Accueil > Industrie > Télésurveillance des patients insuffisants cardiaques : comment la solution d’Air Liquide Healthcare se fait une place chez les cardiologues Télésurveillance des patients insuffisants cardiaques : comment la solution d’Air Liquide Healthcare se fait une place chez les cardiologues Depuis 2017, Air Liquide Healthcare propose, dans le cadre de l’expérimentation Etapes, une télésurveillance des patients insuffisants cardiaques. Chronic Care Connect Cardiologie, sa solution qui inclut des outils numériques et un accompagnement humain, a convaincu de nombreux cardiologues. Par La rédaction. Publié le 28 août 2020 à 15h19 - Mis à jour le 21 juillet 2022 à 12h40 Ressources Chaque année, plus de 70 000 décès sont associés à une insuffisance cardiaque et plus de 100 000 personnes sont hospitalisées pour cette pathologie. Le suivi des patients, notamment pour éviter les réhospitalisations, est donc un enjeu de santé publique. C’est dans ce contexte que la télésurveillance à domicile des patients insuffisants cardiaques est expérimentée dans le cadre du programme Etapes (Expérimentation de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé) du ministère des Solidarités et de la Santé. Chronic Care Connect Cardiologie, proposée par Air Liquide Healthcare, est l’une des cinq solutions retenues par Etapes. Lancé en 2017, ce dispositif est utilisé aujourd’hui par environ 150 établissements de soins (hôpitaux publics et cliniques privées) et cardiologues libéraux, et inclut plus de 2 500 patients. L’histoire de Chronic Care Connect Cardiologie commence en réalité en 2016. Air Liquide Healthcare, spécialisée dans la santé à domicile, achète à l’époque la société Alère qui a développé l’algorithme des alertes pour un télésuivi non médical de patients insuffisants cardiaques et dispose d’une étude clinique, Osicat, sur la télésurveillance. “Nous avons une longue expérience de la santé à domicile et la télésurveillance complète notre offre”, explique Bénédicte Roquette, responsable de l’activité télésurveillance cardiaque de Air Liquide Healthcare. La solution s’appelle alors Cordiva. Alère a d’ailleurs déposé un dossier à la Haute Autorité de santé (HAS) pour une demande de prise en charge par l’Assurance maladie. La HAS rend un avis négatif le 6 septembre 2016, après le rachat par Air Liquide. Elle estime que l’intérêt thérapeutique ne peut pas être établi. Etapes va alors représenter une opportunité pour l’entreprise et sa solution, devenue entretemps Chronic Care Connect Cardiologie. “Air Liquide Healthcare s’est engagée dans l’expérimentation Etapes, car ce programme converge avec notre stratégie de mieux prendre en charge les patients à domicile grâce à la télésurveillance”, commente Bénédicte Roquette. En effet, la télésurveillance s’inscrit désormais dans un parcours de soins coordonné avec l’hôpital avec un suivi médical assuré par des cardiologues, alors que la solution Cordiva était non médicale (un bilan était envoyé au médecin traitant si celui-ci le souhaitait). Une mise en place progressive La solution s’appuie sur quatre piliers : des outils digitaux, à savoir une balance connectée et une tablette remises au patient ; un algorithme qui analyse les données transmises quotidiennement et génère des alertes si besoin ; un triage des alertes et un accompagnement thérapeutique ; une intervention du cardiologue si nécessaire. Chaque jour, le patient se pèse et répond, via la tablette, à un questionnaire de 8 items correspondant à huit symptômes (dyspnée nocturne, orthopnée, toux, œdèmes, fatigue, palpitations, fièvre, épuisement). Si l’algorithme génère une alerte (prise de poids, apparition de symptômes), un infirmier appelle le patient pour faire le point avec lui. En cas d’alerte sérieuse, le cardiologue prend en charge le patient. Reste à convaincre les professionnels de santé. Ce qu’entreprend Air Liquide Healthcare auprès des services de cardiologie. “Entre 2018 et 2019, la mise en place de la solution a été très progressive. Elle implique un changement des modèles organisationnels dans les hôpitaux et de l’organisation du parcours de soins des patients, relate Bénédicte Roquette. La télésurveillance du patient à domicile après son hospitalisation a été bien accueillie dans les services de cardiologie, c’est un sujet nouveau qui suscitait des interrogations de la part de nos interlocuteurs sur l’organisation à mettre en œuvre dans le service et plus globalement dans l’hôpital pour s’adapter à cette nouvelle prise en charge.” Une offre adaptable Le service de cardiologie du CHU de Toulouse, qui utilise la solution depuis avril 2018 et a inclus environ 210 patients, a dû mettre en place une organisation spécifique. “Nous avons deux infirmiers qui se relaient, l’un pour le télésuivi – appel des patients si une alerte est générée – et l’autre pour l’éducation thérapeutique, ainsi que, tous les jours, un médecin cardiologue pour la prise en charge des patients suivis si besoin, détaille le Pr Michel Galinier, cardiologue et chef de service. L’infirmier trie les alertes – 1 sur 3 est fausse – et appelle le patient pour les alertes les plus simples. Si l’alerte est plus grave, il se met en lien avec le cardiologue qui prend une décision. Cela peut être une adaptation de posologie, une téléconsultation, une consultation à l’hôpital, voire une hospitalisation programmée.” Et pour les hôpitaux ne pouvant pas disposer des ressources humaines nécessaires ? “Notre offre, parce qu’elle dispose de profils infirmiers en complément de la technologie digitale, s’adapte à des configurations très différentes selon les services hospitaliers, observe Bénédicte Roquette. Des services sont déjà dotés de cellules d’éducation thérapeutique parfois très importantes et les infirmières prennent en charge l’accompagnement thérapeutique des patients en plus de la surveillance des alertes. D’autres ne disposent pas d’infirmiers chargés de l’éducation thérapeutique et font donc appel à nous pour cette dimension.” Dans le cadre d’Etapes, cinq infirmiers d’Air Liquide Healthcare sont dédiés à l’offre Chronic Care Connect (insuffisance cardiaque et diabète). Un intérêt réel Pour le Pr Galinier, l’intérêt d’une télésurveillance à domicile des patients est indéniable : “Les patients consultent trop tardivement. Ils ne reconnaissent pas bien les symptômes avant-coureurs qui apparaissent environ 15 jours avant une réhospitalisation. C’est ce qui m’a conduit à penser que la télésurveillance est une bonne chose si elle est associée à une éducation thérapeutique personnalisée qui pérennise la télésurveillance. La gestion des alertes permet également de réduire la surcharge des urgence”. L’épidémie de COVID-19 a aussi montré le bénéfice du dispositif notamment avec le déploiement des téléconsultatons. Aucun des patients du CHU de Toulouse, qui ont été télésuivis, n’a été en difficulté. “L’épidémie de COVID-19 et la crise sanitaire ont démontré que ces solutions de télésurveillance des patients sont suffisamment mûres pour être davantage développées”, remarque Bénédicte Roquette. Mais un déploiement plus important de telles solutions pose la question du financement. Dans le cadre d’Etapes, le cardiologue perçoit 110 € par patient et par semestre, l’infirmier qui assure l’accompagnement thérapeutique 60 €/patient/semestre et le fournisseur de la solution technique 300 €/patient/semestre. Ce qui peut être insuffisant. “Le business model est neutre pour les 100 premiers patients”, estime le Pr Galinier. Chez Air Liquide, on ne se prononce pas sur ce sujet, mais on indique cependant que ces forfaits devront peut-être être renégociés à la fin de l’expérimentation en fonction des coûts réels et du temps passé. Les chiffres-clés d’Air Liquide Healthcare Les comptes de la société étant consolidés, Air Liquide Healthcare ne donne pas de chiffres France. En 2019, le chiffre d’affaires d’Air Liquide Healthcare a atteint 3,7 milliards €, dont 49 % en santé à domicile, 33 % dans les gaz médicaux, équipements et services (hôpital et lieux de proximité) et 18 % en hygiène et ingrédients de spécialité. L’entreprise emploie 16 500 collaborateurs dans le monde qui prennent en charge 1 700 000 patients à domicile et servent plus de 15 000 hôpitaux et cliniques. La rédaction CardiovasculaireDispositif médicalMinistèreTélémédecineTélésurveillance Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Au 3e Conseil du numérique en santé, les avancées de la feuille de route du numérique en santé - action par action Plateformisation du parcours de soins Insuffisance respiratoire : Orkyn' renforce son offre de télésuivi Insuffisance cardiaque : les acteurs de la télésurveillance se positionnent enfin autour de l’expérimentation Etapes