Accueil > Industrie > Isabelle Vitali (Sanofi) : “L’innovation en santé digitale demande patience et résilience” Isabelle Vitali (Sanofi) : “L’innovation en santé digitale demande patience et résilience” Sanofi encourage une approche multidisciplinaire pour faire émerger des solutions numériques innovantes. En qualité de Global Head Digital Innovation, Isabelle Vitali travaille à la stratégie mondiale en matière d’innovation digitale du groupe et supervise son exécution. Son rôle est d’aller explorer les nouveaux usages et de projeter ce que pourrait être la santé numérique dans les dix à quinze prochaines années en tirant parti des technologies disruptives. Rencontre. Par Clarisse Treilles. Publié le 11 mars 2024 à 12h25 - Mis à jour le 12 mars 2024 à 12h29 Ressources Quel est votre périmètre d’activité ? Notre rôle est de répondre aux besoins futurs des patients et des professionnels de santé. Nous explorons de nouveaux usages au travers de nouvelles technologies et avec de nouveaux acteurs, telles que les start-up. Puisque nous sommes sur un sujet d’exploration, nous testons, mettons en place des preuves de concept ou des MVP (produit minimum viable, ndlr) et évaluons la valeur médicale, la valeur technologique et économique des solutions que nous développons. Dès lors que la valeur est démontrée, nous transférons ces solutions dans les équipes digitales ou les équipes business pour qu’elles soient déployées. Nous nous projetons dans 10 à 15 ans dans le futur, en employant des méthodes de “Foresight” (la prospective est une manière de préparer le futur à travers les actions du présent, ndlr), pour avoir une appréciation la plus juste possible de ce que pourrait être le futur et la prise en charge des patients. Pour ce faire, quand nous réalisons cet exercice de stratégie “Foresight”, nous travaillons énormément avec les professionnels de santé et les associations de patients. Nous essayons d’embarquer aussi beaucoup les jeunes, afin de les interroger sur la façon dont ils perçoivent la prise en charge de leur maladie avec les nouvelles technologies. Comment s’opère cette stratégie ? Notre façon de travailler se structure à travers trois piliers essentiels. Il y a le premier pilier intitulé, en anglais, “acceleration for patients”, dans lequel figure notamment notre outil de pré diagnostic accelRare (lancé officiellement fin février, ndlr). Il s’agit de s’interroger sur la manière dont les technologies permettent d’accélérer la mise à disposition des médicaments pour une meilleure prise en charge de la maladie pour les patients. Le deuxième axe s’intitule “NextGen engagement” (l’engagement nouvelle génération, ndlr). Il vise à se demander comment engager les nouvelles générations, et en particulier les nouvelles générations de médecins, sur une approche qui s’appuie en partie sur les nouvelles technologies. Pour ce faire, nous nous intéressons aux réseaux sociaux et aux expériences immersives, comme le métavers et le web 3.0. Enfin, le troisième pilier traite des écosystèmes. Nous sommes convaincus que pour réussir il faut savoir s’allier à d’autres acteurs. Si nous avons un produit phare aujourd’hui dans cette stratégie tournée vers les écosystèmes, c’est bien sûr Future4Care. Cela montre notre volonté d’ accélérer le sujet de la santé digitale en France et en Europe. L’intelligence artificielle et l’IA générative traversent ces trois axes. Nous essayons d’explorer de nouveaux usages pour arriver à déployer à grande échelle. CapGemini, Generali, Orange et Sanofi créent un accélérateur commun de start-up e-santé Quel est le montant des investissements consacrés à l’innovation digitale chez Sanofi ? Où sont-ils dirigés ? Le budget est très variable et toujours connecté au pôle digital et aux besoins des BU, puisque nous nous inscrivons dans la stratégie digitale qui est de diminuer par deux la recherche et l’accès pour le patient et le professionnel de santé aux médicaments. Les équipes business sont aussi contributrices sur les projets. La question que nous avons en tête est toujours la suivante : qu’est ce que nous identifions comme opportunité qui vaut la peine d’être explorée ? En d’autres termes, nous réfléchissons surtout à l’usage. En déterminant quels sont nos besoins, nous réfléchissons à la meilleure manière d’atteindre notre objectif. Fin février, Sanofi a lancé l’outil de pré diagnostic accelRare pour les maladies