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Accueil > Industrie > RI2S : les défis de la silver économie dans un territoire isolé

RI2S : les défis de la silver économie dans un territoire isolé

Le tiers-lieu RI2S (Rural Innov Santé Sénior), installé dans le Tarn Sud, expérimente des projets numériques à destination des seniors en milieu rural. Ce département à la population vieillissante est aussi en proie à la désertification médicale. Le Dr Marie-Noëlle Cufi, gériatre au CHIC Castres Mazamet et cofondatrice de RI2S, et Sarah Saliou, coordinatrice du tiers-lieu, font le point sur la stratégie de RI2S visant à renforcer le lien ville-hôpital et anticiper les risques d’hospitalisation.

Par Clarisse Treilles. Publié le 25 mars 2025 à 22h32 - Mis à jour le 25 mars 2025 à 15h46
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Quel constat dressez-vous de la situation démographique dans le Tarn Sud ?

Dr Marie-Noëlle Cufi, gériatre

Dr. Marie-Noëlle Cufi. L’endroit où je travaille est un endroit très vieillissant, avec un indice de vieillissement de 1,25 [le rapport de la population des 65 ans et plus sur celle des moins de 20 ans, ndlr] par rapport à la situation nationale. Il y a beaucoup de précarité et des problématiques d’accès aux soins propres au milieu rural. C’est aussi un territoire enclavé, entouré par des zones montagneuses (cf. encadré sur la géographie du Tarn). 

Il y a quelques années, un territoire entier des Monts de Lacaune avait été privé de médecin pendant plusieurs mois. 

Il y a une Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) qui couvre l’intégralité de notre notre bassin de santé, c’est à dire qu’il n’y a qu’un seul interlocuteur pour les soins de premier recours et pour le libéral. C’est ainsi très commode. 

Comment est né le Tiers-Lieu d’Expérimentation RI2S ? Quelle est votre implication dans ce projet ?

M-N C. Je suis impliquée à la source du projet RI2S. Avec les partenaires locaux du consortium (cf. encadré sur les chiffres clés), nous avions déjà fait des expérimentations et étions déjà lauréats d’appels à projets d’ampleur régionale par le passé. Nous nous sommes demandés en quoi le numérique pouvait nous aider à réduire les distances géographiques et permettre de structurer les filières. Nous souhaitons également améliorer le lien ville-hôpital pour perdre moins de temps et partager les informations avec plus de pertinence et moins de redondance. Nous nous posions déjà toutes ces questions depuis plusieurs années avant de proposer ce projet de tiers-lieu sur le numérique en santé. Le Gérontopôle-CHU de Toulouse, qui a rejoint le consortium, nous a ensuite apporté sa caution scientifique et de recherche. 

Quelle population senior visez-vous exactement ?

M-N C. Nous ciblons les personnes âgées de 75 ans et plus, vivant dans le Tarn Sud, dans un territoire essentiellement composé de montagne et de plaine. C’est la même tranche d’âge que celle comprise dans la discipline gériatrique. Nous nous autorisons toutefois des nuances au cas par cas. Nous sommes par exemple très impliqués dans le déploiement du programme ICOPE [programme national de prévention de la perte d’autonomie axé sur le dépistage multidimensionnel du déclin fonctionnel lié à l’âge, ndlr], qui s’adresse aux personnes de plus de 60 ans. Ainsi, si nous travaillons sur le thème de la prévention très en amont ou sur des projets qui s’articulent avec le programme ICOPE, alors nous ne nous interdisons pas d’avancer l’âge. L’une des expérimentations que nous menons actuellement cible d’ailleurs une population de plus de 70 ans.

RI2S a été sélectionné dans le cadre d’un appel à projets national, avec un budget de fonctionnement couvrant les trois prochaines années. Quel est votre mode de fonctionnement aujourd’hui ? Quelles sont vos ambitions pour la suite ?

Sarah Saliou, coordinatrice de RI2S

Sarah Saliou. Deux premiers projets ont été sélectionnés en même temps que le tiers-lieux. Il s’agit de Telegrafik et de Présage. Nous avons désormais terminé le cadrage de ces expérimentations et allons commencer à inclure les patients.

Telegrafik, spécialisé dans les capteurs d’alerte à domicile, travaille avec le tiers-lieu au développement de signaux faibles prédictifs. Cela consiste à détecter des changements d’habitude de vie qui peuvent induire des fragilités. Nous avons mis en place un groupe de travail avec des gériatres et des infirmières qui a permis d’orienter plus finement les tests. Nous allons commencer à le déployer chez 100 personnes dans le Tarn Sud pour essayer de voir si les signaux sont pertinents et les améliorer au fil de l’eau. Présage se présente quant à lui sous la forme d’une application à destination des aidants et des professionnels. Les informations sont saisies toutes les semaines au travers d’un questionnaire relativement simple, qui ne nécessite pas de connaissances médicales pointues, pour prévenir des risques d’hospitalisation et signaler toute fragilité. Un algorithme d’IA calcule ces risques et établit des plans de prévention personnalisés. Si l’hospitalisation est inévitable, l’application permet de la programmer sans passer par les urgences. Nous allons déployer l’application chez plus de 200 personnes sur le territoire.

Nous avons commencé vendredi 14 mars dernier à sélectionner une seconde vague de projets. Deux ou trois projets seront sélectionnés par un jury pour être expérimentés au sein de RI2S. Dans le cadre de la suite de l’AAP national, la Banque des Territoires va refinancer un à deux projets par tiers-lieu, lors d’auditions qui se dérouleront mi-mai. Les projets qui ne seront pas subventionnés par la Banque des Territoires seront quand même expérimentés au sein de RI2S, mais devront être financés par les start-up elles-mêmes. Le tiers-lieu se charge de mettre à disposition des projets qu’elle suit un plan d’accompagnement et du temps médical, conformément à ses objectifs et ses missions.

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 RI2S agit-il aussi en tant que co-concepteur des projets qu’il soutient ?

M-N.C. Oui, il y a de la co-conception et du co-développement. RI2S apporte un terrain d’expérimentation qui permet aux porteurs de projet de tester et d’affiner leurs projets. Des groupes de travail sont montés avec les entreprises et les membres du consortium, ce qui permet d’intégrer des profils variés tels que les professionnels du médico-social, de l’hôpital et du libéral. Les outils auxquels nous avons pour l’instant choisi de venir en aide permettent d’améliorer l’accès aux soins et les mesures de prévention, dans une prise en charge coordonnée entre la ville et l’hôpital. 

Le fait que la CPTS couvre l’entièreté du territoire géographique en tant qu’interlocuteur unique permet de beaucoup simplifier les échanges.

S.S. Nous faisons en sorte de nous adapter aux besoins des entreprises que nous accompagnons sur le territoire. Elles sont demandeuses de réseau car les expérimentations nécessitent d’aller voir les structures, et le relais du RI2S, dans ce sens, est incontournable.

Telegrafik a sollicité notre expertise médicale pour les accompagner dans le développement de nouveaux algorithmes, en les aidant à définir les paramètres à mesurer. Présage, qui est déjà certifié dispositif médical, a moins besoin de conseil technologique mais cherche des recommandations sur la manière de déployer son outil sur un territoire rural tel que le Tarn Sud. La gestion des alertes n’est pas la même à Paris que dans le Tarn Sud. Il faut savoir précisément à qui l’envoyer et comment les gérer pour servir efficacement la population.

Avez-vous profité de ce récent appel à projets pour affiner les thématiques que vous souhaitez explorer ?

S.S. Nous avons fait passer un questionnaire pour faire remonter les besoins du territoire. Cela donne quelques indications aux start-up qui postulent, même si notre tiers-lieu est ouvert à toutes les solutions à destination des seniors en milieu rural. Nous allons lancer un autre appel à projets au second semestre 2025, sans date précise pour le moment. Idéalement, nous aimerions organiser deux AAP par an. 

Comment adressez-vous la question du financement ? Qui sont les potentiels payeurs des solutions numériques pour les seniors ?

M-N.C. Si les usagers ou les aidants sont souvent la cible de ce type de solutions, dans un territoire comme le nôtre où la retraite moyenne des femmes est basse (sous le seuil des 1000 euros) et où l’illectronisme est élevé sur cette tranche d’âge, le problème du financement est complexe. 

Parmi les payeurs potentiels, les mutuelles dans le domaine de la prévention et de l’accès aux soins peuvent être intéressées, ainsi que la CPAM, les conseils départementaux [par le biais de l’allocation personnalisée d’autonomie à domicile, ndlr] et les caisses de retraite notamment. Tous ces organismes concourent d’une manière ou d’une autre à préserver l’indépendance des personnes âgées et à aider leurs bénéficiaires à vieillir le plus longtemps possible en bonne santé. Les ARS aussi peuvent être amenées à financer des projets, si nous parvenons à démontrer qu’un outil améliore le parcours de santé.

Les start-up que nous soutenons doivent au préalable avoir réfléchi à un plan de financement. C’est un prérequis avant d’examiner les candidatures. 

S.S. Pour l’instant, les projets que nous expérimentons sont déjà matures d’un point de vue économique et commercial. Les principaux clients de Telegrafik sont les CRT (centres de ressource territoriaux), tandis que Présage déploie des projets avec des structures du médico-social ou des acteurs institutionnels ou territoriaux (ARS, collectivités…). Nous n’excluons pas, à l’avenir, d’accompagner des start-up qui sont moins bien structurées financièrement, mais cela demanderait de mettre en place un soutien spécifique avec des partenaires de type Eurobiomed, la Technopôle Castres-Mazamet ou Toulouse Tech Transfert qui pourrait les accompagner sur la partie économique.

L’essor de la téléconsultation et la télémédecine est-il pertinent en zone rurale ?

M-N.C. Tout dépend du profil des patients. Je pense que ce type de service fonctionne bien pour un patient jeune qui a besoin de consulter à distance un médecin pour une angine. En ce qui concerne le suivi de pathologies chroniques, le fait d’avoir un interlocuteur lointain et changeant peut poser problème si le recours à la téléconsultation devient fréquent. En revanche, pour les patients de plus de 75 ans, comorbides, polypathologiques et qui prennent plusieurs médicaments, la téléconsultation n’est pas une option souhaitable. Je pense que le déploiement de nouveaux métiers, tel que les infirmier(ère)s en pratique avancée (IPA), est plus adapté à ce type de population pour graduer les soins.

Nous disposons bien de cabines dans les pharmacies sur le territoire, mais les pharmaciens s’inquiètent de la responsabilité en cas de problème. Vers qui sont orientés les patients en cas d’alerte ? Le chaînage n’est pas construit pour l’instant. Si nous voulons être cohérent et donner un accès aux soins convenables, il faut inclure ces systèmes dans un parcours avec du programmé et du non programmé. 

Les outils peuvent être formidables. Pour moi, l’enjeu du numérique en santé est avant tout une question d’appropriation. Il faut réfléchir à la manière de construire les parcours et les nouvelles prises en charge avec cette aide. Utiliser un outil, aussi performant soit-il, doit être bénéfique pour l’usager et entrer dans un parcours cohérent sans perte de chance.

S.S. Cela rejoint les ambitions que porte RI2S. Nous mettons notamment en place une plateforme de coordination avec des infirmières pour faire le relais, trier les alertes et faire une première évaluation du stade d’urgence. Nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur ce travail.

La géographie du Tarn : Le Tarn est un département principalement rural. Albi (49 700 habitants) et Castres (42 700 habitants) sont les deux principales communes du département. Au 1er janvier 2024, 398 800 personnes habitent dans le Tarn, cinquième département le plus peuplé d’Occitanie.La population a augmenté de 0,7 % par an en moyenne entre 2000 et 2015, soit 2 700 habitants supplémentaires chaque année. Tout le département ne profite pas de cet essor démographique. Les territoires montagneux du Sidobre au nord-est de Castres ainsi que les monts de Lacaune et la Montagne noire au sud de Mazamet continuent de perdre des habitants. Au total, la population du Tarn est relativement âgée. Ainsi, 26 % des Tarnais ont 65 ans ou plus contre 20 % en France métropolitaine. La population est plus âgée au sud et à l’est du département. Selon les dernières projections de population, plus d’un habitant sur trois serait âgé de 65 ans ou plus en 2070. 

Désert médical : L’équipement en établissements d’hébergement est dans la moyenne nationale (145 places en Ehpad pour 1 000 personnes âgées de 75 ans ou plus contre 143 en France métropolitaine en 2019). Le département compte 138 médecins généralistes pour 100 000 habitants contre 147 en moyenne en France. Les médecins spécialistes sont encore moins nombreux qu’en moyenne nationale (149 médecins spécialistes pour 100 000 habitants contre 194 en moyenne en France métropolitaine). 
(Source : Insee, 2024)

Carte du Tarn (crédit : RI2S)

RI2S : les chiffres clés

  • RI2S est lauréat en janvier 2024 de la deuxième vague de l’appel à projets Tiers-Lieux d’Expérimentation dans le cadre du programme France 2030 et de la stratégie d’accélération “Santé Numérique”.
  • Le projet est porté par le CHIC Castres-Mazamet, établissement pivot du territoire
  • Consortium : CPTS Sud-Tarn, EHPAD Agir, École ISIS, Gérontopôle-CHU de Toulouse
  • Budget total du Tiers-Lieu : Un peu plus de 2 M€, dont 993 362 € de financement obtenu par la Banque des Territoires (le reste est de l’autofinancement par les membres du consortium).
  • PRESAGE : 148 472 € dont 74 000 € financés par la Banque des Territoires
  • TELEGRAFIK : 237 585 € dont 118 792 € financés par la Banque des Territoires
Clarisse Treilles
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