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Accueil > Industrie > DTx Accélération : déployer des thérapies numériques dédiées à l’obésité en France

DTx Accélération : déployer des thérapies numériques dédiées à l’obésité en France

En janvier dernier, la filiale française de Novo Nordisk s’est associée au start-up studio Agora Health et à AppThera, la plateforme facilitant la sélection et la prescription de thérapies numériques (DTx), pour lancer un programme d’accélération dédié aux DTx améliorant la prise en charge de l’obésité. Nicolas Cristol, vice-président Stratégie Marketing Cardiométabolique de Novo Nordisk France, et Stéphane Tholander, cofondateur d’Agora Health et co-CEO d’AppThera, détaillent à mind Health les ambitions du programme.

Par Coralie Baumard. Publié le 14 octobre 2025 à 22h00 - Mis à jour le 15 octobre 2025 à 17h11
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Le 15 avril, Novo Nordisk France, le start-up studio Agora Health et AppThera, la plateforme dédiée aux professionnels de santé recensant les thérapies numériques (DTx), ont dévoilé le nom des trois sociétés rejoignant leur programme d’accélération gratuit consacré aux DTx visant à améliorer la prise en charge de l’obésité. Les entreprises lauréates sont la britannique DDM Health (Gro Health W8Buddy), l’islandaise SideKick Health (Zanadio) et la norvégienne Lifeness (Wellapy). SideKick a racheté en octobre 2023 la solution de thérapie numérique allemande Zanadio. Cette dernière est incluse dans le DiGA, le système allemand de remboursement des DTx, depuis octobre 2020. “Nous avons reçu 22 candidatures dont la moitié émanait d’entreprises françaises. Le reste des postulants était constitué d’entreprises étrangères, européennes, américaines et même indiennes”, indique Stéphane Tholander, cofondateur d’Agora Health et co-CEO d’AppThera. 

Après une sélection sur dossier, une dizaine d’entreprises a été invitée à pitcher devant le comité de sélection composé d’experts métiers de Novo Nordisk et d’Agora Health. “Le comité s’est appuyé sur une grille d’analyse prenant en compte le parcours réglementaire, l’état d’avancement clinique, le modèle économique ainsi que la qualité, la sécurité et l’usage des applications, précise Stéphane Tholander. Le choix s’est porté sur trois entreprises européennes bénéficiant du marquage CE, avec des essais cliniques en cours ou des preuves préliminaires obtenues via des essais randomisés contrôlés. Leurs solutions sont déjà déployées dans leurs pays d’origine et elles ont élaboré un plan d’action pour intégrer le marché français incluant le parcours  prise en charge anticipée numérique (PECAN) et liste des produits et prestations remboursables (LPP) par l’Assurance Maladie.” 

Un manque de solutions sur le marché français

Stéphane Tholander, cofondateur d’Agora Health et co-CEO d’AppThera

“Dans les enquêtes menées auprès des médecins utilisateurs d’AppThera, la pathologie la plus demandée était l’obésité. Cela correspond à ce que l’on observe en Allemagne où l’obésité représente 20% des prescriptions de DTx. La première application prescrite (Oviva Direkt) est liée à l’obésité ainsi que la troisième (Zanadio)”, détaille Stéphane Tholander. Selon le rapport 2024 de la GKV-Spitzenverband, l’Assurance maladie publique allemande, au total, 146 600 codes d’activation ont été délivrés pour l’application Oviva et 87 900 pour Zanadio.

“Nous avons eu l’idée de créer l’accélérateur avec Novo Nordisk car il n’y avait pas de DTx dédiée sur le marché français”, souligne Stéphane Tholander. Si pour améliorer la prise en charge des patients, le laboratoire s’est auparavant concentré sur les capteurs connectés, comme en témoigne le rachat de Biocorp en 2023, les DTx constituent désormais un axe de sa stratégie d’innovation. “En 2025, nous investiguons réellement les DTx, car nous considérons qu’elles vont transformer l’écosystème, juge Nicolas Cristol, vice-président Stratégie Marketing Cardiométabolique de Novo Nordisk France. Si l’Angleterre et l’Allemagne ont un temps d’avance, il n’y pas de raison que la France ne rattrape pas son retard, c’est pour cela que nous souhaitons participer à l’éclosion des thérapies numériques sur le marché français.” 

L’obésité, une pathologie en progression en France

  • 18,1 % des adultes, soit près de 10 millions de personnes, sont en situation d’obésité en France en 2024. 
  • 17,9 % des adultes résidant dans l’Hexagone sont touchés par l’obésité, contre 22,4 % des habitants ultramarins. 
  • La prévalence de l’obésité a doublé entre 1997 et 2024
  • Plusieurs comorbidités sont liées à l’obésité comme l’hypertension artérielle (HTA) et le diabète. L’HTA touche 36% des personnes en situation d’obésité contre 22% dans la population totale. 
  • D’après le rapport d’Asterès, le coût total de l’obésité en France s’élève à 12,7 Mds€ en 2024.

(Sources : Etude OFEO, Ligue nationale contre l’obésité. L’obésité en France, Asterès.

Un levier pour optimiser les résultats thérapeutiques

Nicolas Cristol, vice-président Stratégie Marketing Cardiométabolique de Novo Nordisk France

D’après Nicolas Cristol, les DTx s’adaptent parfaitement au caractère multifactoriel des maladies chroniques. “Dans les maladies chroniques, il faut sortir de l’idée qu’un médicament seul va tout résoudre. Une prise en charge globale et holistique est nécessaire. Les DTx sont des leviers d’innovation pour accompagner le patient au-delà de la prise du médicament, estime-t-il. Elles facilitent l’éducation du patient, sa compréhension de la maladie et lui permettent de mieux gérer son parcours de soins. Or, dans les pathologies comme le diabète ou l’obésité, les changements de comportement concernant l’alimentation et l’activité physique sont essentiels pour optimiser les résultats thérapeutiques et les bénéfices en santé.” Selon le vice-président Stratégie Marketing Cardiométabolique de Novo Nordisk France, “elles constituent également un atout à l’heure où des tensions existent dans l’organisation médicale du territoire.”

Pour Novo Nordisk, précurseur sur le concurrentiel marché des médicaments antiobésité (analogues GLP-1), les thérapies numériques pourraient constituer un avantage stratégique pour se distinguer de son rival Eli Lilly. D’autant que comme le soulignait l’IQVIA Institute for Human Data Science dans son rapport “Digital Health Trends 2024: Implications for Research and Patient Care”, l’essor de ces médicaments a poussé les payeurs publics à approuver des programmes de soins numériques afin d’améliorer l’observance thérapeuthique et la modification de comportements des patients. Depuis octobre 2023, le NICE, l’organisation publique rattachée au ministère de la Santé britannique, a inclus Gro Health W8Buddy, la thérapie de DDM, dans sa liste de solutions numériques recommandées pour accompagner les patients en complément de la prise d’un traitement médicamenteux de contrôle de la prise de poids. Novo Nordisk France estime qu’il est encore trop tôt pour déterminer si DTx Accélération donnera lieu à des partenariats. 

Un accompagnement sur mesure

L’objectif de DTx Accélération est d’accompagner chaque entreprise de manière personnalisée en tenant compte de ses problématiques et de la maturité du projet. L’expertise de Novo Nordisk des parcours de soins en obésité combinée à celle d’AppThera sur la distribution des thérapies numériques permet aux lauréats d’être conseillés sur l’adaptation du produit au marché français, la stratégie clinique (positionnement de l’étude et revendications), le règlementaire (certification ANS, hébergement, etc.), le positionnement dans le parcours de soins, le déploiement. Cet accompagnement est également complété par une estimation budgétaire et temporelle du lancement sur le marché français.  Il doit prendre fin au début de l’année 2026. “ À la fin du programme d’accélération, les entreprises doivent avoir fait leur demande de prise en charge”, indique le cofondateur d’Agora Health et co-CEO d’AppThera. En parallèle des démarches pour obtenir le remboursement, les entreprises lauréates cherchent également à être identifiées par les professionnels de santé français. Wallaby, la DTx développée par la société norvégienne Lifeness, a ainsi intégré le 3 octobre l’annuaire d’AppThera. Pour Stéphane Tholander, “il est sain que plusieurs acteurs coexistent sur le marché au vu de l’importance du sujet. Chaque solution thérapeutique a ses spécificités, ainsi les médecins pourront choisir l’approche convenant le mieux à chacun de leurs patients.” 

Coralie Baumard
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