rares, avec la start-up MIS, après plus de deux ans de développement. Comment l’élaboration de cette solution reflète-t-elle votre façon de travailler ? L’innovation en santé digitale demande beaucoup de patience et de résilience. Cette idée de lancer accelRare avait commencé à germer dans le cadre du programme UniR il y a quelques années, qui avait réuni des centres experts, des professionnels de santé, des associations de patients et des start-up. L’objectif était de se demander quelles technologies pouvaient éventuellement contribuer à réduire l’errance diagnostique. Quinze besoins ont été identifiés, qui se sont traduits en solutions digitales. Nous avons mené ce travail collectivement. Le sujet de la régulation et de l’éthique nous ont beaucoup animées dès le démarrage. Une étude réalisée récemment par Sanofi avec l’Ifop a permis de mesurer l’attrait des médecins et de la population pour l’intelligence artificielle dans le diagnostic des maladies rares. Que vous inspire ce type d’initiative ? Cela participe de la même façon de travailler. Nous voulons être sûrs de s’inscrire dans une démarche qui a du sens pour l’écosystème. C’est important d’avoir une bonne compréhension de l’appréhension de ce type d’outil et des résultats qu’il peut engendrer. Les résultats de cette enquête sont rassurants. Nous y sommes très attentifs, et cela nous pousse davantage à fournir des outils dont la valeur médicale et éthique ont pu être démontrées. Nous allons probablement réaliser d’autres études une fois que l’outil accelRare sera mis à la disposition des professionnels de santé. Nous suivrons son niveau d’utilisation, les impacts qualitatifs et quantitatifs pour l’ensemble des parties prenantes. Ce qui va aussi nous intéresser, une fois qu’il sera lancé à l’étranger, ce sont les différents circuits de prise en charge qu’il faudra adapter. Sanofi a lancé son accélérateur digital en 2022. Comment est-il connecté à votre pôle d’expertise ? Cet accélérateur est le projet des équipes digitales de Sanofi qui travaillent au développement de solutions. C’est très important de pouvoir travailler avec eux. Lorsque nous disposons d’une solution qui vient d’être développée et dont la valeur est prouvée, nous la transférons dans l’accélérateur digital, qui s’occupe ensuite du déploiement de ces solutions. Comment Sanofi appréhende l’intelligence artificielle générative ? Avez-vous quelques exemples de cas d’usage intéressants à suivre ? Bien sûr nous nous y intéressons. Nous usons toujours de la même démarche. Nous nous demandons dans un premier temps quels sont les usages nouveaux que l’on veut adresser et qui ont du sens pour les patients et les professionnels de santé, puis si l’IA générative peut répondre à ces nouveaux usages. Enfin, nous nous interrogeons sur la manière d’utiliser l’IA générative de la façon la plus impactante possible en tenant compte des aspects éthiques et légaux. Dans mon équipe, nous sommes en train de développer une plateforme pour une meilleure compréhension des informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Nous avons vu à quel point cela avait eu des impacts au moment du Covid, produisant à la fois le meilleur et le pire. Qu’est ce qui se dit sur les réseaux sociaux à propos d’une maladie ou d’une prise en charge ? L’IA générative pourrait permettre d’aller résumer toutes ces données qui seraient collectées. Cela serait très utile et nous ferait gagner beaucoup de temps. L’IA générative est aussi testée dans beaucoup d’autres aspects de l’entreprise, à toutes les étapes de la chaîne de valeur du médicament, de la recherche en passant par le développement et jusqu’à l’accompagnement des traitements. Parcours professionnel d’Isabelle Vitali Chez Sanofi : November 2016 – Octobre 2019 : Innovation & Business Excellence DirectorOctobre 2019 – Novembre 2020 : Head of Commercial Digital Innovation CenterDepuis novembre 2020 : Global Head Digital Innovation Chez Roche : Novembre 2007 – janvier 2012 : Operations Director Oncology HematologyNovembre 2011 – août 2014 : New Therapeutic Areas Marketing DirectorAoût 2014 – octobre 2019 : Innovation and Alliances Director Janvier 2001 – juin 2007 : Sales Director in Cardiology/Rhumatology Business Units, chez Merck Sharp & Dohme Clarisse Treilles applicationIntelligence ArtificielleOutils numériquesSanofitélésanté Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind