dans la loi Santé mais ce n’est pas suffisant. Nous proposions également d’établir un plan de financement du SI du secteur médicosocial : la réflexion est engagée et ce plan devrait voir le jour. Il est important pour nous : nous vivons une espèce de situation absurde où le patient pris en charge en secteur médicosocial est souvent chronique et nécessiterait une prise en charge coordonnée alors que la plupart des établissements concernés ne sont pas du tout informatisés. Nous avons été a priori entendus. Enfin, la cybersécurité fait de plus en plus parler d’elle en milieu hospitalier. Les moyens affectés sont-ils à la hauteur des menaces ? Dans les arbitrages financiers, il n’y a déjà pas suffisamment d’argent injecté dans le SI. Si on en mettait davantage, il y en aurait davantage dans la cybersécurité. La directive NIS était une belle occasion d’avancer sur ce sujet mais elle s’est traduite par un courrier aux directions d’établissements choisis comme “opérateurs de services essentiels” – le choix s’est naturellement tourné vers les centres hospitalo-universitaires (CHU) – leur rappelant leurs obligations sauf que les CHU en reçoivent tous les jours une nouvelle. Or nous avions peut-être là la possibilité de prendre en main le sujet de la cybersécurité. Les audits gratuits de l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (Asip santé), pourquoi pas, mais le sujet mérite plus. La cybersécurité n’a pas été placée à un niveau qui lui permette de figurer dans le radar des chefs d’établissements. Cyrille Politi Depuis juillet 2018 : DPO du GHT Saône-et-Loire-Bresse-Morvan Depuis mars 2017 : conseiller en transition numérique de la FHF Juin 2014 – oct. 2015 : membre élu représentant de la santé au CA du GIP e-Bourgogne Sept. 2013 – mars 2017 : conseiller en SI et télémédecine de la FHF Oct. 2012 – juillet 2018 : directeur des affaires financières du CH de Sevrey Oct. 2011 – oct. 2015 : administrateur du GCS e-santé Bourgogne Sept. 2009 – sept. 2012 : secrétaire général puis DSI du groupe hospitalier Le Creusot-Montceau 2003-2011 : délégué régional Bourgogne du collège national des DSIO (directeurs du SI et de l’organisation) de centres hospitaliers 2002-2003 : chargé de mission SI et télémédecine à l’agence régionale de l’hospitalisation de Bourgogne CNILCybersécuritéEHPADGHTHealth data hubHôpitalIntelligence ArtificielleInteropérabilitéRGPDSystème d'information Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind