Accueil > Financement et politiques publiques > COVID-19 : qui sont les 141 acteurs de la téléconsultation et du télésuivi recensés par le ministère ? COVID-19 : qui sont les 141 acteurs de la téléconsultation et du télésuivi recensés par le ministère ? Réactif, le ministère de la Santé a référencé en une dizaine de jours les outils qui permettent aux professionnels de santé de réaliser des téléconsultations ou d’assurer un télésuivi pour les aider à gérer la crise sanitaire liée à l’apparition de COVID-19. À la date du 20 mars, la liste, publique, recensait 141 solutions. mind Health s’est penché sur les acteurs qui la composent, les fonctionnalités proposées par leurs solutions, les territoires couverts mais aussi le niveau de sécurité garanti. Par Aymeric Marolleau avec et . Publié le 30 mars 2020 à 16h46 - Mis à jour le 23 janvier 2023 à 16h13 Ressources Pour faciliter la prise en charge des patients atteints de COVID-19, le ministère de la Santé a encouragé les médecins, les sages-femmes et les infirmiers à “s’équiper de solutions de téléconsultation et de télésuivi”. Il a dans le même temps appelé les professionnels qui proposent ce type de solutions à se faire connaître en remplissant un formulaire afin de préciser les détails de leur offre. Si bien que, le 20 mars, il publiait via l’Agence du numérique en santé (ANS) une première liste de 141 solutions (logiciels, plateformes, accès web, applications) déclarées disponibles par leurs éditeurs avec, pour chacune, les principales fonctionnalités proposées et le niveau de sécurité garanti, noté de 1 à 10 (voir méthodologie). mind Health a profité de l’occasion pour tenter de défricher un secteur encore hyper concurrentiel. Plus d’articles sur le COVID-19 – Comment le télésuivi s’adapte à la crise sanitaire– Panorama des aides de l’État aux entreprises Quels positionnements ? Nous avons vérifié le positionnement des sociétés qui ont déclaré leur solution auprès de l’ANS. Certaines peuvent avoir plus d’une spécialité. Sans surprise, la majorité d’entre elles (58 %) se concentrent sur la téléconsultation, dont Doctolib, MesDocteurs, Nemo Health (TokTokDoc), Feeli ou Hellocare pour ne citer qu’eux, et une sur quatre le télésuivi, dont MHComm et Lifen (voir graphique). Certains acteurs étaient moins attendus, comme le spécialiste de la téléradiologie TIM (Télé-imagerie du Maine), ou celui du click & collect pour les pharmacies telepharmacie.fr (Mobeo). On trouve aussi dans cette liste des acteurs très éloignés de la télémédecine, comme l’application de paiement mobile Lyf Pay, trois acteurs de la vidéoconférence généraliste ou encore un spécialiste du transfert de fichiers sécurisés (Bluefiles, de Forecomm). Interrogé sur ce point par mind Health, le ministère de la Santé indique “avoir référencé tous les outils qui permettent aux professionnels de santé de faire de la téléconsultation et du télésuivi. Ce référencement reste centré sur ces activités. Il s’agissait d’être le plus réactif possible en leur proposant, pour répondre à leur demande, un outil très simple. Mais nous avons depuis entamé une démarche beaucoup plus large : comment aider les établissements et les professionnels à se repérer parmi tous les outils numériques au sens large dans l’offre existante et leur permettre de mettre en avant des offres un minimum sécurisées. Il peut s’agir d’orientation de patients, de coordination, de télésurveillance ou de gestion de crise par exemple, bref tout outil qui peut aider à gérer la crise sanitaire”. Et en effet, le ministère a également appelé les éditeurs à se faire connaître auprès de ses services, cette fois par l’intermédiaire du groupement d’intérêt économique (GIE) Sesam-Vitale. Ce second référencement a ceci de particulier qu’il requiert de la part des éditeurs d’intégrer les algorithmes validés par le ministère lorsque leurs outils sont concernés. Deux premiers