Accueil > Industrie > Comment les laboratoires pharmaceutiques utilisent les applications mobiles pour se rapprocher des patients et des professionnels de santé Comment les laboratoires pharmaceutiques utilisent les applications mobiles pour se rapprocher des patients et des professionnels de santé Les smartphones et leurs applications mobiles sont devenues un élément essentiel dans la stratégie des laboratoires pharmaceutiques pour accompagner les patients, communiquer auprès des professionnels de santé et de leurs salariés, sensibiliser le grand public... mind Health a mis à jour sa base de données recensant plus de 230 applications mobiles proposées par près de 25 acteurs et en a étudié le public ciblé, la finalité, le nombre d’installations, etc. Par Aymeric Marolleau. Publié le 08 septembre 2020 à 17h20 - Mis à jour le 09 février 2021 à 10h29 Ressources 236, c’est le nombre d’applications mobiles publiées sur Google Play, le store du système d’exploitation Android, et destinées au marché français et international (voir méthodologie), par 24 laboratoires pharmaceutiques (une vingtaine de laboratoires pharmaceutiques parmi le top 25 mondial ainsi que quelques entreprises françaises hors classement). Ce qui fait une dizaine d’applications créées en moyenne par chacun. Pour mieux en comprendre l’importance de ces outils dans leurs stratégies numériques – accompagner les patients, communiquer auprès des professionnels de santé et de leurs salariés, sensibiliser le grand public, ou encore faciliter les essais cliniques -, mind Health a recensé, pour la deuxième année, les applications mobiles publiées en juillet 2020 (consultez ici la liste de tous ces services). Nos chiffres montrent notamment que les laboratoires ont des rapports très différents à ces services. Certains se reposent beaucoup sur eux, à l’instar de Roche, Novartis ou Servier (voir graphique). Data Consultez dans notre espace Data la liste des applications de laboratoires pharmaceutiques recensées par mind Health en juillet 2020. Les 20 applications de Novartis à la loupe Le laboratoire Novartis, qui a réalisé 49,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2019, est l’un de ceux qui proposent le plus d’applications mobiles. Nous avons inclus dans notre analyse les 12 décrites en anglais et les huit en français (voir méthodologie). “Nous sommes conscients que la mobilité est un enjeu clé dans la manière de faire notre métier, et des changements d’usage à l’oeuvre. Ces applications visent à améliorer la vie de nos collaborateurs, de nos patients et des professionnels, explique à mind Health Gaëlle Recoursé Richard, directrice de la transformation digitale de Novartis France. Lorsque nous souhaitons transmettre une information très générale sur un environnement pathologique – jamais sur nos produits – nous créons des sites web ; lorsqu’il s’agit de fournir un service très précis, une application est parfois préférable.” Ainsi, dans le domaine de l’ophtalmologie, à côté du site web grand public dmlainfo.fr Novartis a développé la suite d’application ViaOpta, destinées aux personnes malvoyantes et à leurs proches : ViaOpta Daily est un assistant personnel doté d’un logiciel de reconnaissance d’image et d’une technologie de text-to-speech, pour décrir le monde qui les entoure ; ViaOpta Nav est une application de navigation par guidage vocal ; ViaOpta Simulator simule plusieurs pathologies pour aider les utilisateurs à “comprendre l’univers visuel d’une personne souffrant de troubles de la vision”. Chacune de ces trois applications a été téléchargée plus de 10 000 fois sur le Google Play Store. “La transformation numérique de Novartis est au coeur de nos activités depuis deux ans, indique Gaëlle Recoursé Richard. La première étape a été d’évaluer ce qu’on a engagé. Nous avons lancé beaucoup d’applications auxquelles nous ne donnions pas toutes leurs chances. Il y avait par exemple des problèmes de mise à jour car nous n’avions pas anticipé toutes les étapes de leur cycle de vie. Nous avons établi des points d’étape pour mesurer le nombre de téléchargements, faisons une veille des notes attribuées sur les stores, des interactions sur les réseaux sociaux, pour être en permanence vigilants aux évaluations non optimales. Lorsque nous le pouvons, nous mesurons aussi les effets tangibles sur le parcours de soin, la qualité de vie des patients et leur prise en charge”. Nous avons établi des points d’étape pour mesurer le nombre de téléchargements, faisons une veille des notes attribuées sur les stores, des interactions sur les réseaux sociaux, pour être en permanence vigilants aux évaluations non optimales. Lorsque nous le pouvons, nous mesurons aussi les effets tangibles sur le parcours de soin, la qualité de vie des patients et leur prise en charge Gaëlle Recoursé Richard Directrice de la transformation digitale de Novartis France Novartis est également l’un de ceux qui couvrent le plus large éventail de finalités – une dizaine – grâce à ces logiciels, de l’aide au suivi de traitement et observance (urtiCARE, Mon traitement en un clic, etc.) à la communication auprès des patients (Sickle Cell Virtual Experience) en passant par l’aide au diagnostic (PsA Domain Explorer) et les essais cliniques (Ongoing Trials). Une trentaine d’applications téléchargées plus de 10 000 fois Rares sont les applications développées par des laboratoires destinées à être des succès de téléchargement. Seules une trentaine (environ 12 %) de celles de notre panel l’ont été plus de 10 000 fois sur Android, tandis qu’une sur quatre l’a été moins de 100 fois. Le plus grand succès est celui rencontré par Johnson & Johnson avec son application de sport 7 Minute Workout, téléchargée plus de 500 000 fois selon le décompte affiché par Android. Le laboratoire revendique 2,5 millions de téléchargement au total dans plus de 230 pays. Huit applications ont été téléchargées plus de 100 000 fois, dont Similac Baby Journal, d’Abbott, qui permet aux parents d’enregistrer les horaires de biberon, de sommeil et de change de leurs nourrissons, et de partager ces informations avec leurs proches et leur pédiatre. Les patients sont le premier public des applications À qui ces outils sont-ils destinés ? Environ un tiers d’entre eux s’adressent aux patients (voir graphique). Elles visent généralement à les aider à suivre un traitement, à l’instar de Daily Charge, de Gilead (téléchargée plus de 50 000 fois), décrite ainsi : “Daily Charge vous propose des articles éducatifs, des rappels de pilule et un suivi de résultats de laboratoire pour vous apporter un soutien dans votre vie quotidienne avec le HIV”. Elle ont aussi parfois pour objectif, dans une moindre mesure, de communiquer plus largement, auprès d’eux, autour d’une pathologie donnée. Pour sensibiliser les patients à la maladie veineuse, le laboratoire Servier a ainsi développé l’outil VeinScore (téléchargée plus de 1 000 fois), où ils peuvent “indiquer les signes et symptômes qui les concernent (douleurs, sensation de jambes lourdes, varices, oedèmes…)” pour obtenir une estimation de leur âge veineux. En cas d’âge veineux supérieur à leur âge réel, les patient ont “accès à des conseils d’hygiène de vie à appliquer et des informations relatives à la prise en charge éventuellement nécessaire”. Parmi les cinq laboratoires qui proposent plus de 15 applications, il existe toutefois quelques disparités. Novartis est ainsi celui qui s’adresse, proportionnellement, le plus aux patients (11 de ses 20 applications), Bayer celui qui s’y adresse le moins (trois applications sur 15). Un tiers des applications du groupe Allemand sont destinées au grand public. C’est par exemple le cas de son jeu mobile en réalité virtuelle Mosquito Quest, qui participe à la sensibilisation contre le virus Zika, ou de Radio Héros, un autre jeu mobile destiné à préparer les enfants de manière ludique à une radiologie. Servier est, proportionnellement, le laboratoire qui destine le plus ses logiciels aux professionnels de santé. Cardiological, qui comprend 10 animations autour du coeur et qui a été téléchargé plus de 50 000 fois, est ainsi un “outil éducatif destiné aux cardiologues, afin d’aider leurs patients à mieux comprendre leur pathologie”. Parmi les 66 applications de notre panel destinées aux professionnels de santé, nous pouvons également citer GSK Sambhavna, qui vise à renforcer le lien entre GSK et ses partenaires de distribution, en particulier les pharmaciens. Les laboratoires pharmaceutiques utilisent aussi parfois ces logiciels dans leurs relations avec leurs salariés. Easysite donne par exemple aux employés de Sanofi, qui compte 73 sites industriels dans 32 pays, “un accès direct aux ressources de leur site : numéros de téléphones utiles, transports, accès au site, services de proximité (…), salles de réunion…” La priorité : aider les patients à suivre leur traitement Outre le public ciblé, nous avons aussi cherché à comprendre la finalité des services mobiles proposés par les grands laboratoires. Une cinquantaine d’entre elles visent à aider les patients à suivre leur traitement dans des domaines comme le diabète, la dépression, l’oncologie ou encore la cardiologie. Outre Daily Charge (Gilead), déjà citée, c’est par exemple le cas de DiabetoPartner, de Merck Sharp & Dohme Corp (MSD) : “conçue en partenariat avec la Fédération Française des Diabétiques, DiabetoPartner est un service pour améliorer l’auto-suivi quotidien du diabète de type 2.” Pour réunir leurs salariés ou communiquer auprès des professionnels de santé, les laboratoires pharmaceutiques organisent de nombreux événements. Cette tendance se retrouve dans les applications qu’ils proposent : en juillet 2020, une quarantaine des applications de laboratoire de notre panel était dédiée à un événement (Johnson & Johnson Events, MSD Meetings, BMS Meetings, Bayer Meetings & Events…). Par ailleurs, une quinzaine d’applications visent à aider les professionnels de santé à poser un diagnostic ou à choisir un traitement. Index Hémato, de Roche, a par exemple été réalisée par deux spécialistes français pour leur offrir “une sélection de classifications et index pronostics des hémopathies malignes”. Pour sensibiliser le grand public de façon ludique, huit laboratoires ont développé au moins un jeu mobile. CIB, de LFB Biomédicaments, embarque les joueurs dans une visite du corps humain en réalité virtuelle pour apprendre à mieux connaître les facteurs de coagulation. Et Novartis propose par exemple de suivre le Professeur Fizzglobe dans son exploration du système nerveux central pour mieux comprendre la sclérose en plaque. “Il est essentiel d’adapter le média, le vecteur, l’application à son public, avec les moyens les plus efficaces”, explique Gaëlle Recoursé Richard (Novartis France). Méthodologie mind Health a recensé certaines des applications mobiles disponibles en juillet 2020 sur Google Play, le store du système d’exploitation Android (86,7 % de parts de marché des OS dans le monde en 2019, selon ZDnet), pour une vingtaine de laboratoires pharmaceutiques qui comptent parmi le top 25 mondial ainsi que quelques entreprises françaises hors classement. Nous n’avons pris en compte que les applications dont le titre et la description sont en français ou en anglais. Lorsque l’application est en français, mais clairement destinée à un autre marché que la France (Belgique ou Suisse par exemple), nous ne l’avons pas prise en compte. De même, lorsque l’application est en anglais mais clairement destinée à un pays en particulier, autre que les États-Unis (Australie, Hong Kong par exemple), nous ne l’avons pas prise en compte. Certains laboratoires ont aussi des activités hors santé humaine (vétérinaire par exemple, à l’instar de Bayer et Boehringer Ingelheim). Nous n’avons pris en compte que leurs applications concernant la santé humaine. Notre panel n’est pas exhaustif, puisque certains laboratoires peuvent avoir développé des applications uniquement pour iOS, le système d’exploitation d’Apple. De plus, nous avons consulté Google Play depuis la France. Certains laboratoires peuvent avoir restreint la visibilité de leurs applications à certains pays uniquement. En outre, ils peuvent avoir fait développer leurs applications par des prestataires tiers, plutôt que sous leur propre nom. Certaines de ces applications peuvent nous avoir échappé. En outre, le fait qu’une application soit disponible sur Google Play ne signifie pas qu’elles soit encore utilisée ou promue par le laboratoire qui l’a créée. Consultez ici la liste des applications identifiées. Pour toute remarque ou question, contactez-nous : datalab@mind.eu.com Aymeric Marolleau Application mobileLaboratoires Besoin d’informations complémentaires ? 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