Qubit Pharmaceuticals collabore avec AWS pour ses travaux sur l’ARN

Amazon Web Services (AWS) a annoncé le 14 février dernier avoir sélectionné Qubit Pharmaceuticals, Yseop et l’Institut Pasteur pour intégrer son programme “Pioneer Project” en Europe. Pour Qubit Pharmaceuticals, l’accès à ces ressources de calcul rares lui permettent de faire un bond dans ses expérimentations.

“Si nous avons pu lancer notre entreprise, c’est grâce à l’accès à ce type de technologie. Les calculs haute performance sont nécessaires pour faire tourner nos simulations”, a indiqué Marion Pierfitte, directrice générale de Qubit Pharmaceuticals, à mind Health. “Par la suite, nous avons acheté notre propre supercalculateur, qui nous permet d’effectuer une grande partie de nos calculs. Nous continuons toutefois d’utiliser AWS pour plus de flexibilité et pour accéder aux dernières machines, y compris dans le quantique” poursuit-elle.

Ainsi, le premier test d’Hyperion-1 [l’émulateur quantique de Qubit, ndlr] que l’équipe de Qubit Pharmaceuticals a réalisé sur une machine quantique a été fait via le service Amazon Braket. “C’est très important pour nous, étant donné qu’il n’existe pas beaucoup d’ordinateurs et que les listes d’attentes sont longues avant de tester ce type de technologie et d’infrastructure” précise Marion Pierfitte.

Un travail de précision

Les recherches de Qubit Pharmaceuticals sur l’ARN reposent sur la précision. “La physique et la chimie quantique nous apportent de la précision qui nous permet de simuler le comportement de cibles complexes avec des petites molécules”, note Marion Pierfitte. L’ARN est “la cible complexe par excellence”, pour laquelle il n’existe que “très peu de données expérimentales disponibles pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle”.

AWS souhaite proposer un accompagnement “à géométrie variable”, pour “aider les chercheurs à se concentrer au maximum sur la recherche et non sur des détails techniques, pour qu’il y ait le moins de friction possible”, explique Stephan Hadinger, Head of technology AWS France, à mind Health. 

L’Europe, un marché d’intérêt pour AWS

Dans l’écosystème de l’IA et du quantique, Stephan Hadinger témoigne d’une “effervescence” sur le marché européen, porté par “un niveau d’excellence dans la recherche et les mathématiques”. “Pour nous, dit-il, c’est important de mettre ces outils du côté des structures innovantes pour accélérer la recherche et valoriser leurs idées”. Dans une compétition à l’échelle mondiale, Amazon mène outre-Atlantique ses propres recherches dans le quantique. Le groupe a annoncé fin février sa première puce prototype d’ordinateur quantique baptisée Ocelot, développée par le Centre de Calcul Quantique AWS à Pasadena (Californie). AWS a précisé dans un communiqué que “la puce utilise une architecture évolutive permettant de réduire la correction d’erreurs jusqu’à 90%”.

En Europe, AWS ambitionne de faire du “cloud souverain” un axe stratégique, avec l’implantation de sa première offre européenne de cloud souverain en Allemagne d’ici la fin de l’année. Cette offre vise “l’autonomie opérationnelle sans dépendre de facteurs extra européens” a précisé Stephan Hadinger à mind Health. “Ce sont les mêmes technologies que nos clients utilisent ailleurs dans le monde, la principale différence étant que cette nouvelle infrastructure n’est pas connectée aux États-Unis et que l’intégralité des ressources techniques et humaines qui opèrent cette région sont situées au sein de l’Union européenne”. AWS n’a pas encore de calendrier pour la France. “Soit nous ouvrirons d’autres régions avec des montants d’investissement similaires à l’Allemagne [à savoir 7,8 milliards d’euros, ndlr], soit nous créerons des local zones avec des investissements plus petits, qui seront des extensions [de ces marchés] à d’autres pays” a détaillé Stephan Hadinger. “Nous sommes à l’écoute du marché pour définir avec nos clients la feuille de route d’extension au-delà de cette première région”.

L’offre de cloud souverain d’AWS est une réponse au nouveau référentiel HDS (hébergeurs de données de santé) en Europe. “L’expansion économique européenne serait plus simple si on avait une uniformité de réglementation en Europe sur la sécurité. C’était la promesse de l’EUCS [le projet de certification européenne pour les services de cloud, ndlr] qui pour l’instant n’est toujours pas voté, donc il faut composer avec. En France, le SecNumCloud reste un sujet sur lequel nous travaillons” assure Stephan Hadinger.