Accueil > Parcours de soins > Gestion de la data > Pierre-Yves Colin (Cedhys) : “Un des enjeux pour nous DSI est de sensibiliser les métiers aux risques pris” Pierre-Yves Colin (Cedhys) : “Un des enjeux pour nous DSI est de sensibiliser les métiers aux risques pris” L’association des directeurs des systèmes d’information (DSI) des entreprises des sciences de la vie approche des 40 ans d’existence. Pierre-Yves Colin, président du Cedhys et également CIO (chief information officer) du laboratoire de santé animal Vétoquinol, détaille les évolutions du métiers et les enjeux. Par Aurélie Dureuil. Publié le 30 mars 2018 à 9h12 - Mis à jour le 30 mars 2018 à 9h12 Ressources Le Cedhys a été créé en 1979 par IBM et Cégédim. Quel est votre positionnement aujourd’hui ? L’association a, en effet, été créée en 1979 par IBM et Cégédim qui ont longtemps été membres honoraires. Dans les années 2010, les statuts de l’association ont été revus pour la rendre complètement indépendante de tout éditeur ou société de services. Notre vocation est de rassembler les DSI du domaine des sciences de la vie et de favoriser l’échange entre professionnels confrontés à des problématiques similaires : industrielles, réglementaires ou informatiques. Nous avons également quelques membres issus de filières connexes comme la cosmétique. Aujourd’hui, nous comptons une cinquantaine de sociétés adhérentes au Cedhys. De manière générale, nous tenons cinq séminaires dans l’année. Chacun dure une journée et est centré sur une ou plusieurs thématiques. En 2018, un premier séminaire a déjà eu lieu sur l’évolution des ERP, le best of breed et les architectures alternatives. Tous les trois ans, nous organisons un voyage d’étude d’une semaine pour nos membres au cours duquel nous visitons des sociétés du monde de la pharma et de l’informatique. Nous avons notamment été en Israël et au Japon. Le prochain voyage d’étude aura lieu en janvier 2019 et combinera une visite du CES de Las Vegas avec des visites sur la côte ouest américaine. Quelles sont les évolutions de la fonction de DSI dans les laboratoires ? Pratiquement, l’informatique n’est stratégique pour aucun laboratoire aujourd’hui. Les organisations doivent cependant s’adapter pour faire face aux contraintes de l’environnement interne et externe, notamment les usages liés aux nouvelles technologies. Face à l’offre externe portée par le cloud et les éditeurs, la DSI a besoin d’être plus proactive vis-à-vis des métiers. Elle ne peut pas non plus ignorer les initiatives « digitales » s’appuyant sur le big data et l’intelligence artificielle, pour ne citer que ces technologies, qui si elles ne sont pas encore très développées dans notre secteur, tiendront un rôle de plus en plus important dans les années qui viennent. Le tout en continuant de faire évoluer des systèmes « legacy » comme l’ERP. Nous sommes globalement en retard en matière d’innovation informatique notamment en raison des contraintes réglementaires propres à notre filière et qui sont très lourdes en terme de “change control”. Constatez-vous une augmentation de la taille des équipes de la DSI et des budgets ? Il est difficile d’avoir un benchmark moyen sur la taille des équipes parmi les laboratoires membres du Cedhys, compte-tenu de la taille très variable de ceux-ci, ainsi que de leur stratégie de sous-traitance. Par ailleurs, le périmètre de responsabilité de nos membres DSI varie selon le laboratoire, sa gouvernance et le pays d’origine. Sur le plan des budgets, de manière générale, le ratio entre les coûts informatiques et le chiffre d’affaires est, dans notre filière, de l’ordre de 2,5 à 4 % en fonction de la taille du laboratoire. Le ratio augmentant avec le CA. La limite de cet indicateur repose sur les différences de ce que les entreprises considèrent comme relevant du budget informatique ou non. Dans mon entreprise comme dans plusieurs de notre association, je constate une augmentation du budget de 10 % ces dernières années. De plus en plus de solutions apparaissent et se succèdent sur le marché, diminuant d’autant les cycles de vie des solutions que nous mettons en oeuvre. Il est désormais rare d’avoir des solutions qui tiennent plus de 10 ans. Comment évolue le métier de DSI ? Les métiers de nos entreprises disposent désormais d’une offre SaaS pléthorique dans le cloud et activable en quelques clics. Ils n’ont plus besoin de la DSI pour expérimenter celles-ci et “faire leur marché”. Ils préfèrent les tester pendant quelques semaines puis venir nous voir pour les intégrer si celles-ci s’avèrent utiles. Notre environnement nous oblige à être plus proactifs. Notre métier va de plus en plus consister à intégrer des briques applicatives distinctes supportées par des technologies et des éditeurs différents et à gérer et recueillir et mettre en cohérence des données provenant de sources multiples. Nous devons être davantage des architectes et des intégrateurs du SI que des concepteurs ou des exploitants. Les laboratoires créent des postes de CDO (chief digital officer). Comment travaillez-vous avec eux ? Quelques entreprises des sciences de la vie ont effectivement créé des postes de CDO sans que cela ne soit une tendance générale de la filière. C’est potentiellement perturbateur pour une DSI car les CDO portent souvent une ambition élevée et amènent de nombreuses idées mais, généralement, ils n’ont pas de budget ad hoc qui reste à la DSI, d’où un conflit potentiel au niveau des ressources entre des projets très différents dans leur nature et leur finalité. D’un autre côté, les DSI ayant fort à faire avec l’existant, ont du mal à être force de propositions. Un certain nombre de laboratoires ont fait le choix de nommer un CDO qui est également DSI ou de faire évoluer le DSI vers un poste de DSI-CDO. C’est une solution que nous voyons comme une nécessité in fine, les produits devant s’intégrer dans le SI et obéissant aux mêmes contraints que les autres applications. Ces fonctions doivent travailler main dans la main. D’un point de vue technologique, quelles sont les évolutions ? Un des enjeux repose sur l’évolution des ERP (enterprise resource planning, ndlr). Les solutions traditionnelles sont relativement peu user friendly, lourdes, souvent installées dans nos propres datacenters. Leur bilan est mitigé, car leur force est aussi leur faiblesse : il est difficile de les faire évoluer. Ils ne présentent plus vraiment de valeur ajoutée pour les métiers de nos laboratoires. Les laboratoires se tournent vers de nouveaux systèmes qui permettent de tirer le meilleur parti de la donnée. Ils évoluent vers des architectures avec des briques fonctionnelles. Dans nos entreprises, nous constatons également des besoins plus forts d’individualisation des solutions en fonction des profils, des usages, etc. allant presque jusqu’au poste de travail. Nous distinguons des besoins différents en fonction des métiers, notamment autour du marketing et des usines. De manière générale, il y a déjà profusion d’informations brutes générées par l’entreprise et que celle-ci pourrait exploiter pour créer de la valeur. Pierre-Yves Colin président du Cedhys Quels sont les évolutions des besoins pour le marketing ? Aujourd’hui, les métiers parlent beaucoup d’expérience clients et de l’ensemble des données que nous pouvons recueillir. Au delà du CRM, des données sont captées dans les interactions du client avec nos sites web, des applications mobiles, les réseaux sociaux… Ces données pourront ensuite être analysées et corrélées par des data scientists. Un des enjeux pour nous DSI est de sensibiliser les métiers aux risques pris, notamment en regard du RGPD. Il y a un travail d’éducation à mener auprès des métiers en général et des populations marketing en particulier, très friandes d’informations clients pour mieux segmenter et adresser commercialement les clients. Quels sont les enjeux pour la production ? Longtemps absente du débat digital, la production s’intéresse de plus en plus au phénomène. Le concept d’usine 4.0 est désormais populaire et suscite un engouement important chez les industriels. ll est d’autant plus intéressant que la plupart des usines disposent de nombreux systèmes automatisés produisant des données mais qui ne sortent pas de leur périmètre. Ces informations sont encore peu exploitées mais il y a vraiment beaucoup à faire dans une approche « big data ». L’intelligence artificielle va également permettre d’analyser, trier et déduire les informations pertinentes dans un temps relativement court voire en temps réel. De manière générale, il y a déjà profusion d’informations brutes générées par l’entreprise et que celle-ci pourrait exploiter pour créer de la valeur. Toutes ces évolutions concernent les données. Comment les DSI accompagnent cette tendance, avec notamment l’arrivée du RGPD ? La donnée est le nouvel or noir. L’explosion des device et autres systèmes qui permettent de récupérer de la donnée au plus près du client s’accompagne de la nécessité de sécuriser l’information et dans certains cas de l’anonymiser. Notre rôle au sein de la DSI est d’amener un peu d’ordre et, dans l’accompagnement du métier sur ses projets, de le sensibiliser et veiller au respect des contraintes auxquelles nous sommes soumis. A noter également que l’environnement externe (éditeurs) se structure pour proposer des solutions « RGPD compliant » et que ce sujet est devenu un atout marketing de nombreuses SSII, contribuant également à la prise de conscience de ce règlement. PIERRE-Yves Colin Depuis Juin 2017 : Président du Cedhys Depuis 2006 : CIO de Vetoquinol 2003 : Directeur de l’organisation et IT de Grosfillex 2000 : Directeur de l’organisation du groupe Roullier 1990 : Consultant puis manager chez KPMG 1988 : Ingénieur des Arts et métiers Aurélie Dureuil big datacloudDonnées de santéLaboratoiresOrganisations professionnellesRGPD Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind