France : Sanofi mise sur “l’expérience formation” pour accélérer l’upskilling et le reskilling

En 2022, Sanofi a signé deux accords sur la formation pour ses 20 000 salariés en France (90 000 dans le monde). L’un d’entre eux, l’accord de gestion des emplois et parcours professionnels, qui court jusqu’en 2025, a acté la distinction entre métiers sensibles et métiers en tension. Cette classification a été précisée à chaque salarié du groupe lors des entretiens professionnels. Les métiers en tension, sur lesquels Sanofi axe son recrutement, constituent également les priorités de la formation interne : l’innovation dans les biotechnologies et la transformation numérique (data science, intelligence artificielle). Si l’accord est français, la méthode est déclinée à l’échelle mondiale.

Learning institutes

Au niveau global, Sanofi a créé huit learning institutes, coordonnés par la direction de la formation et intégrés aux business units du groupe : manufacturing & supply, recherche et développement, leadership et soft skills, medical, marketing, sales, numérique et corporate (regroupent les fonctions support comme le finance, rh etc.). “Parce qu’elles sont proches du business, les équipes des learning institutes comprennent mieux les enjeux, les besoins et développent l’offre en fonction”, explique Rachael Dessane, directrice groupe de l’expérience formation, chargée d’encourager le recours à la formation en proposant des parcours innovants. L’upskilling et le reskilling font ainsi partie des “piliers stratégiques” de la direction de la formation de Sanofi. “Nous avons développé des parcours pour répondre aux changements de contours dans nos postes et concilier métiers sensibles et métiers en tension”, précise l’experte. L’entreprise a par exemple ouvert récemment un centre d’excellence sur l’ARN-messager, biotechnologie émergente utilisée dans les principaux vaccins contre le Covid-19. Des parcours de formation permettent à des salariés occupant un métier sensible de bénéficier d’une pré-qualification avant d’être admis dans ce centre, tout en conservant leur salaire. Ils ont au préalable été recrutés par leur futur manager et les RH du site concerné. Cette possibilité existe également pour des techniciens en usine souhaitant accéder aux métiers de la maintenance ou du contrôle qualité, tous les deux en tension.

Responsabiliser les salariés

Suivant son ambition de rendre les salariés “acteurs de leur formation”, l’entreprise a créé une learning experience platform, à laquelle ils peuvent tous accéder, y compris via une application mobile, en plus du catalogue de formations. “Elle offre l’accès aux bibliothèques de contenu comme CrossKnowledge, Circus Street, Coursera… Le contenu peut être créé en 24 langues et les apprenants ont la possibilité de personnaliser leur expérience en sélectionnant jusqu’à quatre langues différentes dans leur profil”, indique Rachael Dessane. Elle fonctionne sur le modèle d’une plateforme de type Netflix avec des contenus par thème. Par ailleurs, l’une des dispositions négociées par le dialogue social offre aux salariés un abondement jusqu’à 2 500 € qui s’ajoute à leurs droits individuels à la formation (avec le CPF). En 2022, l’entreprise a réalisé un million d’actions de formation (présentiel, e-learning, vidéos…) dont 14 000 réalisées avec un formateur pour un total de 650 000 heures, des chiffres en nette augmentation sur un an. Pour y parvenir, l’entreprise a conçu la semaine “Explore more”, avec des événements qui doivent permettre chaque année d’assister les salariés dans la conception d’un plan de développement individuel.

Intelligence artificielle, réalité virtuelle et soft skills

“Comme ils sont acteurs de leur formation, nous avons souhaité investir sur l’expérience formation pour les engager à se former”, affirme Rachael Dessane. Les learning institutes sont ainsi chargés de trouver les formations correspondant à leurs besoins tout en proposant des contenus “innovants”, “immersifs” et qui ont “un impact dans le temps”. Par exemple, deux formations en réalité virtuelle ont été proposées à un grand nombre de collaborateurs. L’une adressée aux techniciens de laboratoire pour leur permettre d’appréhender des manipulations complexes visuellement, l’autre pour aider à se mettre dans la peau d’une personne malade et comprendre ses contraintes (notamment pour les commerciaux). Sanofi améliore par ailleurs le coaching de ses commerciaux par l’utilisation de l’intelligence artificielle qui recueille des “informations conversationnelles cachées” dans les enregistrements de leurs conversations. Enfin, l’entreprise a développé des parcours soft skills spécifiques pour ses alternants avec 3 classes virtuelles de 2 heures et un stage immersif d’une trentaine d’heures au sein de l’entreprise. “L’idée est de développer les soft skills (communication, leadership, esprit d’équipe) nécessaires à la vie dans l’entreprise et de créer l’esprit d’une formation”, commente la directrice de l’expérience formation. En 2022, 180 alternants y ont participé en France (soit un peu moins de 15 % de la cohorte).

Mise à jour 28/02/2023 : correction de la nomenclature des Learning institutes.