algorithmes sont parus : celui permettant d’orienter les patients selon leurs symptômes et celui permettant la télésurveillance des patients à domicile. Le site Maladiecoronavirus.fr, hébergé par Docaposte et soutenu notamment par Allianz France, intègre par exemple le premier algorithme. “Nous demandons à être en phase avec les algorithmes publiés et validés par nos soins. Dans les domaines concernés, les éditeurs doivent s’engager à les respecter pour être référencés. Nous mettrons ces algorithmes à disposition sur notre site et les industriels concernés seront prévenus au fur et à mesure”, précise le ministère de la Santé. À terme, la liste référencée par le GIE sera également rendue publique. Le premier référencement a d’ailleurs vocation à rejoindre celui, plus large, du site du GIE. Lexique – Téléconsultation : le patient consulte un professionnel de santé en visioconférence.– Télésuivi : le patient est suivi à distance, en ligne (par vidéo, par le biais d’une collecte de données…).– Prise de rendez-vous en ligne : plateforme permettant à un patient de prendre un rendez-vous physique ou de téléconsultation avec un professionnel de santé.– Télé-expertise : un professionnel de santé sollicite, en ligne, l’avis d’un autre professionnel de santé. – E-consultation : le patient envoie, en ligne, son dossier médical à un professionnel de santé pour avis. Interrogé par mind Health sur la prise en charge de ces différents modes de consultation, comme la “e-consultation”, le ministère de la Santé indique que son référencement n’a aucune incidence sur les textes en vigueur sur le sujet : “Nous nous sommes posé la question des outils gratuits par exemple mais ce n’est pas à nous, ministère, d’établir une colonne indiquant le prix de la solution. C’est au médecin de choisir un outil gratuit ou payant, dans le respect des textes actuels. Nous ne rentrons pas dans des problématiques commerciales”. Quelles sont les fonctionnalités les plus communes et les plus rares ? Ces 141 acteurs ont précisé dans leur formulaire s’ils proposent l’un des six services suivants : vidéo-transmission, partage de documents du professionnel de santé vers le patient, partage de documents du patient vers le professionnel de santé, planification d’un rendez-vous, paiement de l’acte et facturation à l’Assurance maladie. Le partage de document du professionnel de santé vers le patient et vice-versa sont les fonctionnalités les plus communes, puisqu’environ 90 % des sociétés déclarent les proposer (voir graphique). Elles devancent donc la vidéotransmission (78 %) et la planification d’un rendez-vous (60 %). La facturation à l’Assurance maladie n’est proposée que par 14 acteurs, dont MesDocteurs, ClickDoc et Rofim. à lire également Le panorama des principaux acteurs de la téléconsultation Qui propose le plus de fonctionnalités ? Ils ne sont que sept acteurs à déclarer proposer l’ensemble de ces services : MesDocteurs (AvecMonDoc), International Cross Talk (CHORUS), ClickDoc Téléconsultation (CompuGroup Medical), Feeli, Livi, Hopi Medical (Télémédica) et Yesdoc Télémédecine. Ils sont 32 % à proposer cinq fonctionnalités. Dont Doctolib, qui fait seulement l’impasse sur la facturation à l’Assurance maladie. Et 21 % des 141 acteurs déclarent proposer quatre des six fonctionnalités. Parmi eux figure la cabine de consultation H4D, qui n’a pas dans son éventail de services la planification d’un rendez-vous et la facturation à l’Assurance maladie. Ils sont 13 à ne proposer qu’une seule fonctionnalité. C’est par exemple le cas du spécialiste du suivi pré et post ambulatoire Ambulis et des laboratoires médicaux P-A-D et Idelab (SIL-LAB Innovations), qui ne permettent que l’échange de documents du patient vers le professionnel de santé. Quels territoires sont couverts ? Dans son questionnaire, l’ANS demande également aux éditeurs de solutions de télémédecine de préciser les zone géographiques sur lesquelles ils interviennent. La quasi-totalité (82 %) des 141 premiers à avoir répondu déclarent opérer sur la France entière. Les autres n’interviennent donc que dans une ou plusieurs régions (jusqu’à 10 pour MHComm) ou bien en France métropolitaine, pour cinq d’entre eux (dont Doctolib et Eye Need). 13 solutions ne sont disponibles que dans une seule région. Elles ont souvent été créées par des structures médicales locales, à l’instar de e-KerMed, porté par l’agence régionale de santé (ARS) Bretagne et piloté par le groupement de coopération sanitaire (GCS) e-Santé Bretagne ou de Prédice, piloté par l’ARS Hauts-de-France avec l’appui du groupement d’intérêt public (GIP) local Santé Numérique. Nombre de ces solutions ont été créées sous marque blanche par des acteurs tiers. Avis2Santé en a créé trois, dont Dr@kkar, la solution de l’union régionale des médecins libéraux (URML) de Normandie et TELEPALLIA06 pour le centre hospitalo-universitaire (CHU) de Nice. Maincare (Covalia) en a créé deux, dont une pour le GCS e-santé des Pays-de-la-Loire. Qui est le plus sûr ? Pour s’assurer de la sécurité des solutions enregistrées, l’ANS a fixé six indicateurs (lire l’encadré méthodologique pour le détail du calcul). Est-elle conforme au Règlement général sur la protection des données (RGPD) ? Est-elle certifiée hébergeur de données de santé (HDS) ? Permet-elle de tracer l’acte de téléconsultation ou de télésoin ? Permet-elle la confidentialité de l’échange interpersonnel et de données ? Répond-elle aux standards d’identification électronique des personnes et des professionnels de santé ? Seule la double question sur la sécurisation des flux pouvait admettre une mention “non applicable”. Il ressort que les acteurs de la télémédecine s’en sortent bien. Ils sont 58 (41 %) à répondre par l’affirmative à toutes ces questions et ainsi obtenir une note de 10 sur 10 auprès de l’ANS. C’est le cas d’un grand nombre d’acteurs majeurs du secteur, comme Maiia (ex-Docavenue), ainsi que du service de consultation dédié à la psychologie, la psychiatrie, la nutrition et l’addictologie Doctopsy et de la plateforme de prise de rendez-vous en ligne pour les soins à domicile Libheros. Mais la note de certaines sociétés en vue déçoit. Comme le 6,5 obtenu par le spécialiste de la téléconsultation pour les professionnels de la vue Eye Need, qui ne garantit pas la sécurisation de l’échange interpersonnel (voix ou vidéo) et de données ni l’identification électronique des professionnels de santé. Ou le 6,5 également d’Office 365 Teams, de Microsoft, dont le logiciel ne garantit pas la sécurisation des flux ni l’identification électronique des personnes et des professionnels de santé. Ou encore le 7 décroché par Feeli, dont le logiciel n’est pas certifié pour l’hébergement des données de santé et ne garantit pas la sécurisation des flux. Seuls 11 acteurs (7,8 %) ont moins de 5 sur 10. Care for Cure, une société spécialisée dans “l’éducation thérapeutique du patient”, créée par Fedouah Djellal, a obtenu la moins bonne note car elle ne dispose pas encore de logiciel mais se propose de répondre aux patients “par téléphone ou en visio”. Parmi les autres acteurs à ne pas avoir obtenu la moyenne figurent des acteurs dont la téléconsultation n’est pas le métier et dont les clients traditionnels n’exercent pas dans le monde de la santé, comme l’outil de collaboration en ligne Use Together, le logiciel de vidéoconférence généraliste Assemblée, la start-up Speakylink, qui propose de dématérialiser les centres d’appel, la messagerie sécurisée Olvid ou encore la solution d’encaissement sur mobile Lyf Pro. La présence de certains spécialistes de la santé en bas de classement est plus surprenante. L’application Mia Confort, qui “permet aux personnes souffrantes d’établir leur propre carnet de suivi à domicile en auto-évaluant régulièrement les éléments qui peuvent impacter la sensation de douleur”, indique seulement être conforme au RGPD et permettre l’identification électronique à deux facteurs d’authentification. La solution de prévention et rééducation des blessures par le mouvement Axomove précise que sa solution est en cours de certification pour l’hébergement des données de santé. mind Health a également posé la question au ministère de la Santé de l’“après-pandémie” sur le terrain réglementaire : un arrêté paru le 20 mars accorde en effet exceptionnellement la possibilité aux professionnels de santé d’utiliser n’importe quel outil s’il n’a pas d’autre choix. Selon ce texte, “les professionnels de santé assurant la prise en charge par télésanté des patients suspectés d’infection ou reconnus COVID-19 recourent à des outils numériques respectant la politique générale de sécurité des systèmes d’information en santé (PGS-SIS) et la réglementation relative à l’hébergement des données de santé ou, pour faire face à la crise sanitaire, à tout autre outil numérique”. Le ministère précise sur son site qu’“en cas d’impossibilité et exclusivement dans le cadre de la réponse à l’épidémie de COVID-19, les professionnels peuvent utiliser d’autres outils”. Le ministère déclare à mind Health que, “ce qui est certain, c’est que ces référencements nous amèneront à nous demander ce que nous en ferons après. La dégradation dont vous parlez est très peu réelle : selon les scores de sécurité, toutes les solutions respectent RGPD. Dans les faits, elle n’existe donc pas. La seule chose, c’est qu’un médecin isolé qui ne peut faire qu’avec l’outil qu’il a à disposition, nous n’allons pas l’en empêcher”. Le ministère ne sait pas, par ailleurs, s’il maintiendra à jour ce type de référencement une fois la pandémie dépassée ; “nous n’en sommes pas là aujourd’hui”. Mais cette première démarche pourrait préfigurer le contenu de l’espace numérique de santé (ENS) prévu par la feuille de route gouvernementale du numérique en santé. Méthodologie Notre étude, menée la semaine du 23 mars, s’est fondée sur les auto-déclarations des acteurs de la téléconsultation, telles qu’elles ont été publiées le 20 mars sur le site de l’Agence du numérique en santé (ANS). La liste a depuis été mise à jour, et mind Health y reviendra dans les prochains mois. Comment l’ANS a-t-elle calculé le score des acteurs de la télémédecine en matière de sécurité ? Elle le précise sur son site : 2 points ont été attribués pour la conformité au Règlement général sur la protection des données (RGPD), 2 points pour la certification Hébergeur des données de santé (HDS), 1 point pour la traçabilité de l’historique des actes, 1 point pour la sécurisation des flux vidéo ou de données, 1 point pour l’identification du patient (au moins 5 traits d’identité), 1 point pour l’authentification renforcée du patient (au moins deux facteurs d’authentification), 1 point pour l’identification du professionnel (vérification du droit d’exercer) et 1 dernier point pour l’authentification renforcée du professionnel (au moins deux facteurs d’authentification, carte CPS ou eCPS). Le formulaire auquel les acteurs étudiés se sont soumis peut être consulté ici. Interrogé sur le choix de ces indicateurs, le ministère de la Santé répond que “le formulaire a été conçu à partir de tous les référentiels publiés par l’ANS, en incluant les textes en vigueur comme le RGPD. Les circonstances nous ont obligés à le créer rapidement. Il aurait pu être ajusté si nous avions eu le temps de la concertation. Pour autant, il n’a pas été établi de façon arbitraire”. Des questions, des commentaires ? Contactez-nous : redaction@mindhealth.fr Aymeric Marolleau avec et COVID-19hébergeursMinistèreRGPDtéléconsultationTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Pic d’utilisation de la téléconsultation en mars Comment le télésuivi s’adapte à la crise sanitaire