Accueil > Financement et politiques publiques > Financement des biotech françaises : vers une sortie de crise ? Financement des biotech françaises : vers une sortie de crise ? En mal de liquidités en 2022 et 2023, les biotech françaises réussissent depuis quelques mois à trouver de nouveaux investisseurs, notamment grâce aux accords de licensing. Cédric Garcia, Partner chez EY, fait le point sur les tendances actuelles en matière de financement des biotech. Par Romain Bonfillon. Publié le 04 juin 2024 à 22h35 - Mis à jour le 08 octobre 2024 à 11h24 Ressources Après les années fastes de la période pandémique, les biotech ont connu, à l’échelle mondiale, une brutale contraction de leurs financements, sous l’effet combiné de la remontée des taux d’intérêt, de l’inflation et d’une situation économique mondiale très incertaine. Les retours optimistes de la dernière conférence JP Morgan et les annonces, ces derniers mois, d’accords commerciaux de plusieurs dizaines, voire centaines de millions d’euros, témoignent cependant d’un regain de dynamisme des biotech françaises. TENDANCES 2024 – Financements : le retour à la raison L’essor du licensing Plus que le rachat, l’investissement dans une société au travers d’accords de licensing (qui permettent pour une entreprise de se faire financer en accordant à un tiers le droit exclusif de co-développer et/ou exploiter et/ou commercialiser sa technologie/molécule sans pour autant en céder la propriété) semble avoir, depuis quelques mois, la faveur des big pharmas. “Pour 2023 et 2024, les plus gros financements ont été faits par ce canal-là”, observe Cédric Garcia. Ainsi, Cellectis et AstraZeneca fin 2023, Nanobiotix et Janssen, Genfit et Ipsen (2024 marque la mise sur le marché par Ipsen de la molécule phare de Genfit, qui doit récolter cette année les premiers fruits – environ 90 M€ – d’un accord de licence signé en 2021) ou encore TreeFrog Therapeutics et Vertex Parmaceuticals très récemment. Ces accords de partenariat, couplés à de l’equity, permettent aux biotech en difficulté de trésorerie d’obtenir des fonds de manière non dilutive. Pour le partenaire industriel, ce mode hybride de financement “permet aussi de sécuriser le contrat de partenariat. Si ce contrat se passe bien, le partenaire pourra acheter la société mais n’aura pas pris 100 % du risque de développement”, explique Cédric Garcia, faisant remarquer que ces contrats se font généralement sur des montants plus faibles que les M&A (le projet de rachat d’Amolyt Pharma par AstraZeneca, officialisé en mars dernier, s’élève à 1 Md € et fait figure d’exception dans le secteur atone des fusions/acquisitions). Des financements encore difficiles en série A et B “Si les biotech tricolores trouvent le moyen de se faire financer à leur stade de démarrage et lorsqu’elles sont à des phases avancées de développement, généralement par des fonds français importants comme Andera, Kurma, Jeito ou Sofinnova, capables d’injecter de grosses sommes, les financements lors des phases intermédiaires, les séries A ou B, se raréfient. Il faut en effet avoir de nouveaux investisseurs pour faire ces tours de table et, étant donné l’état du marché, les fonds préfèrent réinvestir sur des start-up de leur portefeuille”, analyse Cédric Garcia. Échecs cliniques : la roue tourne ? “La France est le deuxième marché mondial en termes de biotech cotées après les Etats-Unis : nous en avons beaucoup, mais nous avons aussi connu beaucoup d’échecs technologiques”, relève Cédric Garcia, citant le cas de NicOx, DBV, Acticor, Genfit… des “flagship français” qui ont dû abandonner et modifier le développement d’une molécule faute de résultat clinique positif. Peu de success story donc, du côté des biotech françaises, ce qui justifie la faible rotation des actifs. “Le schéma consistant à créer une société pour la revendre très cher à une big pharma est une rareté en France, sur ces 20 dernières années, ce qui explique qu’il reste beaucoup de biotech anciennes dans notre pays” constate Cédric Garcia qui veut croire en un “changement de paradigme” après le rachat de Mablink Bioscience par Eli Lilly, celui d’Amolyt Pharma par AstraZeneca, les bons résultats de la phase III de l’essai clinique de Medincell et l’accord de licensing qu’a signé cette biotech française avec le laboratoire Abbvie. “Il y a un an, nous étions plus défaitiste, mais ça a changé. Des biotech françaises ont été bien financées et on se demande même si elles vont pouvoir s’introduire directement sur le NASDAQ, ce qui serait inédit”, conclut-il. Les prochains mois confirmeront peut-être ce renversement de tendance. Romain Bonfillon acquisitionbiotechBiotechsFonds d'investissementFusionIPOLaboratoiresLevée de fondsPartenariat Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind